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La commission d'information sur les essais nucléaires se réunira mardi prochain


Un essai nucléaire à Moruroa en 1971 (Photo AFP).Entre 1966 et 1996, 193 essais nucléaires (atmosphériques, de sécurité et souterrains) ont été réalisés en Polynésie française.
Un essai nucléaire à Moruroa en 1971 (Photo AFP).Entre 1966 et 1996, 193 essais nucléaires (atmosphériques, de sécurité et souterrains) ont été réalisés en Polynésie française.
PAPEETE, le 20 mai 2015. Sitôt créée, la commission d'information du public sur l'impact des essais nucléaires tiendra sa première réunion mardi prochain à partir de 8 heures au haut commissariat. Bernard Dupraz, le Délégué à la Sûreté Nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations de la Défense (DSND) sera présent. Cette commission d'information du public sur l'impact sanitaire et environnemental des essais nucléaires réalisés sur les atolls de Moruroa et Fangataufa, a été créée ce mercredi par un arrêté paru au Journal officiel de la République française. Elle comprend 27 membres : 10 de l'Etat, 13 émanent des institutions du Pays, des communes concernées et des intérêts économiques et sociaux du territoire, quatre enfin sont issus d'associations (voir ci-dessous). Cette commission d'information tiendra sa première réunion dès mardi prochain, le 26 mai, au haut commissariat de Polynésie française.

Selon le texte de l'arrêté signé par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, la commission "reçoit, des représentants du ministère de la défense, les informations nécessaires à sa mission d'information du public sur l'impact des essais nucléaires réalisés dans le passé sur les sites de Moruroa et Fangataufa sur la santé et l'environnement, dans le respect des dispositions relatives aux secrets protégés par la loi, en particulier celles relatives à la protection du secret de la défense nationale". Par ailleurs il est précisé que : "Les représentants du ministre de la défense transmettent à la commission un bilan annuel de la surveillance radiologique et géomécanique des sites précités, des risques d'origine radiologique ainsi que des mesures prises pour en réduire les impacts", précise le texte. En soi, ce n'est pas une grande nouveauté puisque les enquêtes annuelles sur la radioactivité en Polynésie française sont publiées chaque année par l'Institut de la radioprotection et de sûreté nucléaire.

Cette commission qui est une disposition réglementaire du code de la Défense modifié en juillet 2014 à Paris, n'a rien à voir avec le comité de suivi de la résolution sur le nucléaire, créé le 11 décembre 2014 par une délibération de l'assemblée de Polynésie française. Ce comité de suivi de la résolution nucléaire autour de Marcel Tuihani, n'est pas encore allé au bout de sa constitution. En effet sur les huit membres, il manque non seulement le représentant le gouvernement, qui n'a jamais été désigné par le président Edouard Fritch, mais aussi les deux personnalités qualifiées. La seule "personnalité qualifiée" approchée par Marcel Tuihani, à savoir Bruno Barrillot, ex délégué territorial au suivi des conséquences du nucléaire a refusé l'offre faite par le président de l'assemblée. En conséquence, ce comité de suivi à moitié constitué seulement, ne s'est jamais réuni, cinq mois après sa création officielle.




La composition de la commission

Le haut-commissaire ; L’administrateur de l’archipel des Tuamotu-Gambier; Le commandant de la gendarmerie ; Le directeur de la défense et de la protection civile; Le délégué régional à la recherche ; Le directeur des affaires maritimes ; Le délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection; Le chef du département de suivi des centres d’expérimentations nucléaires ; Le commandant supérieur des forces armées en Polynésie française ; Le contrôleur général des armées.
Le président de la Polynésie française ; Deux ministres du gouvernement désignés par le président de la Polynésie française (il s'agit de Herremoana Maamaatuaiahutapu, ministre de l'environnement et de Patrick Howell, ministre de la santé) ; Le président de l’assemblée de la Polynésie française ; Deux représentants de l’assemblée de la Polynésie française ( il s'agit de Richard Tuheiava et de Gaston Tong Sang). Le maire de la commune de Tureia ; Le maire de la commune de Hao ; Le maire de la commune des Gambier ; Le maire de la commune de Reao; Le maire délégué de la commune du Pukarua.
Le président du Conseil économique, social et culturel ; Le président de la chambre de commerce et de l’industrie ; Le président de l’association Tamarii Moruroa ; Le président de l’association Moruroa e tatou ; Le président de l’association Manu ; Le président de l’association Te Mana O Te Moana.

