PAPEETE, le 8 août 2016 - Installé en Polynésie depuis 2002, le photographe John Stember a su capter l’essence de la beauté des femmes polynésiennes, loin des clichés véhiculés par le mythe occidental de la vahine. Une approche hors du temps avec des clichés en sépia, qui se veut authentique dans l’imaginaire créatif de l’artiste. Rencontre avec le photographe.
Vous êtes un photographe autodidacte, comment a débuté votre carrière artistique ?
J.S : "J’ai commencé ma carrière artistique très jeune, à 19 ans. À l’époque, c’était loin d’être une perspective viable ! J’ai eu l’opportunité de pouvoir assister le photographe John French, l’un des pionniers de la photographie d’art en Angleterre, auprès de qui je me suis formé et grâce à qui j’ai pu côtoyer la supermodèle Jean Shramptom dans les années 1960. Depuis, je ne me sépare jamais de mon appareil photo et suis en perpétuelle recherche de modèles pour tous types de projets !"
Depuis vos débuts en photographie, la femme reste le sujet principal de vos clichés. Qu’est-ce qui motive ce choix créatif ?
"Comme pour beaucoup, cela doit s’apparenter à un rapport œdipien que j’entretenais avec ma propre mère ! Né prématuré de deux mois et demi, en pleine Seconde Guerre Mondiale, j’ai passé près de 3 mois sous couveuse, sans rapport maternel direct. D’où le besoin de compenser par la suite ! Du reste, la femme représente pour moi le lien direct au vivant, d’où le grand respect que je leur porte et l’inspiration qu’elles produisent en moi."
Après plus de 30 ans de carrière dans les hautes sphères de la mode internationale, Te hine manea est votre premier livre édité, qui plus est par une maison d’édition polynésienne. C’est l’attrait du mana qui vous a convaincu ?
"Mon premier contact avec la culture polynésienne s’est produit aux Marquises, à mon arrivée en bateau. J’y ai découvert avec surprise que la société traditionnelle pré-coloniale était en fait une société matriarcale. C’est pourquoi j’ai voulu rendre hommage à ces femmes de caractère qui ont su fédérer un peuple aussi noble, avec humilité et tempérance. Ensuite, j’ai été agréablement surpris de voir à quel point la mixité culturelle et ethnique a opéré depuis les premiers contacts avec les européens, ce qui d’un point de vue artistique et photographique, offre beaucoup plus de matière et propose un idéal de "beauté" si large que j’ai de suite songé à bâtir un projet artistique innovant, mettant en valeur la richesse culturelle du peuple ma’ohi."
Vous parlez de "beauté", c’est un concept plutôt subjectif et complexe à définir. Quelle est votre vision du beau ?
"Ma vision artistique du beau se traduit par la manifestation la plus profonde permettant d’impacter les consciences des spectateurs, cela même qui nourrit ma créativité et ravive notre rapport à l’amour, inconditionnel. Pour moi, ces deux concepts, d’amour et de beauté, sont étroitement liés. À la différence des photographies de mode, qui répondent à des impératifs commerciaux avant d’être purement artistiques, j’ai voulu rompre avec ce schéma rébarbatif et laisser libre court à l’expression intuitive, primitive que l’on ressent dans la plupart des clichés. De plus, la vision du "beau" que je tente d’exprimer dans cet ouvrage résulte aussi de la combinaison entre le lieu de shooting, la personnalité et le caractère du modèle -en général, je les laisse s’exprimer le plus naturellement possible-, dans une approche la plus primitive et innocente possible."
On retrouve parmi les huit modèles de ce livre des femmes aux traits tout à fait différents, de parfaites inconnues aux ex-miss Tahiti, telles Ravanui Teriitaumihau ou encore Manoa Fruge. Comment avez-vous réalisé votre sélection de modèles ?
