Tahiti, le 5 mai 2022 – Seule compétence exercée par la ComCom Hava'i, la gestion des déchets dans les quatre îles des Raromata'i est passée au crible par un rapport de la chambre territoriale des comptes. L'absence de CET et l'enfouissement des déchets dans des dépotoirs non autorisés à Raiatea, Taha'a, Huahine et Maupiti "conduit progressivement à un désastre écologique" pour les terres, les rivières et les lagons, révèle la juridiction financière.
La chambre territoriale des comptes a diffusé jeudi son dernier rapport d'observations définitives sur la gestion de la communauté de communes Hava'i, qui regroupe les municipalités des îles de Raiatea, Taha'a, Huahine et Maupiti aux îles Sous-le-vent. Présidée depuis 2016 par le maire de Tumara'a et président du Syndicat pour la promotion des communes, Cyril Tetuanui, la "ComCom" Hava'i n'exerce de façon "opérationnelle" qu'une seule de ses multiples compétences : celle de la collecte des déchets. Or, pour cette dernière, le rapport de la juridiction financière constate qu’elle n’est exercée que de manière très partielle et inaboutie : seule la collecte de déchets des ménages et assimilés montre un réel fonctionnement, tandis que le "traitement" de ces déchets présente à la fois de graves lacunes de gestion et fait courir un risque environnemental avéré pour ces îles, leurs rivières et leurs lagons.
Aucune décharge aux normes
Compétente pour gérer les déchets de ses communes membres, la ComCom ne possède ainsi aucune infrastructure "aux normes" pour le traitement de ses déchets. Dès 2013 pourtant, l'intercommunalité a réalisé des études pour chercher un site afin d’y aménager d'un Centre d'enfouissement technique (CET). D'abord imaginé à Faaroa à Raiatea, le projet de CET d'un coût de 900 millions de Fcfp s'est heurté jusqu'ici à des demandes d'études et de compléments d'informations "non obligatoires" de la part de la Direction de l'environnement et du ministère de l'Environnement, mais aussi à la contestation de riverains ou encore à la pétition d'une association…
Face à un "énième" complément demandé par le ministère, les membres du bureau communautaire de la ComCom ont exprimé fin 2021 "à l'unanimité" la volonté "d’arrêter tous les projets de CET prévus sur le territoire de la (ComCom) et de demander au Pays de récupérer la compétence en matière de traitement des déchets". En début d'année, une réunion s'est tenue à la présidence avec les membres de la ComCom et le gouvernement. Le propriétaire privé de la décharge de Tepua à Uturoa ayant annoncé sa volonté de ne pas reconduire son bail de location à la commune en juin 2022, le Pays a acté en raison de "l'urgence sanitaire" de ne plus exiger d'études non obligatoires. Mais compte-tenu des démarches à entreprendre et avec une durée de construction minimum de trois ans, le CET ne sera pas opérationnel "au mieux avant 2026".
Sur les trois autres îles, trois CET estimés à 300 millions de Fcfp chacun sont en projet. Mais seul l'emplacement du site de Huahine ne présente aucun problème à ce jour. Le site de Taha'a a été remis en cause par la nouvelle équipe municipale arrivée en 2020 et celui de Maupiti attend des accords de propriétaires fonciers. Là encore, la ComCom espère qu'ils seront opérationnels… "en 2030".
"Énorme pollution"
En attendant, les déchets sont stockés dans des décharges situées sur des terrains privés ou communaux. "Les ordures ménagères et les encombrants sont donc toujours déversés et stockés dans des dépotoirs non autorisés, fermés au public, sans aucune maîtrise des polluants", écrit la chambre qui a visité quatre sites et constaté des lacunes au niveau du tri. "Des entreprises de terrassements ou des communes ayant des dragues procèdent régulièrement à l’écrasement des déchets puis au recouvrement avec de la terre, afin de procéder à une nouvelle strate de déchets", commente le rapport. Et si les déchets recyclables ou les déchets spéciaux (huiles, piles, batteries) sont collectés, stockés et envoyés à Tahiti pour y être traités, la situation des autres déchets ménagers constitue une vraie menace pour l'environnement dans les îles Sous-le-vent.
Pour la chambre, l'absence de CET est "critique" puisque les dépotoirs actuels "arrivent à saturation à moyen terme". Les directeurs des services estiment leur exploitation encore possible pour les cinq prochaines années au maximum, et évoquent des problèmes de place et de stabilité des terrains. Le rapport observe surtout que ces décharges "polluent énormément l’environnement à cause du lixiviat (polluants issus des déchets), non capté, qui pénètre dans le sol et se propage vers les nappes phréatiques et dans les rivières pour finir dans le lagon". Pour la chambre territoriale des comptes, c'est un "désastre écologique" qui se dessine progressivement en l’absence d’actions concertées des communes, du Pays et de la ComCom pour "stopper l’émission de flux polluants".
