La foire agricole sème ses graines pour l’avenir


Comme chaque année à la foire agricole, on trouve de beaux spécimens du côté des animaux.
Tahiti, le 28 septembre 2023 – Véritable vitrine du secteur primaire, la foire agricole fait son grand retour sur les plateaux de Outumaoro à Punaanuia. Et pour cette 37e édition, la foire se veut inspirante et fédératrice. En effet, du côté du Pays, l'événement constitue un enjeu majeur : promouvoir la production et la consommation des produits locaux, afin d'esquisser l'idée d'une souveraineté alimentaire.
 
Ce jeudi 28 septembre marquait l'ouverture de la 37e édition de la foire agricole, qui se tient jusqu’aux 8 octobre sur les plateaux de Outumaoro, à Punaauia. Un rendez-vous annuel pour les professionnels et les artisans du secteur primaire, mais aussi pour un public très large. Car au-delà d'une simple exposition, la foire agricole, c'est une ambiance : le boucan des porcelets se disputant les mamelles de la truie, l'odeur du poulailler et du crottin. En somme, la vie, la vraie. Un spectacle unique pour les scolaires, heureux de troquer leurs devoirs pour une sortie en plein air : “C'est carrément top ! En vrai, un cochon, c'est gros en fait !”, déclarait tout sourire le jeune Hiro, devant une truie bien imposante.
 
Du côté des accompagnateurs, la mission était remplie : “Ils sont mieux ici qu'à l'école entre quatre murs. Et puis, certains d'entre eux voient pour la première fois un taureau, des chèvres, une oie. C'est le but de ces sorties, leur faire découvrir les animaux, les fruits, les légumes ou encore les plantes. Même si évidemment, ils préfèrent les animaux.” Et pour cause, certains des animaux se sont montrés très coopératifs, à l'exemple des lapins ou des poules, s'imaginant peut-être recevoir une gourmandise de la part de chaque enfant.
 
Dans certains enclos, les exposants n'ont pas hésité à monter de petites structures de permaculture, afin de montrer la parfaite cohabitation possible entre élevage et plantation : “C'est un tout. Il n'y a pas d'un côté les plantes, de l'autre les animaux, puis nous. La nature est unique et indivisible. Il est donc normal de les retrouver ensemble, non ?”, tentait d'expliquer l'un d'entre eux à des enfants pas certains d'avoir tout saisi. Mais qu'importe, le message est là et il s'installe dans les représentations collectives.
 
Vers une souveraineté alimentaire   
 
Pour les pouvoirs publics, cette 37e édition de la foire agricole s'inscrit dans une démarche bien précise : changer les habitudes alimentaires des Polynésiens et consommer mieux en consommant local. “C'est notre rôle d'accompagner les Polynésiens dans cette transition alimentaire, qui n'est plus un rêve ambitieux mais une réalité à atteindre”, déclarait Thomas Moutame, président de la chambre d'agriculture et de la pêche lagonaire (CAPL), conscient de l'impact de ces foires agricoles sur le jeune public. “Nous devons tout mettre en œuvre pour qu'un jour, peut-être, ces enfants deviennent des agriculteurs, au rendement important, et qui intègreront à nouveau la culture vivrière et naturelle au cœur des familles.” Car pour le président de la CAPL, l'avenir de l'alimentation se trouve dans l'autoconsommation : “Il faut donner aux familles les moyens d'installer leur propre petit potager, inciter l'autoconsommation et le lien à la terre”. En d'autres termes, prôner l'indépendance alimentaire.
 
Une vision partagée par le ministre de l'Agriculture et des Ressources marines, Taivini Teai, qui promet une année de chantiers pour 2024 : “La raison d'être de mon ministère est de sécuriser notre alimentation pour permettre la souveraineté de notre pays. Près de 17 milliards de fonds publics seront inscrits au budget 2024 pour poursuivre la construction d'infrastructures essentielles à notre souveraineté alimentaire. Comprenant, entre autres, des hangars réfrigérés sur les quais, le futur hub aquacole de Hao, la livraison de deux abattoirs d'élevage, un aux îles Sous-le-Vent et l'autre aux Marquises, l'ouverture d'une nouvelle écloserie de production de crevettes et autres poissons lagonaires, la constitution d'un marché de gros dédié à l'approvisionnement des cantines scolaires ou encore une banque alimentaire pour les plus démunis.”
 
Toutefois, le ministre assure ne pas se bercer d'illusions. Pour atteindre cette souveraineté alimentaire, il va falloir libérer du foncier dédié à l'agriculture, à l'élevage et à l'aquaculture. Et si les terres domaniales aménageables, notamment sur les îles du Vent, se font rares, le ministre espère néanmoins les mettre à la disposition de la population, désireuse de se lancer dans une production agricole à l'échelle familiale : “Je proposerai prochainement une loi du Pays qui permettra aux familles de réaliser des pistes d'accès agricole sur cette terre qui est la leur, et qui est aujourd'hui enclavée ou en friche.” Reste à savoir quelle part représente cette population prête à remettre les mains dans la terre.

Fruits ou légumes, vous n'aurez que l'embarra du choix à la foire !

Les enfants sont ravis, ils peuvent approcher les animaux et même les toucher.

Rédigé par Wendy Cowan le Jeudi 28 Septembre 2023 à 17:59 | Lu 2100 fois