La lutte contre la pollution de l'air intérieur gagne le rayon bricolage


MASSY, 6 janvier 2012 (AFP) - Peintures, parquets, isolants, colles... Les produits de construction émettent des substances toxiques qui polluent l'air de nos maisons, bureaux ou écoles. Une nouvelle étiquette a fait son apparition dans les rayons bricolage pour orienter les consommateurs vers les moins nocifs.

"Vous passez 85 à 90% de votre temps en intérieur et vous pouvez être victime d'une pollution sans le savoir", a averti vendredi la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, en arpentant les allées d'une grande enseigne de bricolage à Massy pour vanter les mérites de la nouvelle étiquette.

De plus en plus de Français sont victimes de maladies ou allergies respiratoires comme l'asthme, a-t-elle rappelé, soulignant que l'air intérieur est loin d'être moins nocif que celui respiré à l'extérieur.

Une étude menée entre 2003 et 2005 dans 560 logements par l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (OQAI) avait montré que l'air intérieur contenait plus de composés organiques volatils (COV), des substances toxiques, que l'air extérieur.

Peintures, parquets, moquettes, isolants, papiers peints, cloisons, mais aussi colles, vernis ou adhésifs sont une source importance de ces substances.

Depuis le 1er janvier, les nouveaux produits de construction ou de décoration doivent arborer une étiquette avec une note (A+, A, B ou C) en fonction de leur niveau d'émissions de substances polluantes, telles que le formaldéhyde et le benzène. Une étiquette visant à orienter les consommateurs vers les produits les moins polluants (A+) mais aussi à inciter les fabricants à la vertu.

"Ventiler, ne pas fumer à l'intérieur"

"La note C, cela veut dire que le produit émet pas mal de composés volatils, cela veut dire que, dans une chambre d'enfant ou dans un couloir mal aéré, il faut éviter. Dans un grenier, c'est moins gênant", a précisé la ministre, inspectant le chariot d'un client puis vérifiant en rayons que les pots de peinture gratifiés d'un A+ ne coûtent pas plus chers que ceux affichant "C".

L'étiquette, ressemblant à l'étiquette énergie utilisée dans l'électroménager, est obligatoire depuis le 1er janvier pour les produits nouvellement commercialisés. Elle le sera à partir de septembre 2013 pour ceux qui étaient déjà sur le marché.

Dans le magasin visité par la ministre, environ 1.500 étiquettes sont déjà en rayons et près de 25.000 le seront à terme, a dit un responsable. Il a précisé que les vendeurs avaient été formés pour pouvoir donner les bons renseignements aux clients soucieux de leur air intérieur.

"Il y a une croissance importante de l'asthme et des allergies, et tout ce qui peut contribuer à limiter la présence de produits allergisants est une bonne mesure", se réjouit le Dr Pascal Roux, spécialiste en santé et environnement.

"Cela peut faire prendre conscience qu'on est aussi responsable de ce qui se passe, et ainsi modifier nos actes d'achat et un certain nombre de comportements de base comme ventiler ou ne pas fumer à l'intérieur", ajoute-t-il.

La surveillance de la qualité de l'air deviendra obligatoire pour les crèches, jardins d'enfants et écoles maternelles à partir de 2015, en vertu d'un décret publié en décembre au Journal officiel.

L'obligation, issue du Grenelle de l'environnement, sera progressivement étendue aux écoles élémentaires (2018), aux centres de loisirs et établissements d'enseignement de second degré (2020) puis à d'autres établissements recevant du public sensible (comme les personnes âgées ou malades) à partir de 2023.

alu/pjl/DS

Rédigé par AFP le Vendredi 6 Janvier 2012 à 06:02 | Lu 644 fois