LE PORT (France / La Réunion), 09 nov 2012 (AFP) - Les eaux des terres australes françaises recèlent deux trésors: la légine, poisson gras très prisé en Asie, et la langouste, que seule une poignée de bateaux est autorisée à pêcher, sous un contrôle drastique qui permet de préserver cette ressource extrêmement lucrative.
"La spécificité de notre pêche, c'est la gestion raisonnée, basée sur une collaboration entre les pêcheurs, les scientifiques et l'administration, contrairement à la métropole où les heurts sont fréquents entre ces trois acteurs", se félicite Thierry Clot, chef du service Pêche des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).
Ce fonctionnement a été instauré dès la création des zones économiques exclusives (ZEE), en 1976, avec l'embarquement obligatoire, sur les bateaux, de contrôleurs des pêches, salariés des TAAF, qui veillent au respect de la réglementation et accumulent des données scientifiques.
"C'est comme si vous rouliez avec un gendarme en passager pour vous rappeler la bonne conduite à suivre", explique Michel Albin, président du conseil d'administration de Cap Bourbon, l'un des six armements français détenteurs d'une licence de pêche.
"C'est contraignant mais ça porte ses fruits: le poisson est de bonne taille, il est présent et les bateaux rentrent de plus en plus tôt" de marées après avoir rempli leur quota, affirme Frédéric Stephan, capitaine de pêche sur le Cap Horn I, palangrier congélateur.
La quantité de poisson autorisée, appelée "total admissible de capture" (TAC), est fixée chaque année par le préfet administrateur supérieur des TAAF, après avis du Muséum d'histoire naturelle, qui suit de près l'évolution de la ressource halieutique, et des ministères de tutelle.
Ce TAC (5.800 tonnes) est ensuite réparti en quota pour chacun des sept navires, en fonction du rapport établi par le contrôleur et des précautions prises pour ne pas tuer trop d'oiseaux marins et pour limiter les "prises accessoires", ces poissons non ciblés qui ne seront pas exploités (raie, grenadier, antimore).
De fait, "la ressource est très bien gérée, alors qu'en métropole, ça a été du grand n'importe quoi", juge Georges Le Guilcher, capitaine du Mascareignes III. Ce Breton de 50 ans, qui pêchait le requin en mers d'Irlande et d'Angleterre, a dû vendre son bateau en 1997.
"Si on avait réglementé comme ici y'a 30 ans, y'aurait encore du poisson", renchérit M. Stephan, originaire de Pont l'Abbé (Finistère). "Si je discute avec un jeune marin, je lui dirais qu'il a de l'avenir avec la légine".
De fait, la légine des ZEE de Crozet et de Kerguelen est "le deuxième secteur exportateur de La Réunion, elle génère 300 emplois directs et plus de 1.000 emplois indirects", assure Thierry Clot.
Le chiffre d'affaires de la pêcherie se montait à 75 millions d'euros en 2011. La légine, vendue environ 12 euros le kg à la débarque, pèse pour 90%, la langouste 10%. Cette dernière, pêchée dans la ZEE des îles Saint-Paul et Amsterdam par un seul navire, est considérée par les gourmets comme la meilleure au monde, ce qui explique son prix, 20 à 30 euros le kilo (pour 400 tonnes autorisées) à la débarque.
Pour les TAAF aussi l'activité est rentable: elles ont perçu "5 millions d'euros par le biais de la redevance, ce qui en fait l'un des plus gros apports de son budget", souligne M. Clot.
Mais une telle manne a toujours attisé les convoitises. Les ZEE étaient pillées par des mafias espagnole et asiatique dans les années 1995-96 qui y pêchaient jusqu'à sept fois le TAC autorisé, rappelle Emmanuel Reuillard, directeur des Affaires internationales et de la Mer aux TAAF.
A partir de 1998, "la France a pris le taureau par les cornes", explique M. Clot: patrouilles de la Marine nationale, surveillance par satellite du Cross de la Réunion, collaboration avec la justice, accord de coopération avec l'Australie dont la ZEE des îles Heard et Mc Donald forment la plus grande frontière maritime de la France.