"Ce projet de livre s’est présenté très rapidement après mon arrivée en Polynésie. J’ai eu l’opportunité de collaborer avec Tumata Robinson, alors directrice des Grands Ballets de Tahiti, qui s’est occupée du casting et de la direction artistique, ainsi que Maïte Garnier qui m’a assisté tout du long. Pour le choix des modèles, nous avons bénéficié du réseau de Tumata et de celui de mon éditeur, Christian Robert. L’intention n’était pas tant de mettre en avant des jeunes femmes déjà célèbres localement, mais il s’agit plutôt d’une réaction instantanée à la personnalité et au caractère de chacune. Leur beauté innée émane de leur tempérament et de leur force de caractère, propre à chacune, sans préférence de type ni d’ethnie, ni d’âge. Le choix d’un cadre naturel pour réaliser les shooting a aussi permis aux modèles d’être plus spontanées, de laisser libre court à leur essence vitale exaltée par le mana de chaque lieu, que ce soit en bord de mer à Hiti’ia, au fond d’une vallée de la presqu’île ou dans l’intimité de la résidence traditionnelle de Tumata Robinson, et ses ambiances très "Tahiti belle époque" !"
Une anecdote à partager au sujet de ce livre ?
"Eh bien, il y en aurait plusieurs ! Outre le fait que chaque histoire soit propre à chaque jeune femme avec qui j’ai collaboré pour réaliser ce livre, je reste captivé par un cliché en particulier : celui où l’on voit la belle et Iriatai assise, jambes et bras croisés, devant une cabane délabrée au milieu d’une cocoteraie, recouverte de tôles et de feuilles de palmier tressées. Au-delà de la noblesse naturelle qui se dégage d’Iriatai, elle est l'une des rares modèles âgée de plus de 25 ans."
Vous êtes un photographe autodidacte, comment a débuté votre carrière artistique ?
J.S : "J’ai commencé ma carrière artistique très jeune, à 19 ans. À l’époque, c’était loin d’être une perspective viable ! J’ai eu l’opportunité de pouvoir assister le photographe John French, l’un des pionniers de la photographie d’art en Angleterre, auprès de qui je me suis formé et grâce à qui j’ai pu côtoyer la supermodèle Jean Shramptom dans les années 1960. Depuis, je ne me sépare jamais de mon appareil photo et suis en perpétuelle recherche de modèles pour tous types de projets !"
Depuis vos débuts en photographie, la femme reste le sujet principal de vos clichés. Qu’est-ce qui motive ce choix créatif ?
"Comme pour beaucoup, cela doit s’apparenter à un rapport œdipien que j’entretenais avec ma propre mère ! Né prématuré de deux mois et demi, en pleine Seconde Guerre Mondiale, j’ai passé près de 3 mois sous couveuse, sans rapport maternel direct. D’où le besoin de compenser par la suite ! Du reste, la femme représente pour moi le lien direct au vivant, d’où le grand respect que je leur porte et l’inspiration qu’elles produisent en moi."
Après plus de 30 ans de carrière dans les hautes sphères de la mode internationale, Te hine manea est votre premier livre édité, qui plus est par une maison d’édition polynésienne. C’est l’attrait du mana qui vous a convaincu ?
"Mon premier contact avec la culture polynésienne s’est produit aux Marquises, à mon arrivée en bateau. J’y ai découvert avec surprise que la société traditionnelle pré-coloniale était en fait une société matriarcale. C’est pourquoi j’ai voulu rendre hommage à ces femmes de caractère qui ont su fédérer un peuple aussi noble, avec humilité et tempérance. Ensuite, j’ai été agréablement surpris de voir à quel point la mixité culturelle et ethnique a opéré depuis les premiers contacts avec les européens, ce qui d’un point de vue artistique et photographique, offre beaucoup plus de matière et propose un idéal de "beauté" si large que j’ai de suite songé à bâtir un projet artistique innovant, mettant en valeur la richesse culturelle du peuple ma’ohi."
Vous parlez de "beauté", c’est un concept plutôt subjectif et complexe à définir. Quelle est votre vision du beau ?
