La connaissance du risque tsunami autour de Moruroa va être affinée


La principale faille à Moruroa est apparue dans la zone nord de l'atoll. Depuis 30 ans, une surveillance géomécanique avec le système Telsite permet de vérifier les mouvements souterrains.
PAPEETE, le 9 avril 2015. La venue de L'Atalante, navire océanographique de l'Ifremer, dans les eaux polynésiennes va permettre d'avancer sur la modélisation du risque tsunami autour de l'atoll, site des essais nucléaires durant 35 ans, grâce à l'utilisation de nouveaux sondeurs bathymétriques (*).
Ce mercredi, l'Ifremer et les autorités locales (Haut commissariat, ministère de la recherche polynésien) ont assisté à bord du navire L'Atalante à la présentation des travaux qui seront effectués par ce navire de recherche océanographique dans les eaux territoriales polynésiennes. Mais peu d'informations ont été divulguées sur les premières semaines de travail, qui seront réalisées pour l'armée. Contacté depuis plusieurs semaines par Tahiti Infos, le Shom (le service hydrographique et océanographique de la marine) a cependant répondu à quelques-unes de nos questions et précisé les travaux qui seront effectués. Pour le Shom, "la venue du navire de l’Ifremer Atalante en Polynésie française, constitue une véritable opportunité de faire réaliser des travaux de bathymétrie autours des atolls de Tureia, Vanavana et Moruroa ainsi que dans la zone océanique correspondante. Ces travaux de bathymétrie s’inscrivent dans l’amélioration des connaissances des fonds marins de cette région, et plus largement sur la problématique tsunami dans le Pacifique. En parallèle et de façon complémentaire, ils s’inscrivent dans le domaine de la sécurité vis-à-vis des populations des atolls de Tureia et Vanavana dans une hypothèse de glissement d’une masse carbonatée de grand volume en zone Nord à Moruroa".

Depuis la découverte d'une faille à Moruroa, les équipements Telsite installés dès les années 1980 permettent de surveiller les mouvements géomécaniques de l'atoll et donc d'anticiper un effondrement. Ce qui provoquerait un tsunami non seulement sur l'atoll de Moruroa mais plus sensible encore à Tureia -un atoll peuplé de 300 personnes- et Vanavana pour l'instant inhabité. Or, de nouveaux sondeurs plus performants sont venus équiper le navire L'Atalante, de fait "la modélisation du phénomène hydraulique précédemment décrit et déjà réalisée peut encore être améliorée. La connaissance précise de la bathymétrie des flancs des atolls de Tureia, Vanavana et Moruroa constituera, par exemple, une avancée certaine puisque des études menées sur d’autres îles ou archipels en Polynésie (Tahiti, Bora Bora, Rangiroa, Fakarava, Gambier, Marquises par exemple) ont clairement montré que la connaissance précise de ces pentes permettait d’évaluer avec une meilleure précision la hauteur du tsunami à la côte" indique encore notre correspondante du Shom, chargée de communication.

Des travaux déjà réalisés sur le risque tsunami en cas d'un effondrement massif à Moruroa ont indiqué la propagation d’un train d’ondes de type tsunami qui se déplacerait à la vitesse d’environ 700 km/h et son déferlement sur les platiers de Tureia et Vanavana. Ces atolls seraient touchés par des vagues déferlantes. Heureusement, les autorités ont toujours indiqué qu'un effondrement massif à Moruroa pouvait être annoncé avant sa survenance, c'est tout l'intérêt de la modernisation du système de surveillance Telsite qui va démarrer dès juin prochain sur l'ancien site du CEP (centre d'expérimentation du Pacifique). L'explication scientifique est que "la connaissance exacte des grands fonds dans l’espace océanique entre ces trois atolls est une source d’amélioration possible. En effet, des massifs volcaniques sous-marins sont souvent découverts lors de campagnes de ce type et la présence de telles structures entre Vanavana/Moruroa et Tureia/Moruroa aurait nécessairement une influence sur la propagation des vagues et de leur énergie. Plusieurs points relevés dans la bathymétrie actuellement disponible indiqueraient l’existence de telles structures sous-marines à l’est de Moruroa mais également entre Moruroa et Vanavana".

Reste donc pour le Shom à confirmer ou infirmer la présence de ces massifs volcaniques et grâce aux nouveaux levés bathymétriques qui seront effectués dans les prochaines semaines "de réaliser une modélisation plus précise de l’impact hydraulique du glissement d’une masse de carbonates en zone Nord à Moruroa que celle effectuée à partir des données actuellement disponibles. Cette démarche dans une zone de la Polynésie française qui est encore trop peu connue sur le plan bathymétrique, permettra de faire progresser la connaissance scientifique générale sur la problématique tsunami dans le Pacifique".


(*)
La bathymétrie est la science de la mesure des profondeurs et du relief de l'océan pour déterminer la topographie du sol de la mer.

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Sur la surveillance géomécanique de Moruroa, CLIQUER ICI

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 9 Avril 2015 à 16:57 | Lu 2443 fois