La Réunion: planteurs et industriels s'affrontent sur le prix de la canne


Saint-Denis de la Réunion, France | AFP | vendredi 09/06/2017 - Planteurs et industriels de La Réunion s'affrontent depuis plus de deux semaines sur le prix de la tonne de canne, ce qui a conduit à des opérations de blocage dans l'île et poussé l'Etat à jouer les médiateurs dans ce conflit. 
La canne est actuellement payée 39,09 euros la tonne.
Depuis le 24 mai, les trois syndicats (la FDSEA, les JA et la CGPER) réclament 6 euros de revalorisation, mais le groupe Tereos, qui regroupe les industriels de la production du sucre sur l’île, n’a accordé qu’une hausse de 49 centimes.
Les différents rencontres houleuses entre les deux parties ont conduit à plusieurs actions coups de poing. Les planteurs ont bloqué l’accès aux deux usines sucrières, situées dans le sud et l'est du département. Des opérations escargot ainsi que des barrages filtrants de la circulation ont aussi été menés. 
Une sonde servant à mesurer la richesse de la canne a été incendiée sur une des usines. Le centre technique interprofessionnel de la canne et du sucre de La Réunion a porté plainte et une enquête a été ouverte.
Depuis jeudi, l'État joue le rôle de médiateur. Les trois syndicats se sont unis pour formuler une proposition de sortie de crise, remise au secrétaire général de la préfecture, qui l'a transmise aux industriels. 
Cette entente entre les organisations syndicales est "historique", a souligné Frédéric Vienne, président de la FDSEA. "Le coût total de nos demandes s'élève à 14 millions d'euros, Tereos pourra se positionner sur cette somme", a énoncé le syndicaliste après la réunion. 
Cette somme comprend la revalorisation du prix de la canne et le reversement total de la recette bagasse (un sous-produit de la canne servant de combustible) aux planteurs. Selon Frédéric Vienne, pour le moment, les industriels n'ont mis que "800.000 euros sur la table". 
Une trêve des blocages et barrages a été décidée par les syndicalistes : jeudi, une vingtaine de camions transportant du charbon a pu livrer les centrales thermiques, productrices d’électricité. 
Le groupe sucrier Tereos estime que les montants demandés par les agriculteurs sont "totalement disproportionnés au regard de la réalité économique de la filière". Dans un communiqué, les industriels ont indiqué jeudi que "dès la semaine prochaine, l’évolution possible du prix de la canne en fonction du prix du sucre blanc fera partie des échanges". 
La campagne sucrière doit démarrer fin juin, mais vendredi, aucune date du début de coupe des cannes n'avait encore été donnée. 
À La Réunion, la filière canne-sucre est le premier secteur exportateur, selon la dernière étude de  l'Institut d'émission des départements d’outre-mer. 

le Vendredi 9 Juin 2017 à 06:09 | Lu 349 fois