Sameer Al-DOUMY / AFP
Bobigny, France | AFP | vendredi 06/09/2024 - Le décès d'un automobiliste d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en 2022 s'était inscrit dans une série noire de morts lors de contrôles routiers. La justice a ordonné le procès de l'auteur du tir, un policier de 35 ans, pour violences volontaires ayant entraîné la mort.
Dans leur ordonnance de mise en accusation, les juges ont exclu la légitime défense invoquée par le policier, celui-ci ne se trouvant pas sur la trajectoire du fourgon conduit par l'automobiliste lorsqu'il a redémarré.
"En l'absence d'élément de danger immédiat, l'usage d'une arme en direction du conducteur n'est pas absolument nécessaire et est surtout disproportionné face au simple risque de fuite d'une personne soupçonnée du vol d'un bien", ont-elles écrit dans l'ordonnance datée du 29 août consultée par l'AFP.
Elles ont demandé le renvoi du policier devant la cour criminelle départementale de Seine-Saint-Denis.
"Mon client, qui estime avoir agi dans un cadre légal compte tenu du contexte ce jour-là, a fait appel de cette décision", a indiqué l'avocate du policier, Me Pauline Ragot.
Samedi 26 mars 2022, Jean-Paul Benjamin, à la tête d'une société de transport de marchandises et en conflit avec un intermédiaire de la multinationale Amazon pour des factures impayées, subtilise peu après 12H00 une camionnette pleine de colis à des livreurs.
Le fourgon est déclaré volé. Sur les antennes radio de police, l'alerte est donnée.
Une équipe de la BAC d'Aulnay-sous-Bois repère le véhicule sur la longue avenue Suzanne Lenglen, au trafic dense au moment des faits.
Au volant du fourgon, Jean-Paul Benjamin attend le passage d'un feu au vert pour aller vers la cité du Gros-Saule, son clignotant gauche est enclenché.
L'un des policiers de l'équipage sort de la voiture et se dirige vers le camion.
En l'espace de trois secondes, le brigadier se place à la hauteur de la portière conducteur de la fourgonnette, recule lorsque le véhicule redémarre et tire.
La balle perce la carrosserie, perfore l'omoplate de Jean-Paul Benjamin, traverse des organes vitaux et se loge dans le foie. L'automobiliste finit sa course dans le quartier voisin des Beaudottes à Sevran.
Victime d'une hémorragie interne, il décède quelques heures plus tard à l'hôpital.
- Pas de comportement dangereux -
Au moment du tir, le père de Jean-Paul Benjamin se trouvait dans un bus sur l'avenue et a vu la scène, sans savoir que son fils était la victime.
Le policier avait été mis en examen quatre jours plus tard, après être sorti de l'hôpital où il avait été admis en état de stress aigu après les faits.
Durant l'instruction, le brigadier a dit avoir craint pour sa vie et celle des piétons. Il a d'après lui agi en état de légitime défense.
Pourtant, d'après l'enquête basée sur les images de vidéosurveillance et les témoignages, Jean-Paul Benjamin n'a pas eu de comportement dangereux pour les piétons et automobilistes.
Il est aussi reproché au fonctionnaire d'être intervenu seul sans avoir attendu les renforts.
Il sera jugé pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par une personne dépositaire de l'autorité publique.
L'avocat des parents et de la fratrie de Jean-Paul Benjamin, Me Steeve Ruben, "se félicite du renvoi du fonctionnaire de police auteur du coup de feu mortel devant la cour criminelle, mais regrette néanmoins que la qualification de meurtre n'ait pas été retenue".
Pour Arié Alimi, qui représente la veuve de la victime et leurs enfants, "la famille de Jean-Paul Benjamin est soulagée. Ce d'autant plus que l'instruction s'est déroulée dans un temps relativement normal par rapport aux autres dossiers de violences policières".
"Ce sera le premier dossier de tir policier mortel qui sera jugé en cour criminelle", généralisée début 2023, a ajouté l'avocat.
Depuis juillet 2023, le mis en examen est brigadier-chef au commissariat de Villeparisis en Seine-et-Marne. Son contrôle judiciaire, allégé au printemps 2023, lui interdit d'exercer en Seine-Saint-Denis.
La mort de Jean-Paul Benjamin, père de famille apprécié dans le quartier populaire des Beaudottes, avait entraîné plusieurs nuits d'échauffourées.
