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La beauté de Phaéton gâchée par un dépotoir sauvage


TARAVAO, 8 janvier 2015 - Cela fait déjà plus de cinq mois que le terrain bordant la route Papeete-Taravao, situé en face du restaurant Terre-Mer, s’est transformé en dépotoir sauvage où carcasses en tous genres et sacs poubelles sont abandonnés certains soirs à l’insu du propriétaire de la parcelle.

Si pour l’instant, des doutes persistent sur les auteurs de cette pollution devenue dangereuse, il n’y a pas encore eu de véritables coupables, mais les enquêtes avancent.

Un matin, le propriétaire du terrain a eu la mauvaise surprise de découvrir qu’une partie de sa clôture avait été sectionnée, permettant ainsi à des individus de se frayer un chemin à l’intérieur pour y déposer plusieurs carcasses de voitures, non sans avoir retiré au préalable les plaques d’immatriculation. Au fil du temps, des appareils ménagers sont venus s’entasser par dizaine transformant en quelques semaines seulement ce beau paysage, en décharge à ciel ouvert.

La commune de Taravao avait déjà effectué un premier constat il y a quelques mois : "Nous avons demandé au propriétaire de prendre des dispositions afin de réhabiliter ce lieu puisqu’il se situe dans le domaine privé". De son côté Roger Yuan, le propriétaire, se dit démuni face à l’ampleur du désastre : "Il y avait d’abord une voiture, puis deux et ensuite ça s’est enchaîné !". Agacé, celui-ci pose une question aux pollueurs : "Et si moi j’allais sur leur terrain pour y jeter mes carcasses ou saletés, seraient-ils d’accord ?"

Contacté, la Direction de l’environnement (Diren) conseille vivement à ce dernier de venir porter plainte auprès de ses services : "Ils peuvent et doivent nous contacter pour que nous puissions nous rendre sur place et constater le délit. Une fois les éléments réunis, nous transmettons donc le dossier à la gendarmerie qui va mener une enquête. Les contrevenants seront punis".

La piste des "professionnels"

Bien que les contrevenants aient pris le soin de retirer les plaques d’immatriculation sur les carcasses automobile abandonnées, Antoine Ganivet, premier adjoint au maire de Taravao pense détenir une piste pour les identifier. Celle-ci, en tous les cas, retient également l’attention des gendarmes et de la police municipale : "Il est impossible pour quelqu’un d’amener une voiture aussi simplement. Nous pensons plutôt à des professionnels tels que des garagistes, car pour trainer des véhicules comme ça jusqu’à cet endroit, cela demande une remorque et donc une logistique déjà rôdée".

La mauvaise nouvelle pour les auteurs de ces dépôts sauvages, "c’est qu’il existe encore d’autres éléments qui permettent de remonter jusqu’au propriétaire du ou des véhicules", nous assure-t-on à la Diren.

Depuis 2013, les dispositions pénales ont été endurcies, combinant ainsi peines de prison et amendes dont le montant peut atteindre 8,9 millions fcp (voir encadré) Si par malheur pour les contrevenants les dépôts sauvages ont été exploités d’une manière régulière (ce que la loi qualifie de « dépôts fixes » voir encadré), une peine supplémentaire sera prononcée , soit une astreinte journalière pouvant atteindre 35 000 Fcfp, applicable jusqu’au retrait total et complet des déchets. « L’addition » risque donc d’être « salée » en cas de condamnation.

Retrait des carcasses en avril et mai

La mairie de Taravao insiste sur l’importance d’être vigilants, tant pour les propriétaires des terrains en bordure de route qu’auprès des habitants. Il est déconseillé pour les enfants ou adolescents se rendre sur ces lieux où les morceaux de ferrailles et de verre brisé sont nombreux.

C’est pour cette raison que la commune attend avec impatience la mise en place des opérations de retraits de carcasses financées par le Pays et gérées par la SEP. Selon les estimations, entre les épaves recensées et celles qui sont dans la nature, il y en aurait un peu plus d’une centaine sur Tahiti iti. "Ce sera enfin l’occasion de ramener ce terrain par exemple à son état d’origine", espère Antoine Ganivet lequel adresse un message aux administrés de sa localité : "Si jamais vous voyez ce genre de choses, prévenez-nous. Venez à la mairie et nous ferons le nécessaire car c’est aussi notre rôle de protéger l’intégrité de notre commune".

Prison et fortes amendes pour les pollueurs

1° Le fait de jeter, (…) directement ou indirectement, une ou des substances quelconques dont l'action ou les réactions entraînent, même provisoirement, des effets nuisibles sur la santé ou des dommages à la faune ou à la flore ou des modifications significatives du régime normal d'alimentation en eau, ou des limitations d'usage des zones de baignade, est puni de deux ans d'emprisonnement et d'une amende de 8 900 000 Fcfp.
(…) En cas de condamnation et lorsque les rejets sanctionnés proviennent de dépôts ou d'installations fixes, le tribunal fixe, s'il y a lieu, les mesures à prendre pour faire cesser l'infraction ou en éviter la récidive, le délai dans lequel ces mesures devront être exécutées et le montant de l'astreinte dans la limite de 35 000 Fcfp par jour de retard. (…) Source : Lexpol – arrêté 480 CM du 17 avril 2013

Recensement des dépotoirs sauvages

La Direction de l’environnement de Polynésie française, en partenariat avec l’Ademe, a procédé à une consultation pour la réalisation d’une étude ayant pour objet : "Recensement et classification des décharges à réhabiliter" dans à Tahiti, Moorea et Maiao.

La dernière phase consistera à organiser la résorption ainsi que la réhabilitation des décharges identifiées, en fonction des priorités établies. Le programme sera réalisé dans le courant de cette année.

Rédigé par TP le Jeudi 8 Janvier 2015 à 17:58 | Lu 1824 fois