SAULT, 14 août 2014 (AFP) - "Lavande en danger" : Plantés en bordure de champs d'un bleu intense sur les plateaux d'Apt et de Sault (Vaucluse), les panneaux accrochent le regard pour alerter sur une règlementation européenne qui met en danger ce fleuron de l'horticulture provençale déjà menacé par une bactérie destructrice.
La bactérie, le phytoplasme du Stolbur, est ancienne mais a surtout fait des ravages au milieu des années 2000, la France perdant alors jusqu'à 50% de ses surfaces cultivées principalement en Vaucluse, dans les Alpes-de-Haute-Provence et la Drôme, et sa première place de producteur d'huile essentielle de lavande.
En cause, "les évolutions climatiques, avec des périodes de sécheresse et de fortes chaleurs néfastes à la lavande et favorables à l'insecte vecteur de la maladie", la cicadelle, un insecte suceur de sève, explique Eric Chaisse, directeur du Crieppam (Centre régional interprofessionnel d'expérimentation en plantes à parfum).
Quand la plante est contaminée, les canaux de circulation de la sève se bouchent, provoquant son dépérissement. "la plante meurt dans un délai de quelques mois à 2 ou 3 ans", indique M. Chaisse. Basé à Manosque (Alpes-de Haute-Provence), le Crieppam s'attache à "trouver des solutions" au dépérissement, "à mieux comprendre comment l'insecte vecteur se développe", précise M. Chaisse.
La pulvérisation de produits est l'une des pistes "sans avoir 100% d'efficacité", ajoute le chercheur. D'autres méthodes ont donc été explorées, comme la plantation de plants sains ou la diversification des espèces afin de sélectionner des plants de lavande et lavandins plus résistants. "De nouvelles variétés ont permis de redévelopper les lavandes notamment sur le plateau d'Albion (Vaucluse)", constate M. Chaisse.
Après les années de sécheresse "catastrophiques", de 2003 à 2007, selon les scientifiques, la production a fortement baissé jusqu'en 2010 - autour de 30 tonnes par an - pour augmenter à nouveau ensuite jusqu'à 50 tonnes attendues en 2015.
"vers la disparition de grands parfums"
Le dépérissement a donc pu être endigué ces dernières années d'autant que la pluviométrie plus abondante a été favorable à la plante qui se défend mieux contre la bactérie. Mais la situation reste fragile et les producteurs prudents. "Si le climat est très sec en juillet et août on s'attend à une année catastrophique l'année suivante", résume M. Chaisse car "si l'on avance au niveau de la recherche, on ne maitrise pas les aléas climatiques".
"Les conditions climatiques jouent un rôle majeur", confirme à l'AFP Christophe Castaner, député PS des Alpes-de Haute-Provence et maire de Forcalquier.
Et les producteurs se battent désormais sur un nouveau front : le classement de l'huile essentielle de lavande comme produit "dangereux". Car selon une règlementation européenne (Reach) de fin 2013, l'huile essentielle, issue de la distillation de la plante, est désormais assimilée à un produit chimique.
"C'est une absurdité totale, le terme de distillation est inapproprié, il s'agit d'extraction à la vapeur d'eau" tonne Raymond Agnels, distillateur à Apt (Vaucluse) qui mène campagne contre cette directive qui prévoit d'inscrire sur tous les étiquetages de produits contenant de l'essence de lavande le logo +produit toxique+ ou +produit dangereux+.
La directive impose par ailleurs aux distillateurs, assimilés à des fabricants de produits chimiques, de faire des tests pour évaluer l'impact de leur produits.
A terme, c'est l'utilisation de lavande par la grande parfumerie qui est condamnée, craint M. Agnels jugeant que "l'on va vers la disparition de grands parfums".
Christophe Castaner qui partage cet avis s'est lui aussi lancé dans la bataille contre une directive qui constitue "une menace pour toute la filière".
Il la juge "inadaptée car la lavande n'est pas un produit chimique" et demande à Bruxelles "de traiter différemment les huiles essentielles" des autres produits "à base de molécules chimiques".
