Witi Ihimaera était à Tahiti en février 2014, comme membre du jury du Fifo.
PAPEETE, le 29 mars 2015. Pendant cinq jours jusqu'à samedi dernier, le festival Rochefort-Pacifique a ouvert sa bouffée d'air océanienne (la 9e édition déjà) dans cette ville charentaise du rivage atlantique français. L'édition 2015 a mis à l'honneur particulièrement la Nouvelle-Zélande avec un auteur maori dont les romans traduits en français sont publiés par Au Vent des Îles, une maison d'édition tahitienne.
Qui connaîtrait, en France, l'écrivain maori Witi Ihimaera s'il n'avait pas été traduit et publié en français par la maison d'édition tahitienne Au Vent des Îles ? Trois des romans de cet auteur prolixe et polyvalent -puisqu'il exerce aussi son talent dans l'audiovisuel-, écrits en anglais, ont été traduits en français et publiés par cette maison d'édition. C'est le cas de Bulibasha, roi des Gitans, sorti en français en 2008 de Kahu, fille des baleines en 2008 également et de La femme de Parihaka en 2014, trois de ses romans -sur les 13 rédigés- qui fondent totalement son succès. Cette littérature océanienne anglophone, très méconnue en Europe, et plus particulièrement en France métropolitaine en raison de la barrière de la langue, ne doit son rayonnement au sein de la francophonie bien souvent qu’à l'audace d'une maison d'édition née à Tahiti.
A Rochefort sur Mer au cours de la semaine dernière, Witi Ihimaera sacré parrain de ce festival 2015 Rochefort-Pacifique, parce que pionnier de la littérature autochtone, est revenu sur son extraordinaire parcours. Premier écrivain maori à avoir été publié dès 1973, il est aussi l'un des premiers Maori à être devenu diplomate et en dépit de son ancrage dans la culture maori, il enseigne l'anglais à l'université d'Auckland. "Cela a été le fait du gouvernement, assure-t-il. L'Etat néo-zélandais a ressenti le besoin, dans les années 1970, d'avoir des visages maori. J'étais un écrivain publié quand il m'a sollicité pour devenir diplomate. Ma vie est un magnifique accident", sourit Witi Ihimaera. "J'ai accepté les opportunités que l'on me proposait. Cela continue encore aujourd'hui. Je n'ai jamais tenu une caméra mais on m'a proposé de réaliser des documentaires. J'ai accepté. En ce moment, j'en prépare un sur Déwé Gorodey", femme politique indépendantiste et écrivain kanak de Nouvelle-Calédonie elle-même présente au festival de Rochefort la semaine dernière. Or, Déwé Gorodey est justement une auteur également publiée au Vent des Îles (Tâdo Tâdo Wéé ou "No more baby") en 2012 !
Qui connaîtrait, en France, l'écrivain maori Witi Ihimaera s'il n'avait pas été traduit et publié en français par la maison d'édition tahitienne Au Vent des Îles ? Trois des romans de cet auteur prolixe et polyvalent -puisqu'il exerce aussi son talent dans l'audiovisuel-, écrits en anglais, ont été traduits en français et publiés par cette maison d'édition. C'est le cas de Bulibasha, roi des Gitans, sorti en français en 2008 de Kahu, fille des baleines en 2008 également et de La femme de Parihaka en 2014, trois de ses romans -sur les 13 rédigés- qui fondent totalement son succès. Cette littérature océanienne anglophone, très méconnue en Europe, et plus particulièrement en France métropolitaine en raison de la barrière de la langue, ne doit son rayonnement au sein de la francophonie bien souvent qu’à l'audace d'une maison d'édition née à Tahiti.
A Rochefort sur Mer au cours de la semaine dernière, Witi Ihimaera sacré parrain de ce festival 2015 Rochefort-Pacifique, parce que pionnier de la littérature autochtone, est revenu sur son extraordinaire parcours. Premier écrivain maori à avoir été publié dès 1973, il est aussi l'un des premiers Maori à être devenu diplomate et en dépit de son ancrage dans la culture maori, il enseigne l'anglais à l'université d'Auckland. "Cela a été le fait du gouvernement, assure-t-il. L'Etat néo-zélandais a ressenti le besoin, dans les années 1970, d'avoir des visages maori. J'étais un écrivain publié quand il m'a sollicité pour devenir diplomate. Ma vie est un magnifique accident", sourit Witi Ihimaera. "J'ai accepté les opportunités que l'on me proposait. Cela continue encore aujourd'hui. Je n'ai jamais tenu une caméra mais on m'a proposé de réaliser des documentaires. J'ai accepté. En ce moment, j'en prépare un sur Déwé Gorodey", femme politique indépendantiste et écrivain kanak de Nouvelle-Calédonie elle-même présente au festival de Rochefort la semaine dernière. Or, Déwé Gorodey est justement une auteur également publiée au Vent des Îles (Tâdo Tâdo Wéé ou "No more baby") en 2012 !
