La culture de pakalolo était pilotée par ordinateur


Le chef d'orchestre de cette culture 2.0 a écopé de 3 mois de prison ferme ce lundi en comparution immédiate. Avec mandat de dépôt.
PAPEETE, le 16 janvier 2017 - Un producteur de pakalolo de 34 ans, son épouse et un jardinier qui faisait le dealer pour leur compte ont été interpellés par les douanes, en milieu de semaine dernière à Paea. Leur activité était organisée de façon quasi industrielle et durait depuis un an et demi. Près de 10 kilos de drogue ont été confisqués à leur domicile.


Ils faisaient l'objet d'une discrète surveillance douanière depuis quelques temps déjà. En milieu de semaine dernière, les forces de l'ordre ont jugé qu'elles avaient suffisamment d'éléments pour s'inviter au domicile du principal suspect, un jeune homme de 34 ans titulaire d'une patente de commerce en mécanique. Sauf que ce ne sont pas des pièces auto qui ont été découvertes dans la maison. Mais bien une véritable petite industrie tournée vers le trafic de pakalolo. Près de 10 kilos de stupéfiants ont été saisis mais c'est surtout l'organisation extrêmement pointue, voire même high-tech de la culture, qui a marqué les enquêteurs.

En plus des plants qui poussaient à l'extérieur du fare, toutes les pièces de la maison avaient en effet été aménagées comme autant de petits ateliers : pour le séchage, le conditionnement, et même la culture indoor. Le couple s'était laissé une petite place dans le séjour mais toute la maison était dédiée à la culture du paka. Les enquêteurs en retrouveront jusque dans le congélateur. Le producteur, lui, a indiqué qu'il avait puisé toutes ses bonnes idées sur internet : revêtement réfléchissant sur les murs, filtres et extracteurs d'air, climatisation, lumière... le tout géré par ordinateur pour une croissance optimum des plants. Un investissement estimé entre 800 000 et 1 million de francs pour une culture qui, de l'aveu des principaux intéressés, durait depuis près d'un an et demi et rapportait selon leurs déclarations entre 300 000 et 500 000 francs par mois.

Inconnus de la justice jusqu'à cette remarquable entrée en matière

Jugé ce lundi en comparution immédiate, le producteur 2.0 a écopé de 18 mois de prison dont 15 mois avec sursis, et mandat de dépôt pour Nuutania pour les 3 mois ferme à effectuer. Son épouse, au courant et complice, a quant à elle était condamnée à 6 mois de prison avec sursis. Le couple de trentenaire était inconnu de la justice avant cette entrée en matière remarquée dans le trafic de pakalolo. De condition modeste, ils ont indiqué s'être lancés dans les stupéfiants pour rembourser un prêt, payer les factures, acheter à manger et assurer les dépenses courantes. Ils semblent effectivement ne pas avoir mis d'argent de côté. Les enquêteurs ne saisiront que 40 000 francs à leur domicile. Un troisième homme, jardinier de profession et qui jouait les dealers contre quelques sticks pour financer sa consommation personnelle, écope pour sa part de 12 mois de prison avec sursis.

"Au départ c'était une simple activité pour payer les factures mais vers la fin, cette culture c'était devenu une vraie passion pour lui", a expliqué l'épouse du producteur ce lundi à l'audience du tribunal correctionnel, affirmant lui avoir demandé d'arrêter et de se remettre dans le droit chemin il y a deux mois environ. "Cela prenait de telles proportions, on s'est retrouvé prisonnier de la situation". "Ce ne sont pas des bandits, ils ont des enfants, une famille, ils se sont lancés dans des activités libérales au début mais cela n'a pas marché pour eux alors ils se sont tournés vers ce trafic que je qualifierais d'alimentaire", a plaidé leur avocate, Me Hayoun, rappelant qu'aucun des deux n'avait jamais eu de démêlé avec la justice auparavant. "Ils ont pris un mauvais chemin. Non seulement ils ne se sont pas enrichis, mais cela les a conduit jusqu'à vous".

Compte tenu de la situation, le tribunal s'est finalement montré plus clément que le procureur qui réclamait 12 et 6 mois de prison ferme avec mandat de dépôt contre le producteur et son dealer.


Rédigé par Raphaël Pierre le Lundi 16 Janvier 2017 à 16:42 | Lu 16638 fois