Les quatre moteurs de la croissance polynésienne en 2016.
PAPEETE, le 10 aout 2017 - Les économistes et statisticiens de Polynésie viennent de publier les chiffres provisoires du PIB polynésien en 2016. La bonne nouvelle c'est que la croissance est bien là : 1,8% d'augmentation du PIB l'année dernière, portée par la consommation et une très belle performance du tourisme.
Sommes-nous définitivement sortis de la crise ? C'est ce que laissent espérer les derniers comptes rapides de la Polynésie française. Le PIB du Fenua a ainsi augmenté de 1,8% (en compensant l'inflation) l'année dernière, une performance inédite en Polynésie depuis une décennie.
Sommes-nous définitivement sortis de la crise ? C'est ce que laissent espérer les derniers comptes rapides de la Polynésie française. Le PIB du Fenua a ainsi augmenté de 1,8% (en compensant l'inflation) l'année dernière, une performance inédite en Polynésie depuis une décennie.
Le directeur de l'AFD Thierry Paulais, le directeur de l'IEOM Claude Periou et le directeur de l'ISPF Julien Breuilh
Ces chiffres sont à prendre avec prudence car comme l'explique Julien Breuilh, directeur de l'ISPF, "au niveau international il faut en général trois ans pour collecter toutes les données nécessaires et publier les comptes définitifs. Cette année nous allons publier les comptes de 2014. Mais grâce au dispositif CEROM qui regroupe l'ISPF, l'IEOM et l'AFD, nous pouvons publier ces comptes rapides qui offrent une bonne approximation seulement six mois après."
Evolution du PIB en Polynésie (rouge) et en France métropolitaine (bleu)
Pour rappel, le PIB est un indicateur purement économique qui mesure la richesse créée sur un territoire donné pendant une année : c'est l'addition de la valeur monétaire de l'ensemble des produits et services créés et achetés dans l'année.
LES QUATRE MOTEURS DE LA CROISSANCE POLYNÉSIENNE
Les économistes et statisticiens du CEROM ont ainsi identifié quatre moteurs qui ont tiré la croissance en 2016, compensés par deux freins.
Les plus gros contributeurs à l'augmentation de notre richesse sont donc :
LES QUATRE MOTEURS DE LA CROISSANCE POLYNÉSIENNE
Les économistes et statisticiens du CEROM ont ainsi identifié quatre moteurs qui ont tiré la croissance en 2016, compensés par deux freins.
Les plus gros contributeurs à l'augmentation de notre richesse sont donc :
L'emploi joue directement sur la consommation, qui représente les deux-tiers de notre PIB. De la même manière, l'évolution de l'activité joue sur l'emploi. Les courbes des effectifs salariés et du PIB sont donc intimement liées.
1. La consommation des ménages a augmenté de 5 milliards de francs l'année dernière, pour atteindre 377 milliards Fcfp, les deux-tiers de la richesse produite en Polynésie. Elle a été portée par la hausse de l'emploi salarié, une augmentation encore modeste des salaires dans certains secteurs et la baisse des prix (notamment l'essence, l'électricité, le gaz et les billets d'avion) qui ont augmenté le pouvoir d'achat. Notons que dans les secteurs en bonne santé, les salariés commencent à revendiquer des revalorisations salariales, comme illustré par le préavis de grève concernant l'ensemble du groupe de distribution Wan (voir page 5), ou les mouvements sociaux qui ont touché différents hôtels de luxe cette année. Une tendance qui pourrait conduire à une nouvelle hausse des salaires et de la consommation en 2017.
2. Les exportations de services, c'est-à-dire le tourisme, a généré 5 milliards de francs supplémentaires l'année dernière. Avec 192 495 touristes accueillis en Polynésie en 2016, le secteur se porte très bien, notamment dans l'hôtellerie de luxe qui se rapproche de sa pleine capacité. Voilà qui a permis d'augmenter le prix des chambres et qui augure bien de l'avenir : avec des taux d'intérêt bas et de bonnes perspectives, les hôtels investissent dans leur rénovation et dans de nouveaux projets de construction ou de réouverture d'hôtels, ce qui permettra d'accueillir encore plus de touristes. Par contre les exportations de produits locaux, la perle en tête, sont en chute libre (-14%).
3. La consommation publique, qui comprend principalement les salaires des fonctionnaires d'État, a contribué 3 milliards de francs supplémentaires à notre économie après plusieurs années de déclin. Le principal facteur de croissance a été une augmentation du nombre de fonctionnaires d'État et une revalorisation salariale.
4. L'investissement privé commence enfin à redémarrer et a augmenté de 1 milliard de francs l'année dernière. L'IEOM note que les indicateurs de confiance des entreprises et leurs prévisions d'embauche et d'investissement sont au plus haut depuis trois ans. C'est la reprise de ces investissements privés qui sera cruciale pour les années qui viennent.
