La grève suspendue “jusqu’à nouvel ordre”


Tahiti le 13 janvier 2025 – Alors que le préavis de grève de la Fraap arrivait à échéance ce mardi matin, les syndicalistes se sont entretenus avec le président de l’assemblée Tony Géros et Teura Iriti, présidente de la commission de la fonction publique. Ils sont désormais en attente du retour de ces derniers et gardent “espoir” que le conflit se règle. Ils ont donc décidé de suspendre leur préavis de grève “jusqu’à nouvel ordre”.
 
Ce lundi après-midi, la Fédération de rassemblement des agents de l’administration de la Polynésie (Fraap) a envoyé un courrier au président du Pays Moetai Brotherson pour l’informer que le préavis de grève – qui arrivait à échéance ce mardi matin – est suspendu “jusqu’à nouvel ordre”. Une décision prise “après avoir mûrement réfléchi”, a déclaré le secrétaire général délégué Georges Ateo. Il a assuré qu’ils ont pris “leurs responsabilités” contrairement, selon eux, au président du Pays Moetai Brotherson. Le syndicat considère que si aucun protocole d’accord n’a été signé, c’est du fait du président qui a refusé d’abord de leur remettre le tableau de répartition de l’enveloppe de 250 millions francs destinée aux catégories D et également de suspendre le préavis.
 
Le secrétaire général de la Fraap Jean-Paul Urima a, au début de la conférence de presse organisée ce lundi, précisé qu’ils sont des syndicalistes “responsables” et qu’ils ne veulent pas “mettre le Pays à feu et à sang” et ne veulent pas non plus que “l’économie du Pays soit déstabilisée et réduite à néant”. Il souligne quand même que depuis décembre dernier, “la marmite était en train de bouillonner parce que nous sommes arrivés à un point assez inquiétant pour tout le monde”.

Tony Géros et Teura Iriti comme arbitres

Les cadres de la Fraap ont rencontré, quelques heures avant le dépôt du courrier à Moetai Brotherson, le président de l’assemblée de la Polynésie Tony Géros et la présidente de la commission de l’emploi et de la fonction publique Teura Iriti. Selon le secrétaire général délégué de la fédération, Gérard Barff, ces derniers ont été “sensibles à nos doléances car il s’agit de la chèreté de la vie et ces petits salaires souffrent (…). “C’est noble ce que vous faîtes (…) qu’on s’occupe des catégories D, les plus petits”, leur aurait même dit Antony Géros. Gérard Barff a même donné l’exemple d’un agent de catégorie D qui a 25 ans d’ancienneté et touche un salaire de 178 000 francs. “Cela a été bloqué et bientôt il va prendre sa retraite.”
 
Le syndicat rappelle que cette revalorisation passera d’abord en conseil supérieur de la fonction publique (CSFP) le 24 janvier prochain puis en conseil des ministres délocalisé à Nuku Hiva le 29 janvier et qu’au final, ce sont les élus qui vont voter le texte. “C’est l’assemblée finalement qui va finaliser ce projet, ce n’est pas le conseil des ministres, ce n’est pas le président, il ne fait que proposer. Maintenant on va directement à la source (…). On a encore un espoir avant qu’on parte au blocage total”, affirme Gérard Barff. Il ajoute : “S’il présente le projet et que l’assemblée vote contre, ça s’arrête là”.
 
Georges Ateo a rappelé que lors de la première grève, l’intervention du président de l’assemblée de la Polynésie avait été “positive”. Il soutient que lors des négociations qui ont suivi avec le président du Pays, “les choses étaient beaucoup plus sereines et constructives (…). L’intervention a été positive mais ce qui a été dit n’a pas été respecté. C’est pour cela qu’on a déposé un autre préavis de grève (…). Pas question d’accepter qu’on nous truande.”

“Un point de non-retour”

Selon le syndicat, Tony Géros va saisir la vice-présidente Minarii Galenon, la ministre de la Fonction publique Vannina Crolas et le ministre des Finances Warren Dexter, actuellement en mission à Paris. “Après (…) il (Tony Géros, NDLR) nous saisira pour nous faire part du chantier qu’on va mettre en place pour résoudre ce préavis de grève.”
 
Les syndicalistes de la Fraap annoncent d’ores et déjà qu’ils sont “prêts” et que les “fonctionnaires (…) sont chauds bouillants (…). On va essayer de trouver une solution avant d’y aller (…).” On va vraiment vers une grève dure et illimitée si rien n’est fait”, indiquent les cadres de la Fraap.
 
Pour le syndicat, “le président a provoqué la grève, il a pris le sens de mettre le feu (…) alors que nous, on était là pour calmer les choses et poursuivre les négociations”.
  
De son côté, le secrétaire général de la Fraap, Jean-Paul Urima, assure que le syndicat privilégie encore “le dialogue social, il va arriver un moment où on va passer au cap supérieur”, précise-t-il.  Il assure que le syndicat va “examiner jour après jour ce qui va se décider (…). Nous sommes au point de non-retour s’il continue de traiter les fonctionnaires de la sorte”.
 
Jean-Paul Urima appelle le président du Pays à “trouver une solution pour ces fonctionnaires de catégorie D (…). Dans ton gouvernement, il y a 66 membres de cabinet qui ont un budget annuel de 960 millions de francs (…) soit 14 millions de francs par agent par an, c'est-à-dire plus d’un million par agent par mois (…). Alors que le petit fonctionnaire de catégorie D rame à 170 00 francs depuis une vingtaine d’années ? Cela suffit.” Il considère que l’enveloppe de 250 millions de francs proposée par le président pour les catégories D est “des broutilles” car ils sont près de 2 000 agents.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 13 Janvier 2025 à 19:33 | Lu 2228 fois