La compagnie aérienne inter-îles Air Moana prend son envol


Tahiti, le 29 novembre 2022 - Air Moana a inauguré lundi soir son agence à l'aéroport de Tahiti-Faa'a. La cérémonie a marqué le coup d'envoi des réservations vers les six îles desservies au départ de Tahiti par la nouvelle compagnie aérienne inter-îles. Le premier appareil de la flotte est attendu à Tahiti le 19 décembre et les premiers vols commerciaux programmés dès mi-janvier prochain.
 
Cela fait plus d'un an que le projet est dans les cartons. Après un recrutement massif ces derniers mois, la concrétisation de la nouvelle compagnie aérienne domestique Air Moana a pris un nouveau tournant, lundi soir, avec l'inauguration de son agence à l'aéroport de Tahiti-Faa'a, qui devrait accueillir le public d'ici quelques jours. Elle a également marqué le coup d'envoi des réservations des billets en ligne. Le call center pour réserver par téléphone est quant à lui en service depuis ce mardi matin.
 
Le lancement de la compagnie a pris un certain retard et les ambitions de départ semblent avoir été revues à la baisse. Pendant un an, “nous avons couru après toutes les autorisations réglementaires, toutes ces approbations, toutes ces marques de confiance de l'aviation civile, mais aussi du Pays”, explique Raitini Rey, le directeur général de la compagnie. En janvier dernier, Air Moana annonçait, pour le mois de juin, deux avions ATR72 et trois ATR42, ainsi que la desserte de la totalité des îles en libre concurrence et neuf dessertes alors sous délégation de service public avec Air Tahiti. Finalement, elle propose, à partir de janvier prochain, six destinations au départ de Tahiti – Bora Bora, Raiatea, Rangiroa, Moorea, Nuku Hiva et Hiva Oa –, et prévoit de desservir Tubuai et Rurutu en 2023. Et il n'est pour l'instant pas question des îles qui font l'objet de la délégation de service public, qui a été renouvelée avec Air Tahiti en juin 2021 pour une durée de cinq ans. “Pour permettre la concurrence, il a fallu gérer ces 34 aéroports qui provoquaient des déficits extraordinaires sur le plan des bilans de la compagnie Air Tahiti. Une fois qu'on les a isolés au travers de la prise en charge de la délégation de service public, tout doit être possible sur toutes les autres destinations qui aujourd'hui vous permettent de vous établir. Vous allez commencer par la crème des destinations”, a indiqué Jean-Christophe Bouissou, vice-président du Pays en charge des Transports interinsulaires lors de son discours. Côté flotte, la compagnie disposera de deux ATR-600 en leasing, dont le premier doit arriver à Tahiti le 19 décembre, le second au mois de janvier, puis ils seront remplacés progressivement par trois ATR 72-600 XT neufs – “des ATR de nouvelle génération” – actuellement en fabrication à Toulouse et dont le premier est attendu en 2024.

Une durée de voyage réduite

Air Moana dit avoir construit son modèle économique autour des voyageurs résidents à qui elle souhaite offrir le choix. De son côté, Jean-Christophe Bouissou salue l'arrivée de cette nouvelle compagnie car “les touristes reviennent en masse”. Air Moana ambitionne de proposer un service différent, avec des lignes directes pour “une durée de voyage la plus réduite possible”, des sièges individuels avec un confort amélioré et équipés de modules wifi qui permettront aux voyageurs d'écouter de la musique et de regarder des documentaires et des films gratuitement durant leur vol. Enfin, les prix des billets seront “avantageux”, selon Raitini Rey. Trois catégories de tarifs sont proposées en fonction de la franchise bagages et des conditions de modification. Le premier vol est prévu mi-janvier, le temps de “finaliser les dossiers avec ADT”.

Pratique

Les premiers vols opérés par la compagnie Air Moana auront lieu en janvier 2023. Les billets sont ouverts à la vente :
- par téléphone : au 40 48 40 00
- sur internet : www.airmoana.pf
- en agence (qui ouvrira au public d'ici quelques jours) : à l'aéroport de Tahiti-Faa'a, dans le hall des départs domestiques. Horaires : du lundi au jeudi, de 7h30 à 17h30, le vendredi de 7h30 à 16h30 et le samedi de 7h30 à 11h30.

Raitini Rey, directeur général d'Air Moana : “Nous allons offrir aux Polynésiens une expérience du voyage différente”

C'est un projet qui a été long à voir le jour. C'est une satisfaction, aujourd'hui ?
“C'est une très belle satisfaction. C'est une première pierre. Cette pierre vient concrétiser tous les efforts que nous avons menés pendant plus d'un an. Une année dans laquelle nous avons couru après toutes les autorisations réglementaires, toutes ces approbations, toutes ces marques de confiance de l'autorité, de l'aviation civile, mais aussi du Pays.”
 