Le député se dit "convaincu que l'on peut obtenir une procédure spécifique", pour la lavande. Mais "pour l'instant, cela n'a pas abouti", regrette-t-il, même si le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll "s'est dit très attentif" au problème. Une pétition lancée fin 2013 par les professionnels a recueilli plus de 15.000 signatures à ce jour.
La bactérie, le phytoplasme du Stolbur, est ancienne mais a surtout fait des ravages au milieu des années 2000, la France perdant alors jusqu'à 50% de ses surfaces cultivées principalement en Vaucluse, dans les Alpes-de-Haute-Provence et la Drôme, et sa première place de producteur d'huile essentielle de lavande.
En cause, "les évolutions climatiques, avec des périodes de sécheresse et de fortes chaleurs néfastes à la lavande et favorables à l'insecte vecteur de la maladie", la cicadelle, un insecte suceur de sève, explique Eric Chaisse, directeur du Crieppam (Centre régional interprofessionnel d'expérimentation en plantes à parfum).
Quand la plante est contaminée, les canaux de circulation de la sève se bouchent, provoquant son dépérissement. "la plante meurt dans un délai de quelques mois à 2 ou 3 ans", indique M. Chaisse. Basé à Manosque (Alpes-de Haute-Provence), le Crieppam s'attache à "trouver des solutions" au dépérissement, "à mieux comprendre comment l'insecte vecteur se développe", précise M. Chaisse.
La pulvérisation de produits est l'une des pistes "sans avoir 100% d'efficacité", ajoute le chercheur. D'autres méthodes ont donc été explorées, comme la plantation de plants sains ou la diversification des espèces afin de sélectionner des plants de lavande et lavandins plus résistants. "De nouvelles variétés ont permis de redévelopper les lavandes notamment sur le plateau d'Albion (Vaucluse)", constate M. Chaisse.
Après les années de sécheresse "catastrophiques", de 2003 à 2007, selon les scientifiques, la production a fortement baissé jusqu'en 2010 - autour de 30 tonnes par an - pour augmenter à nouveau ensuite jusqu'à 50 tonnes attendues en 2015.
"vers la disparition de grands parfums"
Le dépérissement a donc pu être endigué ces dernières années d'autant que la pluviométrie plus abondante a été favorable à la plante qui se défend mieux contre la bactérie. Mais la situation reste fragile et les producteurs prudents. "Si le climat est très sec en juillet et août on s'attend à une année catastrophique l'année suivante", résume M. Chaisse car "si l'on avance au niveau de la recherche, on ne maitrise pas les aléas climatiques".
"Les conditions climatiques jouent un rôle majeur", confirme à l'AFP Christophe Castaner, député PS des Alpes-de Haute-Provence et maire de Forcalquier.
Et les producteurs se battent désormais sur un nouveau front : le classement de l'huile essentielle de lavande comme produit "dangereux". Car selon une règlementation européenne (Reach) de fin 2013, l'huile essentielle, issue de la distillation de la plante, est désormais assimilée à un produit chimique.
"C'est une absurdité totale, le terme de distillation est inapproprié, il s'agit d'extraction à la vapeur d'eau" tonne Raymond Agnels, distillateur à Apt (Vaucluse) qui mène campagne contre cette directive qui prévoit d'inscrire sur tous les étiquetages de produits contenant de l'essence de lavande le logo +produit toxique+ ou +produit dangereux+.
La directive impose par ailleurs aux distillateurs, assimilés à des fabricants de produits chimiques, de faire des tests pour évaluer l'impact de leur produits.
A terme, c'est l'utilisation de lavande par la grande parfumerie qui est condamnée, craint M. Agnels jugeant que "l'on va vers la disparition de grands parfums".
Christophe Castaner qui partage cet avis s'est lui aussi lancé dans la bataille contre une directive qui constitue "une menace pour toute la filière".
Il la juge "inadaptée car la lavande n'est pas un produit chimique" et demande à Bruxelles "de traiter différemment les huiles essentielles" des autres produits "à base de molécules chimiques".
Le député se dit "convaincu que l'on peut obtenir une procédure spécifique", pour la lavande. Mais "pour l'instant, cela n'a pas abouti", regrette-t-il, même si le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll "s'est dit très attentif" au problème. Une pétition lancée fin 2013 par les professionnels a recueilli plus de 15.000 signatures à ce jour.