La nouvelle vie de Mathilde Zampieri


TAHITI, le 10 mai 2023 - Elle a suivi des études de communication pour pouvoir faire de l’audiovisuel. Mathilde Zampieri, connue jusqu’alors pour ses performances sportives, se lance dans une carrière de réalisatrice. Son premier court-métrage a remporté en avril un prix au Paris International Short Festival alors qu’elle travaille déjà sur d’autres projets.

Deux Sœurs” réalisé par Mathilde Zampieri est le titre du court-métrage qui a remporté le prix du meilleur film LGBTQ au Paris International Short Festival. La nouvelle est tombée en avril. Une belle surprise pour la réalisatrice qui signait son premier film. Il raconte, en 8 minutes, le lien entre Amélie et Tia. Dans l’éloge funèbre qu’elle lui a écrit, Amélie raconte l’histoire de sa grande sœur transgenre Tia, depuis sa renaissance en tant que femme jusqu’à son agression.

Ce court-métrage a été tourné début 2022 à Tahiti. Les prises de vue ont pris 4 à 5 jours. La post production (montage, effets spéciaux, couleur, son) a ensuite demandé 3 à 4 mois. L’aventure a mobilisé une petite vingtaine de personnes. “J’ai toujours voulu faire ça”, commente Mathilde Zampieri visiblement satisfaite de cette première expérience et très heureuse de cette première reconnaissance. “L’équipe était vraiment super ! Et tout s’est bien passé. La seule galère a été, comme prévu, la prise de son.”

Mathilde Zampieri a co-écrit le scénario avec son frère, acteur installé à Paris. Elle l’a réalisé et produit. Le projet est né alors qu’elle terminait ses études à Tahiti. Une première présentation avait eu lieu sur invitation en octobre 2022. “Le film avait été bien accueilli”, se rappelle Mathilde Zampieri, confortée de ce fait dans son choix de vie.

Enfance à Raiatea

Mathilde Zampieri est née en France en 2000 mais elle est rapidement venue s’installer en Polynésie avec ses parents. Elle a suivi son école primaire, puis le collège et le lycée à Raiatea. Un temps, elle a fait du sport de haut niveau. La période a été courte, mais intense. Elle a débuté la pratique du windsurf alors qu’elle était âgée de 8 ans. “Mon père en faisait. Je me suis dit : ‘Ça a l’air cool’. J’ai essayé.” Elle en a pratiqué un temps pour le plaisir mais s’est rapidement orientée vers la compétition. Elle a participé notamment à l’Oceania Windsurf organisée à Raiatea chaque année en juillet.

Elle s’est faite connaître par le biais de photographies mises en ligne. “J’ai décroché un sponsoring avec ATN à 14 ans ce qui m’a permis ensuite de participer à des compétitions internationales ailleurs dans le monde.” Elle a participé à sa première coupe du monde à 15 ans ; s’est inscrite aux championnats du monde en Corée, au Japon, en Nouvelle-Calédonie, en France ; fait des shootings à Hawaii tout en poursuivant le lycée en parallèle. “Je n’avais pas de difficulté particulière à l’école. J’ai pu allier les deux.” D’autant que “le windsurf n’est pas aussi exigeant que la natation par exemple en terme d’entraînement”. À deux reprises elle s’est classée 3e aux mondiaux en catégorie junior, en 2016 et 2017.



La réalisation en ligne de mire

Elle a su assez tôt qu’elle ne percerait pas dans le milieu du windsurf. “C’était fun mais je n’avais pas le niveau pour performer en tant qu’adulte.” Elle a également, très tôt, imaginé faire des films. Lorsqu’elle faisait du windsurf un réalisateur américain a fait deux documentaires sur son parcours en tant que plus jeune ‘rideuse’ sur le tour. “Je me suis dit que ça avait l’air vraiment cool de faire des films et ça m’a donné envie.

En sortant du lycée, elle a fait une escale en filière des Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps). “On est venue me chercher. J’y suis allée mais en fait ce n’était pas pour moi.” Elle a enchaîné en s’inscrivant en communication à l’Institut supérieur de l’enseignement privé de Polynésie française (Isepp). “C’était la seule filière qui proposait de l’audiovisuel”, argumente-t-elle. “En parallèle, j’ai fait un Diplôme universitaire de journalisme à la fac.” Elle est entrée directement en 2e année en 2020 et a obtenu son diplôme en 2022. Pendant cette période, elle a fait des stages. Elle a été accueillie par Lucid Dream où elle a pu travailler sur la réalisation de clips et de la série “Ma Coloc”. Elle a également fondé sa propre société de Production : Nevermind Film. “Symboliquement c’était une manière de poser une pierre de plus, de concrétiser mes projets de réalisation.”


Depuis, tout s’enchaîne. Le film “Deux Sœurs” reste en lice dans différents festivals à New York, Los Angeles ou encore San Francisco tandis que la réalisatrice mène différents projets de front. Elle vit entre Raiatea, Paris, et “de plus en plus souvent Los Angeles”. En 2022, Mathilde Zampieri a rencontré Jessica Errero. Influenceuse et actrice, cette dernière a séjourné en Polynésie. “Je l’ai contactée lors de son passage pour lui proposer mes services. On a sympathisé.” Mathilde Zampieri a filmé sa nouvelle amie dans le cadre de la réalisation d’un court-métrage Tik Tok de 1,30 minute qu’elle a ensuite soumis au festival de Cannes. “On a été pris pour la sélection, mais on n’a pas été retenu”, indique-t-elle. Intitulé The end of us, “il a tout de même bien marché car on a eu 700 000 vues.” En avril 2023, la réalisatrice a rejoint Jessica Errero en tournage à Hollywood. Elle joue dans le film “Estranged” de Liil Serge. “Je bosse aussi avec elle sur un film qu’elle a écrit et qui semble intéresser Netflix.

Une incroyable opportunité

Enfin, Mathilde Zampieri annonce s’être lancée sur “un très gros projet”. Il s’agit de la réalisation d’un long métrage adapté d’un roman. “L’auteur m’a contactée pour que je travaille dessus. J’ai lu le livre. Il a un très gros potentiel.” Mathilde Zampieri doit à présent rédiger un scénario. “Tout cela reste en discussion mais on espère vivement qu’il se concrétise.” Le tournage, prévu à Paris et Tahiti, aurait lieu dans les mois à venir. “Évidemment, j’ai un peu de pression, mais c’est un incroyable opportunité. C’est tout ce dont je rêve.” Le film, s’il voit le jour, ne devrait pas sortir avant un an, voire un an et demi.

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 10 Mai 2023 à 17:28 | Lu 4445 fois