DEUX FREINS BIEN MAÎTRISÉS
En parallèle, deux freins ont pesé sur la croissance polynésienne l'année dernière, sans que cela inquiète les économistes:
2. Les exportations de services, c'est-à-dire le tourisme, a généré 5 milliards de francs supplémentaires l'année dernière. Avec 192 495 touristes accueillis en Polynésie en 2016, le secteur se porte très bien, notamment dans l'hôtellerie de luxe qui se rapproche de sa pleine capacité. Voilà qui a permis d'augmenter le prix des chambres et qui augure bien de l'avenir : avec des taux d'intérêt bas et de bonnes perspectives, les hôtels investissent dans leur rénovation et dans de nouveaux projets de construction ou de réouverture d'hôtels, ce qui permettra d'accueillir encore plus de touristes. Par contre les exportations de produits locaux, la perle en tête, sont en chute libre (-14%).
3. La consommation publique, qui comprend principalement les salaires des fonctionnaires d'État, a contribué 3 milliards de francs supplémentaires à notre économie après plusieurs années de déclin. Le principal facteur de croissance a été une augmentation du nombre de fonctionnaires d'État et une revalorisation salariale.
4. L'investissement privé commence enfin à redémarrer et a augmenté de 1 milliard de francs l'année dernière. L'IEOM note que les indicateurs de confiance des entreprises et leurs prévisions d'embauche et d'investissement sont au plus haut depuis trois ans. C'est la reprise de ces investissements privés qui sera cruciale pour les années qui viennent.
DEUX FREINS BIEN MAÎTRISÉS
En parallèle, deux freins ont pesé sur la croissance polynésienne l'année dernière, sans que cela inquiète les économistes:
La livraison de gros chantiers, comme la prison de Tetutu à Papeari qui a coûté 8 milliards Fcfp à l'Etat, conduit à une baisse des investissements en attendant le prochain gros chantier public.
1. Avec 28 milliards de francs d'investissements publics (contre 37 milliards Fcfp en 2007), le Pays et l'État réduisent leurs dépenses. Le directeur de l'AFD, Thierry Paulais, explique que "certains acteurs publics comme les collectivités locales sont encore trop timides dans leurs investissements alors qu'elles peuvent profiter de taux au plus bas de mémoire d'économiste. Mais les dépenses du Pays et de l'État ont été élevées pendant la crise et diminuent pendant la reprise, un rôle de compensation du cycle économique qui est tout à fait conforme aux théories économiques contemporaines." De plus sur un petit territoire comme le nôtre, la livraison de gros projets comme la nouvelle prison de Tetutu à Papeari qui a coûté 8 milliards de francs à l'État, va forcément conduire à une baisse des investissements en attendant de nouveaux grands projets. C'est le secteur du BTP qui en pâti, mais il reste à flot grâce à de gros investissements des ménages dans l'immobilier.
2. Les importations sont en baisse de 1,4% en 2016, ce qui a conduit à baisser le PIB de 0,2%. Mais cet effet est presque entièrement dû à la chute vertigineuse des prix des produits pétroliers en 2016 (-24% en valeur). Les importations ont continué d'augmenter, elles nous ont coûté moins cher, ce qui a finalement rendu du pouvoir d'achat aux ménages qu'ils ont pu dépenser et épargner. Donc cette baisse est comptée en négatif dans les comptes du Pays, mais a bien rendu service aux Polynésiens…
Tous ces bons résultats économiques pourraient se renouveler cette année tant que la conjoncture internationale reste favorable. Les hausses de l'emploi et des salaires soutiennent la consommation (les ventes de voitures sont ainsi reparties en forte hausse l'année dernière), ce qui permet au secteur de la distribution d'investir et de créer encore plus d'emplois. En parallèle, la construction et la rénovation d'infrastructures hôtelières devraient permettre à terme d'accueillir plus de touristes dans de meilleures conditions, ce qui augmentera nos exportations.
Mais toute cette belle mécanique repose sur la reprise de l'investissement privé, qui est pour l'instant "étrangement basse malgré les taux d'intérêts historiquement faibles, des banques prêtes à débloquer les crédits et une bonne confiance en l'avenir des chefs d'entreprise" notent les spécialistes.
2. Les importations sont en baisse de 1,4% en 2016, ce qui a conduit à baisser le PIB de 0,2%. Mais cet effet est presque entièrement dû à la chute vertigineuse des prix des produits pétroliers en 2016 (-24% en valeur). Les importations ont continué d'augmenter, elles nous ont coûté moins cher, ce qui a finalement rendu du pouvoir d'achat aux ménages qu'ils ont pu dépenser et épargner. Donc cette baisse est comptée en négatif dans les comptes du Pays, mais a bien rendu service aux Polynésiens…
Tous ces bons résultats économiques pourraient se renouveler cette année tant que la conjoncture internationale reste favorable. Les hausses de l'emploi et des salaires soutiennent la consommation (les ventes de voitures sont ainsi reparties en forte hausse l'année dernière), ce qui permet au secteur de la distribution d'investir et de créer encore plus d'emplois. En parallèle, la construction et la rénovation d'infrastructures hôtelières devraient permettre à terme d'accueillir plus de touristes dans de meilleures conditions, ce qui augmentera nos exportations.
Mais toute cette belle mécanique repose sur la reprise de l'investissement privé, qui est pour l'instant "étrangement basse malgré les taux d'intérêts historiquement faibles, des banques prêtes à débloquer les crédits et une bonne confiance en l'avenir des chefs d'entreprise" notent les spécialistes.