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La grande chasse aux moustiques est ouverte en Polynésie


La grande chasse aux moustiques est ouverte en Polynésie
PAPEETE, mercredi 11 décembre 2013. A tous les niveaux d’autorité de la Polynésie française, de l’Etat, du Pays et des communes, la chasse aux moustiques est officiellement ouverte sur le territoire. Ce mercredi après-midi, après une réunion au Haut commissariat avec les maires polynésiens, la ministre de la santé du Pays Béatrice Chansin et Gilles Cantal, secrétaire général du haussariat, en présence du directeur de la protection civile, de responsables du Bureau de veille sanitaire du Pays et de l’Institut Louis Malardé, ont présenté les grandes lignes de ce plan de lutte contre le vecteur des virus de la dengue et du zika. Un plan qui a pris modèle sur ce qui avait été mis en place sur l’île de La Réunion en 2006 lors de la première alerte épidémique du chikungunya sur un territoire français.

Face aux moustiques qui propagent ces virus, les communes seront mises à contribution pour opérer sur leur secteur des pulvérisations d’insecticide, à partir de véhicules, dans tous les quartiers habités (même ceux les plus isolés des vallées) et pour agir au plus près, avec des diffuseurs portatifs, jusque dans les jardins. Des brigades de dix agents communaux seront préalablement formées et devront pouvoir traiter environ 200 maisons chaque jour. A cette occasion, ces équipes communales de lutte anti-vectorielle rappelleront aux habitants les bons gestes à pratiquer régulièrement chez soi (au moins une fois par semaine) pour éliminer les gîtes larvaires. Car les pulvérisations d’insecticide n’agissent que sur les moustiques adultes et laissent éclore quelques jours plus tard toutes les larves de moustiques arrivées à maturité sans avoir été atteintes par l’insecticide.

Cette première campagne de pulvérisation d’insecticide sur tous les archipels de la Polynésie pourrait démarrer dès la semaine prochaine, une fois que les communes auront reçu du Pays les produits nécessaires et qu’un zonage de chaque territoire communal sera effectué pour éviter notamment des zones sensibles (près des ruches en particulier). Cette campagne de pulvérisation d’insecticide sera coordonnée par la direction de la protection civile. Dans un souci d’efficacité deux classes différentes d’insecticide seront utilisées : le malathion, un composé organochloré dont la toxicité du résidus sur l’homme et la faune est telle, qu’il est interdit d’utilisation en Europe depuis 2007, en France depuis 2008, et plus tardivement aux Antilles. L’autre insecticide utilisé sera la deltaméthrine, jugée moins nocive et largement utilisée encore dans l’agriculture intensive française. L’alternance de deux insecticides différents permettrait selon des directives de l’OMS (organisation mondiale de la santé) d’éviter les résistances des insectes aux produits utilisés pour les tuer.

Une deuxième campagne de pulvérisation aura lieu quelques semaines plus tard pour que cette action de terrain «puisse agir dans la durée» précisait Christophe Lotigié, administrateur des îles sous le vent et du vent. Pour autant la ministre de la santé Béatrice Chansin restait précautionneuse, «des pulvérisations d’insecticide on va en faire mais il faut que chacun agisse chez soi car l’effet des pulvérisations est réduit dans le temps et qu’on ne va pas recommencer tous les trois jours, ce n’est pas sain». Cette convergence d’une lutte anti-vectorielle chimique, par les pulvérisations, et manuelle, par la destruction des gîtes larvaires est essentielle pour tenter de limiter durablement la population des moustiques qui nous entourent.

C’est pourquoi, une fois encore, les autorités font appel à l’intervention active de tous les citoyens pour mener au mieux cette lutte contre les moustiques vecteurs des virus de la dengue et du zika. «Cette lutte combinée par les pulvérisations d’insecticide et par la destruction mécanique des gîtes est absolument nécessaire dans un souci d’efficacité» assurait également Hervé Bossin chercheur en entomologie médicale à l’Institut Louis Malardé, spécialiste du moustique, de son mode de vie -dans un rayon de 150 mètres autour de nos maisons- et de la transmission par les moustiques de ces virus à l’homme. Il rappelait également un message essentiel : «il est important également de se protéger de l’exposition aux piqures des moustiques par l’utilisation quotidienne des répulsifs cutanés, des diffuseurs d’insecticide et par ces dégitages répétés chaque semaine car ce sont par les moustiques que la maladie arrive».

Ce plan de lutte contre les moustiques vecteurs de la double épidémie de dengue et de zika en Polynésie française démontre que la situation sanitaire du Pays est prise très au sérieux par les autorités, même si elle n’est pas encore critique. Ce sont les cas de complications neurologiques d’une vingtaine de patients, dont 15 ont été ou sont encore atteints du syndrome de Guillain-Barré, après avoir été atteints par le virus zika, qui ont déclenché ces mesures à grande échelle. Car dansd la majorité des cas de zika, estimés à 40 000 désormais en Polynésie, la maladie est restée bénigne. Pour la ministre de la santé, Béatrice Chansin cette réaction massive, dix jours à peine après la multiplication des cas de complications neurologiques, a été rapide et d’une grande efficacité en coordination entre le Pays et l’Etat. «Ce qui dirige notre action c’est une volonté d’anticipation. On ne veut pas se laisser surprendre, non pas par le virus du zika ou celui de la dengue, mais par une accumulation d’épidémies qui pourrait associer également la leptospirose avec le retour des pluies, ce qui aurait pour conséquence que le système de santé de Polynésie française pourrait ne plus répondre à toutes les épidémies en même temps» argumentait Gilles Cantal secrétaire général du Haut commissariat. La situation actuelle n’est donc pas critique mais elle est sérieuse. D’ici huit jours, et après la mission de l’Eprus (Etablissement de préparation et de réponses aux urgences sanitaires) qui doit repartir vendredi de Polynésie, une autre équipe venue de métropole, viendra appuyer les équipes du Pays pour mener à bien cette lutte anti-vectorielle contre les moustiques.


Sur ce sujet, lire aussi l'article sur les investigations médicales en cours en Polynésie française sur le zika, en CLIQUANT ICI

La grande chasse aux moustiques est ouverte en Polynésie

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 11 Décembre 2013 à 18:17 | Lu 2156 fois