Que proposez-vous ?
“Aujourd'hui, on propose une alternative au transport aérien domestique, une autre façon de voyager. Nous allons offrir aux Polynésiens une expérience du voyage différente, avec des tarifs abordables et un service différent. Aujourd'hui, ce que l'on offre, c'est le choix.”
 
Qu'est-ce qui vous différencie d'Air Tahiti ?
“Nous sommes équipés d'ATR-600, ce sont les mêmes ATR qu'exploite l'opérateur actuel. La différence, c'est surtout que nous allons effectuer des lignes directes vers les destinations. Nous n'allons pas effectuer des sauts de puce, nous n'allons pas passer par différentes îles avant d'arriver à destination. Je pense que ça, ça va permettre aux voyageurs de passer le moins de temps possible dans l'avion et donc de passer plus de temps dans les îles.”
 
À quelle fréquence allez-vous desservir les différentes destinations ?
“Pour vous donner un exemple, nous allons desservir l'île de Bora Bora deux à trois fois par jour et l'île de Raiatea également deux fois par jour. Nous allons nous rendre sur les Marquises trois fois par semaine, sur chacune des destinations.”
 
Vous disiez, il y a actuellement deux ATR. D'autres vont venir compléter la flotte un peu plus tard ?
“Exactement, on commence avec deux ATR en leasing, en attendant l'usinage de nos trois ATR neufs qui vont être fabriqués à Toulouse.”
 
Vous savez déjà vers quelle destination sera le premier vol, c'est déjà prévu ?
“Moi, mon coup de cœur, ce sera de nous rendre à Raiatea, l'île où je suis né, afin d'y revoir ma grand-mère.”
 
En termes d'effectifs, combien de personnes emploie la compagnie ?
“Actuellement, on est une centaine d'employés. Nous allons monter avant la fin de l'année à 160, mais nous prévoyons une croisière autour des 280 employés. En personnel navigant, nous sommes une vingtaine de pilotes et une vingtaine de stewards et hôtesses.”
 
C'est le début, quel est le plan de développement pour le futur ?
“Notre objectif, c'est de stabiliser nos opérations sur le secteur domestique et on verra bien vers où l'avenir nous mènera.”
 
Vous arrivez sur le marché, en concurrence avec Air Tahiti…
“La concurrence, c'est bien. Nous nous plaçons surtout comme une compagnie complémentaire. Aujourd'hui, on observe que de nombreux vols sont plein. Les résidents et les touristes ont parfois du mal à voyager vers certaines destinations. Nous sommes convaincus que notre compagnie va venir complémenter l'offre actuelle. Aujourd'hui, je pense que si je pouvais demander quelque chose au Polynésien, ça serait de cultiver la concurrence. Car la concurrence, comme on a pu l'observer dans le secteur de la téléphonie mobile, a apporté beaucoup d'avantages. Une amélioration à la fois des services mais également une baisse des tarifs. C'est vers cette tendance que je souhaiterais que l'on s'oriente au travers de la culture de la concurrence.”
 
Comment allez-vous vous positionner en termes de tarifs par rapport à Air Tahiti ?
“Nous avons revus nos tarifs et nous sommes convaincus de pouvoir offrir des tarifs avantageux aux voyageurs. Ce n'est pas vraiment en termes d'écart, mais c'est surtout en termes de quantité de places. Aujourd'hui, nous allons offrir plus de places, à des tarifs réduits, aux voyageurs résidents.”
 
Christian Vernaudon, qui était aussi à l'origine du projet, en fait-il toujours partie ?
“Oui, il est toujours au sein de notre équipe. C'est quelqu'un qui nous accompagne au quotidien, qui nous donne toute son analyse et toute son expérience passée. C'est pour moi un mentor qui m'a guidé vers là où nous en sommes aujourd'hui.”

Jean-Christophe Bouissou, vice-président du Pays, en charge des transports interinsulaires : “Le gouvernement croit qu'il y a de la place au moins pour deux”

“C'est la première fois que nous avons une concurrence sur le plan de l'arien domestique. C'est un événement que l'on peut sceller dans l'histoire de la Polynésie française. Nous sommes tous ici parce que les énergies se sont manifestées pour que nous puissions enfin voir éclore cette nouvelle compagnie polynésienne. (…)
La concurrence est inscrite à l'intérieur de notre schéma directeur des transports. J'ai toujours plaidé pour que la concurrence existe. La concurrence est une bonne chose. Air Tahiti, qui a servi notre pays pendant de nombreuses années, est non seulement la compagnie historique mais c'est aussi la compagnie qui va vous aider à monter en puissance et à être à un niveau de technicité qui sera nécessaire pour que nous ayons un meilleur service à rendre à notre population. La concurrence n'a jamais été une mauvaise chose. Nous sommes dans une société où la concurrence doit exister. Ça ne peut pas être autrement, et partout où l'on peut faire de la concurrence, on en fera et on la soutiendra. Le gouvernement croit qu'il y a de la place au moins pour deux. On verra pour trois…”



Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Mardi 29 Novembre 2022 à 16:56 | Lu 3025 fois