La fédération des "cars audio" toujours dans l'attente d'un lieu adéquat


Pour eux, le meilleur endroit est le site de Nivee, parce que "c'est un endroit stratégique, loin des habitations", assure Vatea Huri, président de la fédération polynésienne des "cars audio".
PAPEETE, le 4 avril 2018 - Ils font des démonstrations les dimanches à Punaruu, malgré les interdits. Ces passionnés du gros son attendent toujours que leur cas soit pris au sérieux par le gouvernement. Certaines rumeurs circulent au sujet du site de Nivee, mais apparemment ce ne sera pas le cas.

Le ministère de l'environnement n'a pas souhaité réagir au sujet du site de Nivee, à Papenoo. Sera-t-il oui ou non attribué aux associations de "car audio" ? "Ils nous ont juste dit que le site était fermé", assure-t-on du côté de la cellule de communication de la Présidence.

Cependant, des rumeurs circuleraient auprès des personnes concernées. "J'ai vu une amie qui m'a prévenu que le site de Nivee de Papeeno a été retenu comme lieu pour nous", confie Mato, 48 ans. "J'attends le 18 avril, où nous irons faire le tour de l'île avec un parti politique, et on ira directement voir le spot. D'après ce qu'on m'a dit, ça a été officialisé. C'est un grand soulagement pour nous, parce que certains vont sur la route pour faire leur musique. Tout ce que nous demandons c'est d'avoir un site pour que l'on puisse exercer notre passion", poursuit-il.

Aujourd'hui, ces passionnés de musique se retrouvent les dimanches dans la vallée de Punaruu pour faire leurs démonstrations. "C'est le seul endroit où on ne dérange personne", explique Mato. "Si personne ne met en place de spot où on puisse exprimer notre passion, je crois que les gens n'auront plus d'endroits où jouer. Donc, ils iront près des maisons", rajoute Big gin de Mahina.

Pour eux, le meilleur endroit est le site de Nivee, parce que "c'est un endroit stratégique, loin des habitations", assure Vatea Huri, président de la fédération polynésienne des "cars audio". Selon Vatea Huri, ce terrain représenterait une superficie de 600 m², l'idéal pour eux.

Actuellement, ces passionnés de musique se retrouvent souvent confrontés face à plusieurs dérives de la part d'autrui, ce qui leur vaut une mauvaise réputation auprès des habitants. "C'est plus à cause des personnes qui ne respectent pas l'environnement, c'est-à-dire ceux qui viennent boire près des "cars audio" et qui laissent leurs déchets aux alentours, et qui créé des bagarres… C'est ça qui fait une mauvaise réputation de notre activité. Nous, nous sommes passionnés et nous achetons ce qu'il faut pour nous améliorer. Nous voulons juste tester nos appareils, sauf qu'après, les gens viennent, boivent, dansent et ça peut partir en pagaille ou pas", témoigne Big gin. "La fédération via sa page a publié des avertissements, pour les véhicules mal garés, l'alcool et les bagarres. Entre les propriétaires de car-audio règne une entente et une confiance absolue. Alors oui, ceux qui se pointent à Punaruu et qui perturbent notre moment de passion, sont bien des gens de tous horizons. Et grâce à ces personnes, Punaruu nous a été interdit par le tāvana Rony Tumahai", rajoute Vatea Huri.

Depuis le 16 avril 2017, ces passionnés de musique ne peuvent plus fréquenter le site de Punaruu, même si quelques-uns y vont encore aujourd'hui. Et pour vivre librement leur passion, chacun se retrouve sur des lieux qu'eux seuls connaissent. Mais, tous espèrent obtenir les autorisations nécessaires pour se rendre à Nivee. Le président de la fédération informe qu'un dossier a été déposé fin 2017, au pays, pour l'utilisation de ce site. L'affaire est aujourd'hui entre les mains des politiques.

La fédération polynésienne des car-audio regroupe actuellement onze associations réparties sur Tahiti, Moorea, Raiatea et Bora Bora, ce qui représenterait entre 200 et 250 personnes.


Mato, 48 ans
Papara

"Il faudrait que le pays nous regarde"


"Depuis petit, je suis dans la musique et je me trouvais même au milieu de deux haut-parleurs, et quand la musique s'arrêtait, eh bien, je pleurais. C'est resté dans la tête, et en même temps, je suis musicien avec deux de mes frères. J'ai joué avec Vaihiria Band, on était aussi avec Gabilou, Melveen Leed…
Je suis chanteur, musicien et sonorisation, donc je gagne ma vie comme ça. Et j'ai acquis mon matériel petit à petit, ça ne s'est pas fait d'un coup.

Si on ne donne pas d'endroit pour que l'on puisse nous exprimer, comme pour les groupes de danse, eh bien, nous chercherons un endroit où il y a sûrement des gens qui habitent à côté, c'est normal que les gens se plaignent après. Il faudrait que le pays nous regarde, parce que nous, nous pourrons aussi être là pour le pays, s'ils ont besoin de nous.
"


Big Gin, 28 ans
Mahina

"J'ai dépensé près de 5 millions pour m'équiper"


"Ça fait deux ans que je suis dans ce domaine. Je suis passionné de car-audio depuis mon plus jeune âge. Lorsque j'étais adolescent, eh bien, je savais que le coût des appareils était élevé. Du coup, je me suis dit qu'il fallait que je travaille pour avoir mon matériel.

Au départ, je voulais prendre une petite sono à mettre dans ma voiture pour madame. Mais, c'est plus sous l'influence de son cousin, que je me suis lancé et que j'ai monté de niveau en niveau, et ça n'arrête plus. En gros, j'ai dépensé près de 5 millions pour m'équiper.

On attend de voir si le site de Nivee nous sera véritablement attribué, ça me ferait réellement plaisir puisque j'habite à Mahina.
"


Zoom

De son côté, l'association Te ora hau a transmis un manifeste à tous les candidats pour les territoriales, afin qu'ils s'engagent dans le combat contre les nuisances sonores.

Parmi les sept points qui y figurent, on retrouve, l'application de tous les textes de loi et règlements existants "dans le domaine de la lutte contre les nuisances sonores qu’ils soient du pays ou communaux". L'association demande aussi aux politiques d'élaborer et de présenter une loi de Pays "portant création d’un article du code de la route de Polynésie française visant à interdire, pour des raisons de sécurité et de santé, l’installation du matériel "Boum Boum" dans tous les véhicules". Renforcer également la règlementation dans les restaurants, les boites de nuit ainsi que dans les établissements de loisirs. Créer aussi des lieux qui permettront l'expression artistique et sportive "sans générer de nuisances sonores pour le voisinage". En ce qui concerne le trafic aérien, l'association demande la mise en place d'une loi qui permettrait de limiter les nuisances sonores. Enfin, Te ora hau voudrait qu'une loi de pays "portant déclaration d’intérêt public" de cette association, soit faite.
Pour conclure, l'association s'engage à rendre publique la position des candidats aux territoriales sur ces sujets, avant les élections.


Malgré les interdits, quelques passionnés se retrouvent encore à Punaruu.

Rédigé par Corinne Tehetia le Mercredi 4 Avril 2018 à 16:56 | Lu 5155 fois