La lutte contre la fraude au bac, un défi face aux nouvelles technologies


PARIS, 9 juin 2012 (AFP) - Les nouvelles technologies, avec des inventions toujours plus perfectionnées comme les lunettes avec caméra intégrée ou les oreillettes intra-auriculaires, constituent un vrai défi à la lutte contre la fraude au baccalauréat.

Plusieurs mesures ont été prises pour éviter les fraudes lors de cet examen emblématique, qui avaient entaché le baccalauréat en 2011, marqué par la fuite sur internet d'un sujet de l'épreuve de mathématiques du bac scientifique passée par 165.000 élèves. L'incident avait connu un fort retentissement médiatique.

Trois jeunes hommes avaient été interpellés ainsi que le père de l'un d'eux, salarié d'une entreprise de maintenance travaillant pour des imprimeries, dont l'une avait imprimé des sujets du bac.

En 2010, 272 cas de fraude au bac avaient été recensés, soit 0,05% des candidats. La généralisation des téléphones portables et "smartphones" chez les jeunes facilitent la triche: les fraudes liées à leur usage ont augmenté, avec 32 cas de plus au bac général et technologique en 2009 par rapport à 2008.

L'ancien ministre Luc Chatel avait commandé des rapports sur une réforme du bac et les moyens de renforcer la sécurité de l'examen, face à une complexité croissante de l'organisation des épreuves qui constitue chaque année un facteur de risques: plus de 650.000 élèves, 4.880 sujets et 4.737 centres d'examens en 2011.

Juste avant le bac 2011, une circulaire avait rappelé que "l'utilisation des téléphones portables et, plus largement, de tout appareil permettant des échanges ou la consultation d'informations, est interdite": ils doivent donc être "impérativement éteints" et rangés dans le sac du candidat ou remis aux surveillants de salle.

stylo-téléphone

A la suite du rapport confidentiel sur la sécurisation du bac, remis à M. Chatel en juillet, des consignes plus générales ont été édictées dans une nouvelle circulaire, de 26 pages, publiée en avril.

La préparation, l'élaboration et l'envoi des sujets, leur diffusion et leur conservation, le déroulement des épreuves elles-mêmes: tout a été passé en revue.

Ainsi, chaque recteur veille à ce que "toutes les précautions soient prises pour garantir la confidentialité des sujets" jusqu'au début de l'épreuve. Ces documents "doivent être conservés dans un endroit sécurisé", à l'accès très restreint.

La circulaire met aussi l'accent "sur la prévention et la gestion des fraudes durant les épreuves", et rappelle les consignes sur l'usage des téléphones.

Mais les techniques sont très sophistiquées, dit à l'AFP Amar Zendik, président de la société Mind-Technologies, citant la montre-téléphone, le stylo-téléphone, l'oreillette intra-auriculaire ou encore les lunettes avec caméra intégrée. Des gadgets qui sont une aubaine pour des sites internet qui proposent les corrigés des épreuves "en temps réel".

Des centres d'examen ont opté pour le brouillage des téléphones portables, mais cela pose un problème technique et juridique. "C'est très délicat car il faut éviter que le brouilleur ne perturbe le réseau autour de l'établissement scolaire", précise M. Zendik, qui suggère d'installer des portiques détecteurs de métaux comme dans les aéroports.

Le projet de M. Chatel de mettre en place un "système de veille sur internet" pour détecter les fuites et les rumeurs n'a pas vu le jour.

Le candidat qui a triché s'expose à diverses sanctions qui peuvent aller jusqu'à l'interdiction de toute inscription dans un établissement public dispensant des formations post-baccalauréat pour une durée maximale de cinq ans.

Une commission disciplinaire académique a été créée, les fraudeurs n'étant plus jugés par l'université.

tes/soh/all

Rédigé par Par Nadia TESKRAT le Samedi 9 Juin 2012 à 06:50 | Lu 781 fois