La chasse au cancer est ouverte


Tahiti, le 14 septembre 2020 - Le comité de Polynésie de la Ligue contre le cancer lance une grande campagne de prévention jusqu’à la fin du mois. L’objectif est de sensibiliser la population au dépistage de quatre cancers majeurs en Polynésie : thyroïde, sein, poumon et prostate.
 
 
Parce que la très grande majorité des cancers se soignent, quand ils sont découverts tôt, la Ligue contre le cancer vient de lancer une grande campagne de sensibilisation dans la presse en faveur du dépistage. À travers différents petits clips d’une minute environ et d’affiches, le Comité de Polynésie française de la Ligue contre le cancer axe son action sur quatre cancers majeurs en Polynésie : thyroïde, sein, poumon et prostate. Le message est simple et efficace, le dépistage précoce est le meilleur moyen de sauver des vies.
 
"Seulement trois femmes sur dix se font dépister en Polynésie du cancer du sein, alors qu’en métropole, ce sont huit femmes sur dix qui se font dépister. Détecté tôt, le cancer du sein se guérit très bien maintenant. On survit deux à trois fois plus en France qu’ici, car la population se fait moins dépister ici", déplore la nouvelle présidente du Comité de Polynésie de la Ligue contre le cancer, Natacha Helme. Elle-même a été atteinte d’un cancer, elle doit son salut à un dépistage très précoce de son gynécologue.

 


Le dépistage du cancer de la prostate se fait par une prise de sang

La nouvelle présidente du Comité de Polynésie de la Ligue contre le cancer, Natacha Helme.
Si cette campagne a été mise en place, c’est parce qu’effectivement, le dépistage en Polynésie n’est pas suffisamment pratiqué. "Les gens pensent souvent que le cancer, c’est pour les autres, que ça ne les touchera pas. Le manque d’argent est aussi une raison souvent évoquée. Il faut savoir que les femmes peuvent aller au Centre de la mère et de l’enfant, elles peuvent y rencontrer des gynécologues. À partir de 50 ans, elles peuvent bénéficier d’une mammographie gratuite tous les deux ans. Ce n’est peut-être pas agréable, mais franchement par rapport aux douleurs que peut provoquer un cancer, il faut mieux se surveiller. Pour le dépistage du cancer de la prostate, cela se fait juste par une prise de sang", rassure Natacha Helme.

"Quelques gestes ou signes suffisent pour donner l’alerte"

Le Dr Pierre Catteau, le vice-président de la ligue du cancer.
Cette campagne montre l’importance du dépistage, car dans de très nombreux cas, quelques gestes ou signes suffisent pour donner l’alerte à temps et éviter des drames. "Pour le cancer du sein, il est important que les femmes se palpent les titi. Le mieux, c’est environ une semaine après la période des règles. Si elles sentent une boule bien dure, cela peut être un signe", détaille le Dr Pierre Catteau, le vice-président de la ligue qui est également ancien radiologue. Parfois, cela peut être une peau d’orange ou le sein qui gonfle, dans tous les cas, si la moindre chose paraît anormale, il faut aller consulter un spécialiste et ne pas attendre.
 
Pour le cancer du poumon, ce sont souvent des essoufflements, des problèmes respiratoires, voire même une perte d’appétit, qui pourront inquiéter. En ce qui concerne le cancer de la thyroïde, un gonflement au niveau de la gorge, un changement de voix ou encore de la toux sont quelques-uns des symptômes qui peuvent annoncer un problème. Pour le cancer de la prostate, cela va être une baisse du débit de l’urine et une envie d’aller souvent aux toilettes qu’il faudra surveiller, notamment chez les hommes de plus de 50 ans.

"La peur est la fille de l’ignorance"

"Les gens peuvent se mettre du monoï ou du ra'au tahiti, mais cela ne va pas les guérir. Ce qu’il faut, c’est qu’ils aillent très rapidement chez un médecin qui les auscultera, leur fera passer des tests médicaux, des scanners, des mammographies… Car la médecine a progressé, il y a de nouvelles techniques qui soignent de mieux en mieux, alors pourquoi s’en priver ? Les gens sont souvent dans le déni. Ils ont peur. La peur est la fille de l’ignorance", précise le vice-président de la ligue.       
 
Outre le fait de sauver des vies, ces dépistages précoces permettent également au système de soins de faire d’énormes économies. "Une séance de radiothérapie coûte 105 000 Fcfp, alors quand il faut multiplier par 20, cela fait beaucoup. Une séance de chimio coûte environ un million de Fcfp. Ce sont des sommes énormes, la prévention coûte beaucoup moins cher et évite tellement de souffrance qu’elle soit physique, psychologique et morale. C’est toute une famille qui souffre quand une personne a un cancer", conclut la présidente de la ligue.

Un comité très actif
Le comité de Polynésie de la Ligue contre le cancer est une association, créée en 2006 et reconnue d’intérêt général en 2011. Le comité met en place chaque année des actions de sensibilisation, d’informations et de soutien. Financé en grande partie avec des fonds privés, le comité travaille énormément, sur la prévention. À travers cette campagne bien sûr, mais également en organisant des réunions publiques avec la population et notamment avec les jeunes. Le comité se déplace avec un oncologue dans les lycées afin de sensibiliser les jeunes au dépistage, à la maladie. À travers eux, le Comité de Polynésie espère une transmission de l'information aux parents et grands-parents.
Parmi les actions, le Comité apporte aux malades un soutien moral, psychologique, voire financier parfois, pour tenir en attendant les remboursements de la CPS. Les malades ou leurs familles peuvent se rendre dans la maison du Comité situé à Pirae pour discuter, écouter, échanger, prendre un café…
   


Rédigé par Pauline Stasi le Lundi 14 Septembre 2020 à 09:21 | Lu 1981 fois