La Sogefom, ange gardien des entreprises polynésiennes


Yann Jacquemin, en charge de la Sogefom, a présenté le bilan 2015 et les projets pour 2016 du fonds de garantie devant les banques et les acteurs locaux de la finance. Elle compte bien accélérer son action en faveur du financement de l'économie locale.
PAPEETE, le 18 mars 2016 - Le public n'en entend jamais parler, les entreprises n'en ont qu'un vague concept, et pourtant… La Sogefom agit derrière le rideau pour aider les projets entrepreneuriaux les plus risqués et pour donner une chance aux entreprises en difficulté.

Avec 3,7 milliards de francs de prêts bancaires bénéficiant de sa garantie en Polynésie, la Société de Gestion de Fonds de Garantie d'Outre-mer (Sogefom) est un acteur considérable du financement de nos entreprises. D'autant qu'elle n'est pas à la recherche du profit : filiale de l'Agence Française de Développement, elle destine ses fonds à aider les entreprises à se développer ou à sauver les sociétés en péril. Grâce à elle, 184 emplois ont été créés ou sauvés l'année dernière, et 280 entreprises ont eu une chance d'investir ou de se tirer d'une mauvaise passe.

Pourtant, bien peu de personnes en dehors du petit cercle des professionnels de la finance locale sont même au courant qu'elle existe. Car la Sogefom n'interagit jamais directement avec les entreprises. Son action se concentre sur les banques. Quand un entrepreneur se présente devant l'une des trois banques du Territoire avec un projet d'investissement, un besoin de financement pour sa trésorerie ou pour une reprise d'activité, l'établissement va accepter ou non ce client selon le risque d'impayé et les garanties offertes.

Pour ceux que la banque refuserait de premiers abords, il reste une dernière chance : l'intervention de "l'ange gardien" de la finance polynésienne, la Sogefom. Contre une commission de 1,2%, l'établissement financier accepte de garantir entre 50% et 70% du prêt. La banque a maintenant la certitude que, si tout va mal, elle pourra toujours récupérer une grosse partie de son argent. Le prêt se fait, l'entrepreneur obtient son argent et peut relancer son activité et créer des emplois.

En 2015, ce sont 2,7 milliards de crédits qui ont été garantis, principalement des petits crédits d'investissement. Mais les crédits de trésorerie sont en forte hausse, montrant les difficultés que traversent encore les entreprises. La Sogefom, qui utilise des dotations de l'état français, compte bien accélérer encore son implication dans notre économie, et prépare l'arrivée de la Banque Publique d'Investissement en Polynésie pour diversifier encore les services qu'elle offre.



Yann Jacquemin, en charge du financement privé à l'AFD
"La Sogefom est un outil qui vient garantir les emprunts bancaires des entreprises. Principalement des petites et moyennes entreprises, au sens européen. C’est-à-dire les grosses entreprises polynésiennes. En 2015, ce sont 280 entreprises qui ont bénéficié d'une garantie, qui leur a très souvent permis de survivre, bien transmettre leur activité à un repreneur, investir ou créer des emplois.

Cette garantie est d'abord là pour permettre au crédit de se faire. Elle vient aider les banques à prendre le risque, quand elles jugent qu'il y en a besoin. Ce n'est pas pour emprunter moins cher, c'est pour emprunter mieux. Quand on est dans une économie en crise, c'est important.

Pour bénéficier de la garantie, les entreprises ne nous contactent pas. Ce sont les banques qui nous envoient un dossier que nous allons étudier, et elles bénéficient également d'une délégation de la Sogefom pour octroyer directement la garantie, pour les prêts jusqu'à 6 millions de francs, un plafond qui va augmenter à 8 millions en 2016 car nous essayons d'augmenter le nombre de prêts garantis et le nombre d'entreprises qui en bénéficient."




Fred Corniglion, directeur des professionnels à la banque Socredo
"Nous sommes un département d'une trentaine de salariés qui nous occupons des patentés, des professions libérales et de la quasi-totalité du secteur primaire. Nous sommes le principal partenaire de la Sogefom, qui nous garantit des interventions, essentiellement sur des petits porteurs de projets où il est très compliqué d'avoir des garanties. Nous sommes sur des secteurs risqués, surtout dans les îles. Ce sera par exemple des pensions de famille, des projets comme de la rénovation de toiture, du matériel d'équipement, du réaménagement de hangar, le financement des campagnes des fermes perlicoles… Et il y a des crédits de trésorerie, donc plutôt des fonds de roulement.

Comment ça marche… D'abord on reçoit la clientèle, on étudie son projet et son prévisionnel avec un business plan, et on regarde s'il n'y a pas des incohérences par rapport à ce qu'on connait de son secteur ou de ses concurrents. Si le projet nous parait viable, on regarde comment on peut couvrir notre risque. Parce que si les fonds prêtés à quelqu'un n'étaient jamais rembourser, on ne pourrait pas prêter à quelqu'un d'autre… Sans la garantie il serait très difficile de financer ces petits projets, et ça évite d'aller demander des garanties qui pourraient être pénalisantes pour les porteurs de projets, comme des hypothèques sur leur maison. On préfère faire une assurance-crédit.

Donc la Sogefom nous permet de soutenir plus d'entrepreneurs, et depuis trois ans ils augmentent leur participation et leur couverture-crédit, avec une nouvelle augmentation de l'enveloppe pour 2016. C'est une bonne nouvelle pour l'économie locale et les porteurs de projets !"

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Vendredi 18 Mars 2016 à 11:45 | Lu 2019 fois