La misère bannie du centre ville de Papeete en journée


PAPEETE, le 10 septembre 2014. La mairie de Papeete vient de rééditer un arrêté municipal «réglementant les attroupements et comportements constitutifs ou à l'origine de troubles à l'ordre public» en centre-ville entre 5 heures et 22 heures. Un premier arrêté municipal de Papeete tentant de cantonner la misère sociale et humaine hors de l’hyper centre de la capitale polynésienne avait été signé fin octobre 2013 et sa durée couvrait une période de six mois (jusqu’en avril 2014, à la veille des élections municipales). Sans effet réel et probant sur les SDF de plus en plus nombreux qui errent en ville, mendient dans les rues ou dorment sur les trottoirs, parfois en pleine journée, cet arrêté municipal a néanmoins été réédité le 28 août dernier. Le texte ne fait jamais allusion directement à ces SDF, plus ou moins pacifiques, plus ou moins sobres que l’on croise en ville, mais il cite par le menu toutes les interdictions qui leur sont faites en journée, au point de rendre cette réglementation difficilement applicable.

Ainsi, «sont interdits tout comportement ou activité de personnes, en mouvement ou en position assise ou couchée, seules ou en groupe, avec ou sans animaux, même tenus en laisse, ainsi que tout dépôt d'effets personnels, de nature à entraver la liberté d'aller et venir, la commodité de passage des piétons, l'accès aux immeubles par les riverains ou, de manière générale, contraires aux textes en vigueur ou de nature à porter atteinte au bon ordre, à la sécurité, la tranquillité et la salubrité publiques». Les lieux où ces comportement sont bannis sont extrêmement précis (voir en encadré) : ils concernent le front de mer, les quelques rues de l’hyper centre et le quartier administratif du gouvernement ou du haussariat. L’interdiction est valable tous les jours, mais seulement de 5 heures à 22 heures.

La publication de cet arrêté municipal est justifié par «les nécessités» et fait suite à de «nombreuses doléances et plaintes de piétons, riverains et commerçants» en raison de personnes dont «les comportements ont pour effet de créer un sentiment d’insécurité particulièrement auprès des catégories de piétons les plus faibles (enfants ou élèves, femmes, etc.)».

Périmètre d’interdiction (de 5 heures à 22 heures)

Dans les rues : boulevard de la reine Pomare-IV : de l'intersection avec la rue Cook jusqu'à la base marine ; rue Bovis : entre le giratoire de la base marine et l'intersection avec la rue des Remparts ; rue des Remparts: de l'intersection précitée au croisement avec la rue Dumont-d'Urville ; rue Dumont-d'Urville : intégralement jusqu'au croisement avec l'avenue Pouvana'a-a-O'opa (giratoire de la présidence) et la rue du Bataillon du Pacifique ; rue du Bataillon du Pacifique : intégralement jusqu'à l'intersection avec la rue des Poilus-Tahitiens ; rue des Poilus-Tahitiens : de l'intersection précitée jusqu'au croisement avec la rue de l'école centrale ; rue de l'école centrale : intégralement jusqu'à la jonction avec la rue Cook ; rue Cook : intégralement.

Les lieux publics suivants : les quais du centre-ville de Papeete : quai des ferries, quai d'honneur, quai des yachts ; la place Vaiete ; la place du Capitaine Temari'i a Te'ai ; la place Jacques-Chirac ; les jardins de Paofai ; la place To'ata.

L’interdiction est valable également, à proximité des établissements scolaires et des commerces (épiceries, restaurants…) pendant leurs heures d’ouverture.

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 10 Septembre 2014 à 16:59 | Lu 4114 fois