La fédération des rāhui prête à financer ses premières actions avec Pew-Bertarelli


Tahiti, le 3 avril 2024 - Ce mercredi, les membres de la fédération des rāhui Te Marae Mo’a se sont réunis à la mairie de Mataiea avec leurs partenaires de la Fédération des associations de protection de l’environnement (Fape - Te Ora Naho) et de la Direction des ressources marines (DRM) dans le cadre de la signature d’une convention relative au versement d'une subvention de 5 millions de francs par la fondation Pew-Bertarelli. Cette première dotation devrait permettre d’impulser la professionnalisation du montage des dossiers de demande d'accompagnement financier. Objectif : faire face aux enjeux de préservation des ressources lagonaires, en commençant par la surveillance des zones protégées.
 
Créée en octobre dernier, la fédération des rāhui Te Marae Mo’a réunit l’ensemble des comités de gestion de Tahiti, de Teahupo’o à Tautira, en passant par Hitia’a o te Ra, Mahina, Papara ou encore Teva i Uta, et bientôt Faa’a et Paea. Avant de s'ouvrir aux îles, il s'agit pour ces défenseurs des ressources marines de franchir un premier cap en passant à l'action autour de deux points cruciaux : optimiser le suivi sur le terrain, dont la surveillance, et obtenir les financements pour y parvenir.
 

Une subvention de 5 millions de francs

“On est en train de poser les bases de la fédération”, explique Clément Vergnhes, adjoint au maire de Teva i Uta et président de Te Marae Mo’a. “On a besoin de moyens pour mettre en place nos projets et soutenir les comités de gestion des ZPR (zones de pêche réglementée, NDLR) et des rāhui. On a la chance d’être accompagnés par la Fape et Pew-Bertarelli, qui nous accorde aujourd’hui une subvention de 5 millions, qui va nous être très utile. Le premier objectif, ça va être de se doter d’une personne capable de répondre aux appels à projets pour bénéficier des fonds et aides disponibles. En sachant que notre gros problème, c’est la surveillance. On envisage d’ailleurs de travailler sur la piste de l’utilisation de drones. On souhaite aussi encourager les projets aquacoles pour proposer des alternatives aux pêcheurs”, poursuit-il.
 

“Être force de proposition”

L’attribution de cette subvention a été précédée de la signature d’une convention, ce mercredi matin, à la mairie de Mataiea, en présence des référents de chaque entité. “Il faut arrêter de se plaindre et être force de proposition”, a encouragé le président de la fédération des rāhui, qui a présenté les grandes lignes des objectifs mutuels pour l’année en cours, tout en laissant la possibilité à chacun de s’exprimer sur le sujet.
 
L’occasion pour Éric Pédupèbe, représentant de la ZPR de Tautira, d’évoquer le test en cours de jumelles de vision nocturne. “Nous avons sollicité un financement auprès de Pew-Bertarelli pour pouvoir assurer une bonne surveillance de nuit. Cet outil nous permet de voir jusqu’à 400 mètres. Pour l’instant, nous n’avons surpris personne dans le rāhui, donc soit les contrevenants sont au courant que nous sommes équipés, soit ils sont très discrets…”, remarque le résident de la Presqu’île, également impliqué dans l’Aire marine éducative (AME) de l’école du village.
 
Cette rencontre a également été l’occasion d’annoncer qu’un 7e appel à projets en faveur des rāhui sera lancé par la fondation Pew-Bertarelli dans les prochaines semaines. Une soixantaine de projets ont déjà été financés au Fenua.
 

Donatien Tanret, directeur du programme Héritage des océans de Pew-Bertarelli en Polynésie française : “Bientôt 16 rāhui à Tahiti et près de 40% du lagon”

“On soutient les initiatives de rāhui depuis de nombreuses années à travers des subventions ou une assistance technique plus complète selon les communes et les sites. C’était la suite logique d’accompagner la création de cette fédération en lui attribuant une subvention pour qu’elle puisse se structurer et se mettre en place, développer des activités, renforcer le réseau de rāhui à Tahiti et dans les îles, etc. (…) Ça fonctionne : il y a de plus en plus de rāhui qui se mettent en place. Autour de l’île de Tahiti, on en compte 13, bientôt 16, et ça représente près de 40% du lagon. C’est un bon effort collectif avec des bénéfices pour la communauté dans son ensemble.”
 

L’état des lieux des rāhui de Tahiti

Avec le soutien financier de Pew-Bertarelli, la Fape vient de publier un état des lieux des rāhui de Tahiti sous forme de livret. La réglementation en vigueur sur chaque ZPR y est rappelée, mais aussi le contexte de mise en place, les modalités de gestion, les projets ou encore les difficultés rencontrées. Distribué en version papier, ce document-ressource est également disponible en ligne sur le site de la Fape.
 
 

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Mercredi 3 Avril 2024 à 18:21 | Lu 1719 fois