LES REACTIONS DES ASSOCIATIONS CONCERNEES

Roland Oldham.
Roland Oldham.
Roland Oldham, président de Moruroa e Tatou

Qu'attendez-vous de la création de cette commission d'information ?

Nous avons toujours demandé qu'il y ait plus de transparence, que les Polynésiens soient informés de ce qui se passe vraiment. Il faut rester positif : nous voulons participer activement à cette commission d'information car nous avons beaucoup de questions à poser et, désormais, nous espérons obtenir des réponses satisfaisantes.

Quelles questions avez-vous à poser ?

Par exemple au sujet des travailleurs qui vont intervenir pour la rénovation du système de surveillance Telsite, nous souhaitons qu'il puisse y avoir un examen de santé avant de démarrer, pendant leur travail sur place, et après. Nous poserons aussi des questions sur l'état de Moruroa parce qu'en 2011 un rapport officiel avait signalé qu'un effondrement d'une partie de l'atoll était possible et que cela provoquerait un tsunami avec une vague pouvant aller jusqu'à 20 mètres. Ma question sera : qu'est-ce qu'on a prévu pour les populations de Tureia, l'atoll voisin ?

Sur les 27 membres de la commission, il n'y a que deux places pour les associations qui travaillent sur ces problématiques, vous n'avez pas peur d'être noyé ?

La peur ? Nous avons passé ce stade depuis longtemps ! Nous, nous souhaitons participer à ces réunions avec toute notre énergie, après on verra bien les résultats. En ce qui concerne les associations de défense de l'environnement qui participeront à nos côtés tout dépend : si elles sont motivées par la recherche et de la vérité et de la justice, il ne devrait pas y avoir de problème.

Yannick Lowgreen.
Yannick Lowgreen.
Yannick Lowgreen, président de Tamarii Moruroa

Que pensez-vous de la création de cette commission ?

C'est une commission locale et on n'en attend rien du tout. En tout cas, cela ne changera rien par rapport à la loi Morin d'indemnisation des victimes à propos de laquelle nous demandons une modification de l'article 4 alinéa 2 et de l'article 7 du décret d'application. Tant que ces articles sur le risque négligeable restent dans le texte on butera toujours pour l'indemnisation des victimes.
Dans cette commission, on évoque les informations fournies via les rapports annuels sur la surveillance radiologique et géomécanique mais nous les avions déjà ! Pour nous, les associations déjà intégrées dans diverses commissions et comités de suivi, cela ne portera rien de bien nouveau. En revanche, la commission fournira toutes les informations aux maires, membres du gouvernement etc… qui n'avaient pas forcément tous ces documents en mains.


Par rapport aux travaux de réhabilitation, à venir d'ici le mois prochain, du système de surveillance géomécanique Telsite, vous n'avez pas de questions à poser ?

Il faudra que tous ceux qui vont aller travailler sur Moruroa fassent un rapport de leur situation médicale avant de partir, pour établir une surveillance à l'instant T0. Mais, pour moi, il n'y a aucun risque aujourd'hui à aller travailler sur place : quand on lit tous les rapports effectués par divers organismes ou scientifiques internationaux, y compris sur le suivi géomécanique, je ne vois aucun signe alarmant. Au contraire, l'Etat a mis une situation en place pour qu'il y ait un suivi sérieux. Moi qui ai travaillé sur place aux forages pour l'installation du système Telsite, je ne vois pas aujourd'hui de risques particuliers.

Neuf nouveaux cas d'irradiés au tribunal administratif de Bordeaux

Neuf demandes d'indemnisation de vétérans des essais nucléaires français dans les années 1960-90 ont été examinées ce mercredi par le tribunal administratif de Bordeaux, portant à 380 le nombre de cas actuellement devant la justice administrative. L'audience fait suite au refus du ministère de la Défense d'indemniser les plaignants.

Le rapporteur public a enjoint l'Etat d'indemniser quatre des vétérans, et de rejeter la demande de cinq autres. Les demandes de rejets se fondent sur le "risque négligeable", selon le rapporteur, qu'aurait entraîné leur exposition aux radiations. Certains des plaignants auraient été exposés très peu de temps, d'autres auraient occupé un emploi ne les exposant pas directement. Les tests médicaux ont en outre indiqué un taux de radiation très faible.

La décision du tribunal a été mise en délibéré, à une date non précisée.

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 20 Mai 2015 à 16:14 | Lu 1025 fois