"Ma vision artistique du beau se traduit par la manifestation la plus profonde permettant d’impacter les consciences des spectateurs, cela même qui nourrit ma créativité et ravive notre rapport à l’amour, inconditionnel. Pour moi, ces deux concepts, d’amour et de beauté, sont étroitement liés. À la différence des photographies de mode, qui répondent à des impératifs commerciaux avant d’être purement artistiques, j’ai voulu rompre avec ce schéma rébarbatif et laisser libre court à l’expression intuitive, primitive que l’on ressent dans la plupart des clichés. De plus, la vision du "beau" que je tente d’exprimer dans cet ouvrage résulte aussi de la combinaison entre le lieu de shooting, la personnalité et le caractère du modèle -en général, je les laisse s’exprimer le plus naturellement possible-, dans une approche la plus primitive et innocente possible."
On retrouve parmi les huit modèles de ce livre des femmes aux traits tout à fait différents, de parfaites inconnues aux ex-miss Tahiti, telles Ravanui Teriitaumihau ou encore Manoa Fruge. Comment avez-vous réalisé votre sélection de modèles ?
"Ce projet de livre s’est présenté très rapidement après mon arrivée en Polynésie. J’ai eu l’opportunité de collaborer avec Tumata Robinson, alors directrice des Grands Ballets de Tahiti, qui s’est occupée du casting et de la direction artistique, ainsi que Maïte Garnier qui m’a assisté tout du long. Pour le choix des modèles, nous avons bénéficié du réseau de Tumata et de celui de mon éditeur, Christian Robert. L’intention n’était pas tant de mettre en avant des jeunes femmes déjà célèbres localement, mais il s’agit plutôt d’une réaction instantanée à la personnalité et au caractère de chacune. Leur beauté innée émane de leur tempérament et de leur force de caractère, propre à chacune, sans préférence de type ni d’ethnie, ni d’âge. Le choix d’un cadre naturel pour réaliser les shooting a aussi permis aux modèles d’être plus spontanées, de laisser libre court à leur essence vitale exaltée par le mana de chaque lieu, que ce soit en bord de mer à Hiti’ia, au fond d’une vallée de la presqu’île ou dans l’intimité de la résidence traditionnelle de Tumata Robinson, et ses ambiances très "Tahiti belle époque" !"
Une anecdote à partager au sujet de ce livre ?
"Eh bien, il y en aurait plusieurs ! Outre le fait que chaque histoire soit propre à chaque jeune femme avec qui j’ai collaboré pour réaliser ce livre, je reste captivé par un cliché en particulier : celui où l’on voit la belle et Iriatai assise, jambes et bras croisés, devant une cabane délabrée au milieu d’une cocoteraie, recouverte de tôles et de feuilles de palmier tressées. Au-delà de la noblesse naturelle qui se dégage d’Iriatai, elle est l'une des rares modèles âgée de plus de 25 ans."
John Stember, photographe rebelle en quête de Beauté.
C’est à 19 ans que John Stember se lance dans la photographie professionnelle et ouvre son premier studio à Londres. Son talent et sa sensibilité créative l’orientent rapidement vers les scènes artistiques et l’univers de la mode, entre New-York, Los Angeles et Paris. Photographe pour les plus grands magazines de mode pendant près de 30 ans (Vogue, Glamour, Marie Claire, Elle…), il travailla avec les toutes premières supermodèles, notamment Gia Carangi qui fut l’une de ses icônes phares. En 2002, il décide de larguer les amarres à bord de son voilier, direction Tahiti où il réside toujours, ému et bouleversé par l’attraction irrépressible du mana, à la fois source d’inspiration pour ses nombreux projets et matière culturelle indéniable en Polynésie.
C’est à 19 ans que John Stember se lance dans la photographie professionnelle et ouvre son premier studio à Londres. Son talent et sa sensibilité créative l’orientent rapidement vers les scènes artistiques et l’univers de la mode, entre New-York, Los Angeles et Paris. Photographe pour les plus grands magazines de mode pendant près de 30 ans (Vogue, Glamour, Marie Claire, Elle…), il travailla avec les toutes premières supermodèles, notamment Gia Carangi qui fut l’une de ses icônes phares. En 2002, il décide de larguer les amarres à bord de son voilier, direction Tahiti où il réside toujours, ému et bouleversé par l’attraction irrépressible du mana, à la fois source d’inspiration pour ses nombreux projets et matière culturelle indéniable en Polynésie.