La grève à Gaz de Tahiti s’enlise, les mises au point de la direction


Les stocks de gaz des stations service de Tahiti, qui n'ont pas été livrées depuis le début de la grève, ont été épuisés dès les premiers jours du conflit social à Gaz de Tahiti.
PAPEETE, le 25 mai 2015. La direction de Gaz de Tahiti a fait parvenir ce lundi soir un long communiqué de presse à l’issue de négociations organisées durant ce jour férié avec les grévistes qui se sont soldées par un nouvel échec. La direction constate que « après de nombreuses rencontres sur le piquet de grève avec les grévistes et six réunions de négociation sur les six derniers jours, les syndicats campent obstinément sur leurs positions, refusant ainsi de mettre un terme à cette grève, prenant en otage les entreprises et les familles polynésiennes ».

La situation reste totalement bloquée, ainsi, depuis le 6 mai et la pénurie se fait sentir, « 17 salariés sur 36 sont en grève, perturbant la production et la livraison des bouteilles de gaz ». Selon la direction le préavis de grève a surpris, car « suite aux élections des représentants du personnel en mars 2015, trois nouveaux délégués du personnel peu expérimentés ont été élus. Lors de la toute première réunion mensuelle du 26 mars, la nouvelle équipe a demandé le report des discussions au 30 avril 2015 ». Or, c’est ce 30 avril justement que le préavis de grève a été déposé. « La direction de la société s’interroge sur les réels objectifs poursuivis par les deux syndicats qui ont pourtant participé sereinement à la rédaction de la nouvelle Convention Collective ». Par ailleurs, « la grille salariale a été renégociée en septembre 2014, avec effet rétroactif au 1er janvier 2014 et il avait été convenu d’attendre avant de renégocier à nouveau la grille, compte tenu du niveau déjà très élevé des salaires des ouvriers, qui bénéficient de diverses primes liées au secteur. Alors que le Smig mensuel est à 152 914 Fcfp, un ouvrier débutant sans qualification perçoit une rémunération de 195 000 Fcfp par mois pendant les trois premiers mois, 202 000 Fcfp au bout de trois mois, 214 000 Fcfp à partir d’un an, plus un 13ème mois et de nombreux autres avantages conventionnels ».

La direction de Gaz de Tahiti s’interroge ensuite sur les raisons de cette grève qui perdure
. En effet, sur l’un des points de revendications concernant la revalorisation de la grille salariale de 2% réclamée par les syndicats, la direction « malgré des difficultés économiques sérieuses a accepté une augmentation de la grille salariale de 1% ». Gaz de Tahiti fait mention dans son communiqué de presse d’une «décroissance continue du marché du gaz depuis de longues années : -4% rien que pour le 1er trimestre 2015 ». Au sujet du point 2 des revendications, sur le départ à la retraite anticipée pour travaux pénibles, la direction soutient que «ce point de revendication bloquant ne concerne pas les salariés de la société ». Gaz de Tahiti indique que les retraités de sa société « ont perçu des indemnités plus favorables que ne le prévoyaient les textes. Certains ont bénéficié de 15 mois de salaires, alors que la convention collective prévoyait un maximum de 11 mois, quand le code du travail prévoit 2 à 4 mois ».

Enfin la direction s’étonne des nouvelles revendications déposées le 20 mai par les syndicats, "20 jours après le dépôt du préavis" concernant notamment les reclassements. « Sur 17 salariés grévistes, 8 ont déjà été reclassés au 1er trimestre 2015. Malgré cela, les syndicats demandent des avancements supplémentaires sans aucune justification, et en dehors du cadre conventionnel ». En dépit de ces mises au point, la direction de Gaz de Tahiti affirme rester « mobilisée et ouverte à la négociation ».


Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 25 Mai 2015 à 21:34 | Lu 3724 fois