Tahiti Infos

La goutte, une maladie liée au mode de vie


L'alimentation joue un rôle dans la goutte mais les causes sont aussi génétiques.
L'alimentation joue un rôle dans la goutte mais les causes sont aussi génétiques.
PAPEETE, le 1er avril 2019. L’Association des chirurgiens orthopédistes de Tahiti et les professeurs Philippe Neyret et Jean-Louis Rouvillain organisent cette semaine les 39e Journées d’Orthopédie d’Outre-mer. Les chirurgiens orthopédistes ont évoqué ce lundi la goutte, une maladie plus fréquente au fenua qu’en métropole. Cette maladie, qui touche essentiellement les hommes, se soigne mais nécessite que le patient modifie son mode de vie. Elle touche entre 5000 et 7000 Polynésiens et entraîne 750 hospitalisations par an. Explications avec Karim Djenadi, chirurgien orthopédiste au CHPF.


Quelles sont les causes de la goutte ?
C’est une maladie métabolique. Elle est fréquemment associée à d’autres maladies métaboliques comme les hypercholestérolémies, le diabète… La goutte est due à un taux trop élevé d’acide urique dans le sang. Au-dessus de 60 mg/L, l’acide urique forme des cristaux qui peuvent provoquer une réaction inflammatoire dans une articulation. Les deux endroits de prédilection d’accumulation de ces cristaux d’urate sont les reins. Cela peut alors donner lieu à une insuffisance rénale. L’autre tissu où s’accumulent ces cristaux sont les articulations. Cela peut entraîner des destructions articulaires et une incapacité fonctionnelle importante.
C’est une maladie métabolique qui, dans 90 % des cas, ne nécessite pas de chirurgie mais qui peut en nécessiter dans certains cas. C’est une maladie qui peut potentiellement conduire à un handicap très sévère sur le plan articulaire.

Comment cela se soigne ?
La goutte se soigne assez bien. Elle se soigne bien par des médicaments qui diminuent le taux d’acide urique dans le sang. Ce sont les médecins généralistes et les rhumatologues qui s’en occupent.
Elle se soigne aussi par un régime approprié. La goutte est une maladie intiment liée à l’alimentation et au mode de vie.
En contrôlant le mode de vie, on peut agir de manière efficace sur le taux d’acide urique dans le sang et donc sur la goutte.

« En contrôlant le mode de vie, on peut agir de manière efficace sur le taux d’acide urique dans le sang et donc sur la goutte », souligne Karim Djenadi, chirurgien orthopédiste au CHPF.
« En contrôlant le mode de vie, on peut agir de manière efficace sur le taux d’acide urique dans le sang et donc sur la goutte », souligne Karim Djenadi, chirurgien orthopédiste au CHPF.
En quoi consiste l’opération chirurgicale quand elle est nécessaire ?
On remplace les articulations quand elles sont détruites ou on enlève les accumulations d’acide urique. Cela fait des grosses boules –qui peuvent faire jusqu’à 10 centimètres de diamètre- accrochées sous la peau autour des articulations.

En tant que chirurgien orthopédiste, quelles sont vos principales interventions ?
On intervient dans deux grands domaines. Le premier c’est les traumatismes, les fractures et les plaies des tendons et des nerfs. Les fractures sont le plus souvent occasionnées par les accidents de la route mais peuvent aussi être le résultat d’accidents domestiques.
Le second est lié aux usures d’articulation. Avec l’âge, il est normal d’avoir les articulations qui s’usent. A Tahiti, il y a beaucoup d’usure des articulations des genoux liées au surpoids. Quand elles sont douloureuses au quotidien, ces usures articulaires s’opèrent par la mise en place de prothèses articulaires.


Pour les interventions en matière de traumatismes, les chirurgiens orthopédistes peuvent être amenés à intervenir 24h/24 ?
Il y a un dispositif qui fonctionne 24h/24. Les urgences graves peuvent être opérées à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. A l’hôpital, il y a eu une telle augmentation de l’activité des urgences liées aux accidents avec les deux-roues qu’un second chirurgien a été mis en place il y a une dizaine d’années pour aider le premier. La traumatologie est une préoccupation majeure en Polynésie française. C’est en train de devenir un problème de santé publique car ces accidents touchent une population jeune.

Une semaine d’échanges pour les chirurgiens orthopédistes.

L’Association des chirurgiens orthopédistes de Tahiti et les professeurs Philippe Neyret, Jean-Louis Rouvillain organisent cette semaine les 39e Journées d’Orthopédie d’Outre-mer.
Cette manifestation à haute teneur scientifique, réunit des participants et orateurs métropolitains, internationaux, et de la zone pacifique, autour de la pathologie chirurgicale de l’appareil locomoteur, et comportera aussi des exposés sur des sujets généraux dans le domaine de la santé en Polynésie Française, comme dans celui de sa culture. « C’est important de se rencontrer car nous avons des pathologies particulières ici », souligne Charles Belli, chirurgien orthopédiste. « C’est l’occasion d’échanger avec nos collègues et d’avoir des points de vue différents. »
Le ministre de la Santé, le Dr Jacques Raynal, présentera ce mardi matin les principaux problèmes de santé publique en Polynésie française.
En Polynésie française, on compte 12 chirurgiens orthopédistes.



Rédigé par Mélanie Thomas le Lundi 1 Avril 2019 à 17:04 | Lu 7957 fois