Le rayonnage constitue un enjeu important de la commercialisation des produits bios. (Photo : U express/ Liaut, Raiatea)
Tahiti, le 21 février 2024 – L'association Bio Fetia organise du 21 au 24 février, à l'hôtel Te Moana, ses journées d'échanges interrégionales sur la commercialisation des produits bio. L'occasion pour les acteurs néo-calédoniens et polynésiens de la filière d'apporter des solutions aux problématiques communes rencontrées sur leur territoire respectif. En moyenne 18% plus cher, le bio peine encore à convaincre les consommateurs.
Dans le cadre du projet européen Protege, visant à construire un développement durable et résilient des économies des pays et territoires d'outre-mer, l'association Bio Fetia organise du 21 au 24 février des journées interrégionales d'échange sur la commercialisation des produits bio locaux en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française. “Depuis le mois d'avril 2023 et jusqu'en avril 2024, nous sommes investis dans ce projet”, assure Angélique Renaud, représentante de l'association Bio Fetia. “Des prestataires nous ont aidés à faire des études économiques pour pouvoir comparer les agricultures conventionnelles et bio, mais également pour exposer les problématiques liées à la commercialisation de la filière. Car il faut savoir que l'on a de plus en plus d'agriculteurs qui se convertissent au bio, mais on arrive à un stade où ils ont besoin que leur travail soit valorisé, affiché et surtout rémunérateur.”
Et pour cause, sur les quatre dernières années, le nombre de productions certifiées bio, ou en conversion, est monté en flèche. En 2019, seulement neuf productions bénéficiaient de la certification Bio Pasifika, contre 112 aujourd'hui. Idem pour les surfaces agricoles certifiées Bio Pasifika qui représentaient 123 hectares en 2019 contre 421 hectares en 2023. Et si aujourd'hui, ces surfaces ne représentent que 2% de la surface totale agricole en Polynésie française, l'évolution croissante évidente de la filière bio n'est plus à prouver. “Le schéma directeur de l'agriculture, établi en 2021, a fixé l'objectif pour le bio à au moins 25% de la production agricole locale d'ici 2030. Aujourd'hui, en 2024, nous sommes déjà à 15%. C'est un chiffre remarquable”, affirme Philippe Couraud, directeur de l'agriculture. Hélas, si la production augmente, elle se confronte à de nombreuses problématiques.
Une filière encore mal structurée
Si l'agriculture est un métier, la commercialisation en est un autre. Pourtant, aujourd'hui, ce sont bel et bien les agriculteurs qui doivent gérer la vente de leurs produits. Une gestion complexe pour ces derniers, en manque de temps et de compétences dans ces domaines que sont la communication, le marketing, la négociation commerciale ou encore la gestion de la logistique. Et les problématiques ne s'arrêtent pas là. La localisation du bassin de consommation à Tahiti face à l'étalement géographique des productions entraîne nécessairement des coûts supplémentaires de transport. Un problème auquel s'ajoute l'exigence toujours plus accrue des principaux acheteurs : les horaires de livraison contraignantes, le paiement à long terme, le calibrage des produits ainsi que les volumes minimaux à fournir. Ce à quoi s'ajoute le manque d'information et de visibilité des produits bio. En effet, en Polynésie, les acteurs de la filière font état d'un manque d'information sur les attentes de la demande (espèces, variétés, volumes et prix) et d'une absence de connaissance des consommateurs concernant l'offre en produits bio et des points de ventes dédiés.
Le prix de la santé
Le prix constitue souvent l'argument rédhibitoire lors de l'achat : “Le bio coûte plus cher !” Si dans les faits, il est difficile de le nier, la réalité peut être plus nuancée. En effet, en moyenne 18% plus chers que les produits issus de l'agriculture conventionnelle, les produits bio ont également des arguments à faire valoir : “Un kilo de tomates bio a 90% de vitamine C en plus qu'un kilo de tomates issues de l'agriculture conventionnelle. Pourtant, le prix d'achat au kilo n'est pas 90% plus cher, mais seulement 15 à 20% plus cher. Au final, nutritivement parlant, le bio revient moins cher”, assure Thierry Lison de Loma, agriculteur bio de Raiatea. Et si ces fruits et légumes contiennent davantage de nutriments, ils sont surtout dépourvus de produits chimiques. “Si c'est toxique pour les insectes, c'est toxique pour tous les organismes vivants”, rappelle Angélique Renaud.
Dans le cadre du projet européen Protege, visant à construire un développement durable et résilient des économies des pays et territoires d'outre-mer, l'association Bio Fetia organise du 21 au 24 février des journées interrégionales d'échange sur la commercialisation des produits bio locaux en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française. “Depuis le mois d'avril 2023 et jusqu'en avril 2024, nous sommes investis dans ce projet”, assure Angélique Renaud, représentante de l'association Bio Fetia. “Des prestataires nous ont aidés à faire des études économiques pour pouvoir comparer les agricultures conventionnelles et bio, mais également pour exposer les problématiques liées à la commercialisation de la filière. Car il faut savoir que l'on a de plus en plus d'agriculteurs qui se convertissent au bio, mais on arrive à un stade où ils ont besoin que leur travail soit valorisé, affiché et surtout rémunérateur.”