La chambre territoriale des comptes a diffusé jeudi son dernier rapport d'observations définitives sur la gestion de la communauté de communes Hava'i, qui regroupe les municipalités des îles de Raiatea, Taha'a, Huahine et Maupiti aux îles Sous-le-vent. Présidée depuis 2016 par le maire de Tumara'a et président du Syndicat pour la promotion des communes, Cyril Tetuanui, la "ComCom" Hava'i n'exerce de façon "opérationnelle" qu'une seule de ses multiples compétences : celle de la collecte des déchets. Or, pour cette dernière, le rapport de la juridiction financière constate qu’elle n’est exercée que de manière très partielle et inaboutie : seule la collecte de déchets des ménages et assimilés montre un réel fonctionnement, tandis que le "traitement" de ces déchets présente à la fois de graves lacunes de gestion et fait courir un risque environnemental avéré pour ces îles, leurs rivières et leurs lagons.
Aucune décharge aux normes
Compétente pour gérer les déchets de ses communes membres, la ComCom ne possède ainsi aucune infrastructure "aux normes" pour le traitement de ses déchets. Dès 2013 pourtant, l'intercommunalité a réalisé des études pour chercher un site afin d’y aménager d'un Centre d'enfouissement technique (CET). D'abord imaginé à Faaroa à Raiatea, le projet de CET d'un coût de 900 millions de Fcfp s'est heurté jusqu'ici à des demandes d'études et de compléments d'informations "non obligatoires" de la part de la Direction de l'environnement et du ministère de l'Environnement, mais aussi à la contestation de riverains ou encore à la pétition d'une association…
Face à un "énième" complément demandé par le ministère, les membres du bureau communautaire de la ComCom ont exprimé fin 2021 "à l'unanimité" la volonté "d’arrêter tous les projets de CET prévus sur le territoire de la (ComCom) et de demander au Pays de récupérer la compétence en matière de traitement des déchets". En début d'année, une réunion s'est tenue à la présidence avec les membres de la ComCom et le gouvernement. Le propriétaire privé de la décharge de Tepua à Uturoa ayant annoncé sa volonté de ne pas reconduire son bail de location à la commune en juin 2022, le Pays a acté en raison de "l'urgence sanitaire" de ne plus exiger d'études non obligatoires. Mais compte-tenu des démarches à entreprendre et avec une durée de construction minimum de trois ans, le CET ne sera pas opérationnel "au mieux avant 2026".
Sur les trois autres îles, trois CET estimés à 300 millions de Fcfp chacun sont en projet. Mais seul l'emplacement du site de Huahine ne présente aucun problème à ce jour. Le site de Taha'a a été remis en cause par la nouvelle équipe municipale arrivée en 2020 et celui de Maupiti attend des accords de propriétaires fonciers. Là encore, la ComCom espère qu'ils seront opérationnels… "en 2030".
"Énorme pollution"
En attendant, les déchets sont stockés dans des décharges situées sur des terrains privés ou communaux. "Les ordures ménagères et les encombrants sont donc toujours déversés et stockés dans des dépotoirs non autorisés, fermés au public, sans aucune maîtrise des polluants", écrit la chambre qui a visité quatre sites et constaté des lacunes au niveau du tri. "Des entreprises de terrassements ou des communes ayant des dragues procèdent régulièrement à l’écrasement des déchets puis au recouvrement avec de la terre, afin de procéder à une nouvelle strate de déchets", commente le rapport. Et si les déchets recyclables ou les déchets spéciaux (huiles, piles, batteries) sont collectés, stockés et envoyés à Tahiti pour y être traités, la situation des autres déchets ménagers constitue une vraie menace pour l'environnement dans les îles Sous-le-vent.
Pour la chambre, l'absence de CET est "critique" puisque les dépotoirs actuels "arrivent à saturation à moyen terme". Les directeurs des services estiment leur exploitation encore possible pour les cinq prochaines années au maximum, et évoquent des problèmes de place et de stabilité des terrains. Le rapport observe surtout que ces décharges "polluent énormément l’environnement à cause du lixiviat (polluants issus des déchets), non capté, qui pénètre dans le sol et se propage vers les nappes phréatiques et dans les rivières pour finir dans le lagon". Pour la chambre territoriale des comptes, c'est un "désastre écologique" qui se dessine progressivement en l’absence d’actions concertées des communes, du Pays et de la ComCom pour "stopper l’émission de flux polluants".
Et si Bora Bora entrait dans la ComCom Hava'i
Le dernier rapport de la chambre territoriale des comptes sur la Communauté de commune de Hava'i évoque la situation d'exclusion de Bora Bora de l'intercommunalité “bien qu'elle soit le moteur économique des îles Sous-le-Vent”. Une situation justifiée à l'origine de la création de la ComCom par des questions budgétaires. L'adhésion de Bora Bora aurait en effet fait dépasser le seuil de 35 000 habitants à la communauté de commune, et entraîné ainsi une baisse de la dotation d'intercommunalité de 157 à 107 millions de Fcfp. Sauf que les dernières modifications du Code général des collectivités territoriales (CGCT) ne pénalisent plus cette dotation depuis 2020. Résultat, des “réflexions” sont en cours sur l'intégration de Bora Bora dans la ComCom. Restent quelques problèmes à régler. Principalement celui de la gestion des déchets de la Perle du Pacifique. Bora Bora possède un CET aux capacités limitées par des problématiques foncières. Et son adhésion à la ComCom est conditionnée par la mise en place d'une “solution pérenne et durable” de traitement des déchets. La ComCom aurait pourtant tout à gagner à cette adhésion, relève la chambre : augmentation de la DGF et des participations communales, ou encore gain des redevances d'ordures ménagères des professionnels de Bora Bora…