"Le dernier bateau arraisonné en 2004 a été confisqué et reconverti : c'est devenu le Malin, affecté à la surveillance", précise Emmanuel Reuillard, qui résume: "Pour une pêche verte, il faut des bateaux gris".
"La spécificité de notre pêche, c'est la gestion raisonnée, basée sur une collaboration entre les pêcheurs, les scientifiques et l'administration, contrairement à la métropole où les heurts sont fréquents entre ces trois acteurs", se félicite Thierry Clot, chef du service Pêche des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).
Ce fonctionnement a été instauré dès la création des zones économiques exclusives (ZEE), en 1976, avec l'embarquement obligatoire, sur les bateaux, de contrôleurs des pêches, salariés des TAAF, qui veillent au respect de la réglementation et accumulent des données scientifiques.
"C'est comme si vous rouliez avec un gendarme en passager pour vous rappeler la bonne conduite à suivre", explique Michel Albin, président du conseil d'administration de Cap Bourbon, l'un des six armements français détenteurs d'une licence de pêche.
"C'est contraignant mais ça porte ses fruits: le poisson est de bonne taille, il est présent et les bateaux rentrent de plus en plus tôt" de marées après avoir rempli leur quota, affirme Frédéric Stephan, capitaine de pêche sur le Cap Horn I, palangrier congélateur.
La quantité de poisson autorisée, appelée "total admissible de capture" (TAC), est fixée chaque année par le préfet administrateur supérieur des TAAF, après avis du Muséum d'histoire naturelle, qui suit de près l'évolution de la ressource halieutique, et des ministères de tutelle.
Ce TAC (5.800 tonnes) est ensuite réparti en quota pour chacun des sept navires, en fonction du rapport établi par le contrôleur et des précautions prises pour ne pas tuer trop d'oiseaux marins et pour limiter les "prises accessoires", ces poissons non ciblés qui ne seront pas exploités (raie, grenadier, antimore).
De fait, "la ressource est très bien gérée, alors qu'en métropole, ça a été du grand n'importe quoi", juge Georges Le Guilcher, capitaine du Mascareignes III. Ce Breton de 50 ans, qui pêchait le requin en mers d'Irlande et d'Angleterre, a dû vendre son bateau en 1997.
"Si on avait réglementé comme ici y'a 30 ans, y'aurait encore du poisson", renchérit M. Stephan, originaire de Pont l'Abbé (Finistère). "Si je discute avec un jeune marin, je lui dirais qu'il a de l'avenir avec la légine".
De fait, la légine des ZEE de Crozet et de Kerguelen est "le deuxième secteur exportateur de La Réunion, elle génère 300 emplois directs et plus de 1.000 emplois indirects", assure Thierry Clot.
Le chiffre d'affaires de la pêcherie se montait à 75 millions d'euros en 2011. La légine, vendue environ 12 euros le kg à la débarque, pèse pour 90%, la langouste 10%. Cette dernière, pêchée dans la ZEE des îles Saint-Paul et Amsterdam par un seul navire, est considérée par les gourmets comme la meilleure au monde, ce qui explique son prix, 20 à 30 euros le kilo (pour 400 tonnes autorisées) à la débarque.
Pour les TAAF aussi l'activité est rentable: elles ont perçu "5 millions d'euros par le biais de la redevance, ce qui en fait l'un des plus gros apports de son budget", souligne M. Clot.
Mais une telle manne a toujours attisé les convoitises. Les ZEE étaient pillées par des mafias espagnole et asiatique dans les années 1995-96 qui y pêchaient jusqu'à sept fois le TAC autorisé, rappelle Emmanuel Reuillard, directeur des Affaires internationales et de la Mer aux TAAF.
A partir de 1998, "la France a pris le taureau par les cornes", explique M. Clot: patrouilles de la Marine nationale, surveillance par satellite du Cross de la Réunion, collaboration avec la justice, accord de coopération avec l'Australie dont la ZEE des îles Heard et Mc Donald forment la plus grande frontière maritime de la France.
"Le dernier bateau arraisonné en 2004 a été confisqué et reconverti : c'est devenu le Malin, affecté à la surveillance", précise Emmanuel Reuillard, qui résume: "Pour une pêche verte, il faut des bateaux gris".