La partie de kikiri dégénère : coup de poing mortel à Tautira


Kevin comparait libre sous contrôle judiciaire. Le jeune homme sera fixé sur son sort demain mardi.
PAPEETE, le 20 février 2017 - Kevin, 27 ans, est jugé depuis ce lundi par la cour d'assises à Papeete. Il est accusé d'avoir involontairement tué Gustave, 29 ans, en mai 2013 à Tautira. Séché par un violent coup de poing au visage, le malheureux avait sombré dans un profond coma avant de décéder, quelques jours plus tard, de multiples traumatismes crâniens et lésions cérébrales.

Des chamailleries d'argent autour d'une table de kikiri, des insultes à la fierté puis des provocations, et de l'alcool, beaucoup d'alcool. C'est dans ce contexte, le 17 mai 2013, qu'un homme de 29 ans allait passer de vie à trépas après six jours de coma, séché d'un coup de poing d'un seul par l'accusé, Kevin, sensiblement le même âge, qui comparait libre sous contrôle judiciaire depuis ce matin devant la cour d'assises de la Polynésie française.

Inconnu de la justice, amateur de va'a, pas porté sur la bagarre et apprécié de sa communauté –des caractéristiques qu'il partage avec la victime qu'il connaissait vaguement- Kevin est renvoyé devant les jurés pour "violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Il encourt la peine théorique maximale de 15 ans de prison.

Le coup en lien direct avec la mort

Le soir du drame, c'est Kevin qui allait faire monter la pression le premier. A court d'argent mais incapable de s'arrêter de parier, et après avoir bu plusieurs litres de bière, le jeune homme s'était mis à jouer avec les sous des autres parieurs en déplaçant leurs mises sur ses numéros à lui. Rappelé plusieurs fois à l'ordre par la table, le jeune homme n'allait pas s'arrêter pour autant jusqu'à ce qu'il touche à la mise de Gustave, 3 000 francs qu'il allait lui faire perdre. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, et manifestement l'élément déclencheur de la violente altercation qui allait ensuite éclater entre les deux hommes.

Car la victime veut récupérer son argent, et tout de suite, chasse cet intrus qui pourrit la partie. Kevin lui aurait alors proposé de patienter jusqu'au lendemain. Refus. Le ton monte, et les deux grammes d'alcool que les deux hommes ont chacun dans le sang n'aident pas à l'apaisement. "Tout cela ne serait peut-être pas arrivé s'ils n'avaient pas été bourrés", dira d'ailleurs un témoin. Gustave et Kevin se retrouvent du côté du monument au mort, le premier se met en position de boxer. Mais c'est Kevin qui décochera le premier coup.

"Je me suis senti en danger, j'ai eu peur qu'il frappe d'abord, je précise bien que je ne lui ai donné un seul coup", a confié le jeune homme aujourd'hui à la barre. Un coup placé qui enverra Gustave au sol et dont il ne se relèvera jamais. "J'ai juste pensé qu'il était assommé", a ajouté l'accusé qui avait laissé sa victime au sol sans connaître l'étendue des dégâts, obligé de fuir la foule qui arrivait sur les lieux de la bagarre.

Gustave est-il mort des conséquences de ce coup de poing, de celles du violent choc à la tête quand il a heurté la route en s'effondrant, un peu des deux ? L'expert médical interrogé sur ces points n'a guère laissé de place aux doutes : la mort est liée aux traumatismes reçus, et est en lien direct avec le coup reçu et le choc au sol.

Le procès se poursuit demain mardi. Les jurés rendront leur décision dans la journée.

Rédigé par Raphaël Pierre le Lundi 20 Février 2017 à 17:52 | Lu 3857 fois