2022 avait été une année noire des violences policières. Les tirs mortels lors de contrôles de police s'étaient multipliés en région parisienne.
Dans leur ordonnance de mise en accusation, les juges ont exclu la légitime défense invoquée par le policier, celui-ci ne se trouvant pas sur la trajectoire du fourgon conduit par l'automobiliste lorsqu'il a redémarré.
"En l'absence d'élément de danger immédiat, l'usage d'une arme en direction du conducteur n'est pas absolument nécessaire et est surtout disproportionné face au simple risque de fuite d'une personne soupçonnée du vol d'un bien", ont-elles écrit dans l'ordonnance datée du 29 août consultée par l'AFP.
Elles ont demandé le renvoi du policier devant la cour criminelle départementale de Seine-Saint-Denis.
"Mon client, qui estime avoir agi dans un cadre légal compte tenu du contexte ce jour-là, a fait appel de cette décision", a indiqué l'avocate du policier, Me Pauline Ragot.
Samedi 26 mars 2022, Jean-Paul Benjamin, à la tête d'une société de transport de marchandises et en conflit avec un intermédiaire de la multinationale Amazon pour des factures impayées, subtilise peu après 12H00 une camionnette pleine de colis à des livreurs.
Le fourgon est déclaré volé. Sur les antennes radio de police, l'alerte est donnée.
Une équipe de la BAC d'Aulnay-sous-Bois repère le véhicule sur la longue avenue Suzanne Lenglen, au trafic dense au moment des faits.
Au volant du fourgon, Jean-Paul Benjamin attend le passage d'un feu au vert pour aller vers la cité du Gros-Saule, son clignotant gauche est enclenché.
L'un des policiers de l'équipage sort de la voiture et se dirige vers le camion.
En l'espace de trois secondes, le brigadier se place à la hauteur de la portière conducteur de la fourgonnette, recule lorsque le véhicule redémarre et tire.
La balle perce la carrosserie, perfore l'omoplate de Jean-Paul Benjamin, traverse des organes vitaux et se loge dans le foie. L'automobiliste finit sa course dans le quartier voisin des Beaudottes à Sevran.
Victime d'une hémorragie interne, il décède quelques heures plus tard à l'hôpital.
- Pas de comportement dangereux -
Au moment du tir, le père de Jean-Paul Benjamin se trouvait dans un bus sur l'avenue et a vu la scène, sans savoir que son fils était la victime.
Le policier avait été mis en examen quatre jours plus tard, après être sorti de l'hôpital où il avait été admis en état de stress aigu après les faits.
Durant l'instruction, le brigadier a dit avoir craint pour sa vie et celle des piétons. Il a d'après lui agi en état de légitime défense.
Pourtant, d'après l'enquête basée sur les images de vidéosurveillance et les témoignages, Jean-Paul Benjamin n'a pas eu de comportement dangereux pour les piétons et automobilistes.
Il est aussi reproché au fonctionnaire d'être intervenu seul sans avoir attendu les renforts.
Il sera jugé pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par une personne dépositaire de l'autorité publique.
L'avocat des parents et de la fratrie de Jean-Paul Benjamin, Me Steeve Ruben, "se félicite du renvoi du fonctionnaire de police auteur du coup de feu mortel devant la cour criminelle, mais regrette néanmoins que la qualification de meurtre n'ait pas été retenue".
Pour Arié Alimi, qui représente la veuve de la victime et leurs enfants, "la famille de Jean-Paul Benjamin est soulagée. Ce d'autant plus que l'instruction s'est déroulée dans un temps relativement normal par rapport aux autres dossiers de violences policières".
"Ce sera le premier dossier de tir policier mortel qui sera jugé en cour criminelle", généralisée début 2023, a ajouté l'avocat.
Depuis juillet 2023, le mis en examen est brigadier-chef au commissariat de Villeparisis en Seine-et-Marne. Son contrôle judiciaire, allégé au printemps 2023, lui interdit d'exercer en Seine-Saint-Denis.
La mort de Jean-Paul Benjamin, père de famille apprécié dans le quartier populaire des Beaudottes, avait entraîné plusieurs nuits d'échauffourées.
2022 avait été une année noire des violences policières. Les tirs mortels lors de contrôles de police s'étaient multipliés en région parisienne.