Et pour cause, sur les quatre dernières années, le nombre de productions certifiées bio, ou en conversion, est monté en flèche. En 2019, seulement neuf productions bénéficiaient de la certification Bio Pasifika, contre 112 aujourd'hui. Idem pour les surfaces agricoles certifiées Bio Pasifika qui représentaient 123 hectares en 2019 contre 421 hectares en 2023. Et si aujourd'hui, ces surfaces ne représentent que 2% de la surface totale agricole en Polynésie française, l'évolution croissante évidente de la filière bio n'est plus à prouver. “Le schéma directeur de l'agriculture, établi en 2021, a fixé l'objectif pour le bio à au moins 25% de la production agricole locale d'ici 2030. Aujourd'hui, en 2024, nous sommes déjà à 15%. C'est un chiffre remarquable”, affirme Philippe Couraud, directeur de l'agriculture. Hélas, si la production augmente, elle se confronte à de nombreuses problématiques.
Une filière encore mal structurée
Si l'agriculture est un métier, la commercialisation en est un autre. Pourtant, aujourd'hui, ce sont bel et bien les agriculteurs qui doivent gérer la vente de leurs produits. Une gestion complexe pour ces derniers, en manque de temps et de compétences dans ces domaines que sont la communication, le marketing, la négociation commerciale ou encore la gestion de la logistique. Et les problématiques ne s'arrêtent pas là. La localisation du bassin de consommation à Tahiti face à l'étalement géographique des productions entraîne nécessairement des coûts supplémentaires de transport. Un problème auquel s'ajoute l'exigence toujours plus accrue des principaux acheteurs : les horaires de livraison contraignantes, le paiement à long terme, le calibrage des produits ainsi que les volumes minimaux à fournir. Ce à quoi s'ajoute le manque d'information et de visibilité des produits bio. En effet, en Polynésie, les acteurs de la filière font état d'un manque d'information sur les attentes de la demande (espèces, variétés, volumes et prix) et d'une absence de connaissance des consommateurs concernant l'offre en produits bio et des points de ventes dédiés.
Le prix de la santé
Le prix constitue souvent l'argument rédhibitoire lors de l'achat : “Le bio coûte plus cher !” Si dans les faits, il est difficile de le nier, la réalité peut être plus nuancée. En effet, en moyenne 18% plus chers que les produits issus de l'agriculture conventionnelle, les produits bio ont également des arguments à faire valoir : “Un kilo de tomates bio a 90% de vitamine C en plus qu'un kilo de tomates issues de l'agriculture conventionnelle. Pourtant, le prix d'achat au kilo n'est pas 90% plus cher, mais seulement 15 à 20% plus cher. Au final, nutritivement parlant, le bio revient moins cher”, assure Thierry Lison de Loma, agriculteur bio de Raiatea. Et si ces fruits et légumes contiennent davantage de nutriments, ils sont surtout dépourvus de produits chimiques. “Si c'est toxique pour les insectes, c'est toxique pour tous les organismes vivants”, rappelle Angélique Renaud.
Réaction - Thierry Lison de Loma, agriculteur et gérant de Vaihuti Fresh à Raiatea
“Le bio, s'il n'est pas accompagné par les politiques, ne pourra pas aboutir”
“Le bio, s'il n'est pas accompagné par les politiques, ne pourra pas aboutir. Nous avons trop de charges. Puis du côté des statuts de l'agriculteur bio ou des travailleurs saisonniers, c'est très limité. Idem pour le paiement des services éco-systémiques : quand un agriculteur bio fait son travail, il enrichit son sol, il améliore la qualité de l'environnement autour de lui, il ne met pas de pesticides ou d'herbicides dans le sol… Ce sont des points positifs pour l'environnement mais aussi pour la santé du consommateur. Aujourd'hui, nous ne sommes pas rétribués pour ça. Dans notre prix de vente, ça n'apparaît pas. Alors que si nous étions rétribués pour ces actions positives sur l'environnement mais aussi la société, cela nous permettrait de baisser les prix de vente et de rendre plus accessibles ces produits bio. Puis il y a clairement aussi un souci au niveau de la commercialisation. Je considère que le rôle d'un agriculteur, c'est de produire, pas de commercialiser. C'est pourquoi l'organisation en coopérative est fondamentale, parce qu'elle permet de soulager le producteur sur ces aspects-là. Et puis si les consommateurs étaient éduqués sur ces sujets-là, ils prendraient vite le choix d'acheter du bio car ils seraient moins malades, ils rendraient service à leur communauté, à l'environnement. Acheter du bio, c'est bon pour l'individu et pour sa famille.”
“Le bio, s'il n'est pas accompagné par les politiques, ne pourra pas aboutir”
“Le bio, s'il n'est pas accompagné par les politiques, ne pourra pas aboutir. Nous avons trop de charges. Puis du côté des statuts de l'agriculteur bio ou des travailleurs saisonniers, c'est très limité. Idem pour le paiement des services éco-systémiques : quand un agriculteur bio fait son travail, il enrichit son sol, il améliore la qualité de l'environnement autour de lui, il ne met pas de pesticides ou d'herbicides dans le sol… Ce sont des points positifs pour l'environnement mais aussi pour la santé du consommateur. Aujourd'hui, nous ne sommes pas rétribués pour ça. Dans notre prix de vente, ça n'apparaît pas. Alors que si nous étions rétribués pour ces actions positives sur l'environnement mais aussi la société, cela nous permettrait de baisser les prix de vente et de rendre plus accessibles ces produits bio. Puis il y a clairement aussi un souci au niveau de la commercialisation. Je considère que le rôle d'un agriculteur, c'est de produire, pas de commercialiser. C'est pourquoi l'organisation en coopérative est fondamentale, parce qu'elle permet de soulager le producteur sur ces aspects-là. Et puis si les consommateurs étaient éduqués sur ces sujets-là, ils prendraient vite le choix d'acheter du bio car ils seraient moins malades, ils rendraient service à leur communauté, à l'environnement. Acheter du bio, c'est bon pour l'individu et pour sa famille.”