La concurrence est fin prête sur le marché du gaz


La société Mana Ito a reçu sa première livraison de 2 700 tonnes de butane vendredi, à son terminal de Hitia'a, pour une commercialisation dès la première quinzaine d'octobre dans ses nouvelles bonbonnes en composite plus légères et simples à manipuler.
Tahiti, le 28 septembre 2024 – Les bouteilles de ManaGaz seront mises en vente d’ici une dizaine de jours. Et les patrons du groupe Moux l’assurent : leur arrivée sur le marché polynésien va “profiter […] à tous les consommateurs”, à plus d’un titre.

2 700 tonnes de butane livrées dans le nouveau terminal gazier de Polynésie française : la société Mana Ito, filiale du groupe Moux dans le secteur du gaz, a reçu sa première livraison vendredi via un gazier positionné au mouillage en face de la marina Cowan à Hitia’a. Tāvana Henri Flohr, Vetea Cowan, le service de la biosécurité, la police aux frontières et bien sûr Albert et Patrick Moux étaient présents sur le site flambant neuf d’où sortiront dès la première quinzaine d'octobre les bonbonnes rouges de la marque ManaGaz.

Le patron de Pacific Energy Albert Moux qui scrutait, vendredi après-midi de loin le gazier, affirmait déjà la nouvelle que cela annonce sur le marché du gaz va “profiter […] à tous les consommateurs”. Car “ce n’est pas bien d’avoir le monopole. La concurrence c’est bien pour le consommateur.” L’homme d’affaires a d’ailleurs annoncé que d’ici “peut-être dix jours, on va mettre sur le marché et on va annoncer le prix de vente […]. Vous allez être surpris !” Pour s’implanter sur un marché détenu depuis toujours par la société Gaz de Tahiti, la société Mana Ito mise sur la nouveauté et la surprise : non seulement au niveau du prix mais également de ses bonbonnes en matériaux composite : “Les bouteilles seront une vraie surprise, très légères. Ça c’est déjà une nouveauté.” Pour le reste, comme l’a dit vendredi Albert Moux : “Chacun fait son business et le soleil brille pour tout le monde. Que le meilleur gagne !” Et dans ce contexte, comme le rappelle Patrick Moux, “les bouteilles en fer” s’apprêtent à connaitre un grand coup de vieux. Sans compter que dorénavant le butane sera “pour tout le monde, sans limitation ni compte-gouttes : on apporte une vraie concurrence avec de vrais produits”. 
 
La filiale Mana Ito est installée à Hitia’a. L’emplacement a été pensé dans une logique mettant en avant la sécurité, comme l’a rappelé Albert Moux, avec une pensée pour son concurrent installé à Motu Uta non loin du centre-ville de Papeete. La zone de stockage de Mana Ito “est à 300 mètres de la route, c’est important, et en plus il n’y a personne autour du site. On est seul là-bas au fond. C’est vrai que pour arriver à faire cela, ça a été un sacré chantier”, précise-t-il. En l'occurence, plusieurs années de chantier et un investissement de 4 milliards de francs dans le respect des normes européennes.
 
“Il ne faut jamais abuser des marges”
 
Pour Patrick Moux, le patron de Vodafone, autre filiale du groupe familial, l’arrivée de cette première livraison de 2 700 tonnes de butane marque “un grand jour : on attaque un deuxième marché monopolistique et on aime s’attaquer aux monopoles surtout ceux où on trouve qu’il y a des choses qui peuvent être remises dans l’ordre. Dans le gaz, il y a beaucoup de choses à faire”, assure-t-il avant de tacler : “Il ne faut jamais abuser des marges. C’est aussi simple que ça.”

Patrick Moux rappelle que le gaz est un dossier qui “tient à cœur [son] père depuis des années”. Albert Moux était effectivement “un actionnaire minoritaire” dans Polygaz, il y a une quarantaine d'années. Et “quand il a voulu développer […] l’opérateur actuel avait la majorité et faisait la pluie et le beau temps. Mon père était toujours un peu les pieds et poings liés. Donc ces actionnaires en tuant Polygaz ils ont juste fait en sorte de libérer mon père pour qu’il puisse librement imaginer une concurrence digne de ce nom.”
 
Le gaz en plein ville “c’est criminel”
 
Pour acheminer les bonbonnes de gaz en ville, Mana Ito ne pourra faire l’économie d’une logistique complexe pour rallier Hitia’a à Papeete sur plusieurs dizaines de kilomètres. Mais pour Patrick Moux, cet effort est “une question de moralité”. Le groupe Moux dispose de terrains à Motu-Uta où il aurait pu installer le centre de stockage de Mana Ito. Mais, insiste Patrick Moux, “un dépôt d’hydrocarbures, s’il y a un souci ça brule. À Motu Uta, il y a de l’océan à gauche et à droite. Et si cela brule le feu va rester circonscrit là. Donc cela ne va jamais compromettre la sécurité des populations”. En revanche, concernant le gaz, en cas de problème, ça “explose cela fait un gros champignon comme à Beyrouth”. Il assure que son père, même à l’époque de Polygaz, “a toujours voulu délocaliser le stock. Pour lui c’était criminel, parce que on ne sait pas de quoi est fait demain, on n’est jamais à l’abri de quoi que ce soit”. Pour l’installation de Mana Ito, le groupe Moux a privilégié la sécurité et surtout un système, avec l’assurance dès le début qu’il n’y aurait pas d’habitation près du centre de stockage. Au surplus : “On a mis plus de 6 à 7 mètres de terre sous alvéole type nids d’abeilles qui absorbe le choc avec au-dessus très peu de résistance. C'est-à-dire que s’il devait y avoir une explosion, elle se ferait vers le haut, sans risque pour les alentours.”

La concurrence est prête sur le marché du gaz. Le combat s'annonce rude... et au profit des consommateurs. Plus que quelques jours à attendre.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Samedi 28 Septembre 2024 à 19:10 | Lu 1813 fois