Identité, culture et découverte
La preuve qu'une maison d'édition, placée au cœur du triangle polynésien, permet des rencontres inédites mais porteuses de sens entre les peuples océaniens. Dans ses romans, Witi Ihimaera explore avec malice et humour, les conflits entre les valeurs culturelles des Maori et celles de Pakehas (les Blancs d'origine européenne), cette lutte du peuple maori pour continuer à exister dans son propre pays ou pour combattre la spoliation de ses terres. Une lutte qui fait écho justement au livre de Déwé Gorodey : fresque sur les évolutions du XXe siècle en Nouvelle-Calédonie vue par le seul regard kanak. On y parle de l'organisation traditionnelle de la société qui se heurte, au cours du siècle dernier, à une vision politique, indépendantiste et même féministe. On a hâte de savoir ce que ces regards, maori et kanak, croisés devant et derrière une caméra, auront à nous dire.
Dans ce chœur d’écritures océaniennes à découvrir grâce à l’édition de livres en français on ne doit pas oublier non plus d’autres magnifiques plumes : celle de la néo-zélandaise maori Patricia Grace mais encore des Tahitiens Chantal Spitz ou Moetai Brotherson, du Samoan Albert Wendt, de l'Aborigène Terri Janke. De la littérature océanienne à partir de laquelle on parle beaucoup de culture, d’identité et d’histoire et qui permet de faire découvrir à d’autres un coin du globe encore très méconnu.
Dans ce chœur d’écritures océaniennes à découvrir grâce à l’édition de livres en français on ne doit pas oublier non plus d’autres magnifiques plumes : celle de la néo-zélandaise maori Patricia Grace mais encore des Tahitiens Chantal Spitz ou Moetai Brotherson, du Samoan Albert Wendt, de l'Aborigène Terri Janke. De la littérature océanienne à partir de laquelle on parle beaucoup de culture, d’identité et d’histoire et qui permet de faire découvrir à d’autres un coin du globe encore très méconnu.
Le Tongien Epeli Hau’ofa aussi traduit à Tahiti
Le penseur contemporain de l’identité océanienne, Epeli Hau’ofa est peu connu en France et dans les territoires francophones du Pacifique. À l’occasion du Festival Rochefort Pacifique, Pacific Islanders éditions a présenté ses trois principaux essais pour la première fois traduits en français.
Serge Massau, journaliste et cofondateur de Pacific Islander Editions, maison d’édition créée en 2013 à Tahiti, était présent à Rochefort pour présenter Notre mer d'îles, déjà paru à Tahiti, et les deux nouveaux essais traduits, L'océan est en nous et Un passé à recomposer.
A travers L’océan est en nous, Epeli Hau’ofa appelle les Océaniens à bâtir un projet commun fondé autour de la préservation de l’océan Pacifique, car "en dépit de l’immensité des océans, nous faisons partie de l’infime part de la population mondiale qui peut se revendiquer comme le peuple de l’océan". Dans Un passé à recomposer, Epeli Hau’ofa encourage les Océaniens à écrire leur propre histoire, fondée sur leurs traditions orales. Depuis 200 ans, l’histoire de l’Océanie est en effet racontée à travers les récits des découvreurs occidentaux. Epeli Hau’ofa a été mis à l'honneur dimanche lors d’une table-ronde.
JPV
Le penseur contemporain de l’identité océanienne, Epeli Hau’ofa est peu connu en France et dans les territoires francophones du Pacifique. À l’occasion du Festival Rochefort Pacifique, Pacific Islanders éditions a présenté ses trois principaux essais pour la première fois traduits en français.
Serge Massau, journaliste et cofondateur de Pacific Islander Editions, maison d’édition créée en 2013 à Tahiti, était présent à Rochefort pour présenter Notre mer d'îles, déjà paru à Tahiti, et les deux nouveaux essais traduits, L'océan est en nous et Un passé à recomposer.
A travers L’océan est en nous, Epeli Hau’ofa appelle les Océaniens à bâtir un projet commun fondé autour de la préservation de l’océan Pacifique, car "en dépit de l’immensité des océans, nous faisons partie de l’infime part de la population mondiale qui peut se revendiquer comme le peuple de l’océan". Dans Un passé à recomposer, Epeli Hau’ofa encourage les Océaniens à écrire leur propre histoire, fondée sur leurs traditions orales. Depuis 200 ans, l’histoire de l’Océanie est en effet racontée à travers les récits des découvreurs occidentaux. Epeli Hau’ofa a été mis à l'honneur dimanche lors d’une table-ronde.
JPV