La "drogue du violeur" fait-elle de nouveau surface à Papeete ?


Sur Facebook, un internaute polynésien signale avoir vu un jeune homme utiliser une substance douteuse en soirée. Il a réussi à prévenir la jeune femme que son verre avait été piégé. Mais apparemment il n'a pas prévenu ni les gendarmes, ni la DSP.
PAPEETE, le 13 février 2015. Un témoignage partagé plusieurs milliers de fois sur Facebook par un internaute polynésien depuis le début de la semaine fait état d'une circulation de GHB, plus communément connue comme "drogue du violeur" à proximité des établissements nocturnes de Papeete. Du côté des autorités, police et gendarmerie pourtant, aucune affaire récente qui aurait pu mettre en cause l'utilisation de cette substance n'a été ouverte depuis très longtemps. Il n'en reste pas moins qu'en soirée, il vaut mieux rester prudent et ne pas laisser son verre sans surveillance. Il suffit de quelques instants à une personne mal intentionnée pour dissoudre dans une boisson la substance qui ne laisse ni odeur ni couleur repérable, sauf un léger goût salé.

Le Centre de Consultations Spécialisées en Alcoologie et Toxicomanie (CCSAT) de Polynésie, explique que le GHB (acide Gamma Hydroxy Butyrique ou gamma OH) était à l'origine un anesthésiant, utilisé pour les traitements anti-douleurs. Au début des années 1990, son usage initial a été détourné pour être consommé pour ses propriétés euphorisantes et désinhibitrices ou à des fins criminelles (vols, agressions sexuelles, extorsions de fonds…). Les victimes ayant absorbé du GHB, même à leur insu, perdent la capacité à refuser les rapports sexuels non désirés.

Pour Marie-Françoise Brugiroux, médecin du CCSAT même s'il n'y a pas d'affaires judiciaires en cours mettant en cause la GHB depuis un an ou deux, cela n'indique pas que cette substance n'est pas utilisée. "Cela n'aurait rien d'étonnant, il circule de tout en Polynésie aussi il n'y a aucune raison qu'il n'y ait pas aussi du GHB". Le message est donc d'alerter les jeunes qui sortent en boîte de nuit ou dans les soirées d'être très prudents avec leurs boissons, de les surveiller ou les faire surveiller quand on danse. Enfin, d'alerter rapidement et de consulter un médecin très vite en cas de doute pour pourvoir procéder aux analyses qui s'imposent à la recherche du GHB. "C'est une substance dont la durée est très limitée et qui ne laisse plus de traces dans les deux jours qui suivent. On a eu quelques suspicions mais les jeunes femmes qui avaient un doute sont venues trop tard. Vous savez les gens ont honte, leur comportement lors d'une soirée a été très différent, délirant, avec beaucoup d'excitation, il y a une retenue à parler de ça. Quand ils comprennent que ce n'était pas normal et qu'ils viennent consulter c'est beaucoup trop tard pour apporter des preuves" explique encore Marie-Françoise Brugiroux.

L'association Vivre Sans Drogue a eu à traiter un cas suspect, concernant une jeune fille, il y a deux semaines mais là aussi la consultation médicale réalisée a posteriori, et pourtant rapidement, n'a rien révélé de douteux. Ce qui ne doit pas empêcher d'être effectivement prudent à propos de cette substance et de sa circulation actuelle sur le territoire. Le Centre de Consultations Spécialisées en Alcoologie et Toxicomanie ajoute enfin un autre message de prévention à l'égard des jeunes et de leur consommation d'alcool lors des soirées, "j'étais dans une soirée de jeunes récemment et quand on voit le nombre de verres d'alcool qui sont bus, il y a de quoi être inquiet. A la fin de la soirée, avec ou sans GHB, ils ne contrôlent plus rien du tout". Alors, si vous sortez ce soir ou demain pour la Saint-Valentin, soyez prudents et raisonnables !

Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 13 Février 2015 à 11:06 | Lu 5333 fois