La Polynésie veut l'extension des dispositions de l'ordonnance métropolitaine sur l'IVG


Dr AFP
PAPEETE, le 04 août 2017 - Le 19 juillet dernier, l'ordonnance de modernisation du système de Santé a été adoptée en conseil des ministres à Paris. Ce texte n'est pas applicable au fenua. La Polynésie et le Président, Édouard Fritch, se sont engagés à demander une extension pour le Pays.

C'est Eliane Tevahitua, élue UPLD à l'assemblée la de Polynésie française a transmis début août une question écrite à Jacques Reynal, ministre des Solidarités, concernant une ordonnance modifiant des dispositions sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), adoptée en conseil des ministres à Paris. En effet, ce texte de modernisation de la loi ne peut s'appliquer en Polynésie. Le projet d'ordonnance qui prévoyait initialement l'extension des dispositions relatives à l'IVG à la Polynésie française et la nouvelle Calédonie a "privé ces deux collectivités ultramarines du bénéfice de ces dispositions, sans qu'aucune explication motivée n'ait été fournie par les services de l'État."

Ce texte prévoyait une "amélioration de l'information faite aux femmes", mais également de "permettre aux sages-femmes de réaliser les différentes consultations entourant l'IVG et réaliser des IVG médicamenteuses", ainsi que de "supprimer le délai d'une semaine entre les deux consultations médicales obligatoires qui pourtant aurait permis une meilleure prise en charge des femmes résidant dans les îles et souhaitant recourir à une IVG".
Selon l'élue féministe, "le retrait de ces disposition relatives à l'IVG constitue une régression indéniable et inacceptable des droits des femmes en Polynésie". D'ailleurs, la commission de la Santé qui s'est réunie en séance le 25 juillet a voté à l'unanimité à ce que ces dispositions soient rétablies.

Un long combat

C'est le président du Pays qui a répondu à la représentante, indiquant "les femmes n'ont obtenu le droit à l'IVG qu'après un long combat". Il ajoute, "comme vous je regrette que le Conseil des ministres métropolitain ait supprimé cette disposition qui aurait permis aux femmes polynésiennes de bénéficier d'une avancée dans ce domaine".
Il conclut dans sa réponse "je vais demander à nos parlementaires nationaux de déposer un amendement à cet effet [NDLR rétablir les dispositions] lorsque ce texte sera soumis au vote des parlementaires lors des débats à l'Assemblée nationale et au Sénat."

Le ministre de la Santé s'est d'ailleurs engagé à aborder la question auprès de son homologue métropolitain.

Les IVG en Polynésie

Si légalement les femmes ont droit à l'avortement et qu'elles sont égales face à ce droit. Dans les faits la situation des Polynésiennes est plus compliquée. La procédure de l'IVG ne peut se pratiquer que dans un hôpital ou une clinique, c’est-à-dire à Tahiti, Moorea et Raiatea.

En 2016, pour la troisième année consécutive, le nombre total d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) est en légère baisse et il est chiffré à 1016 interventions. Si de façon globale le nombre d'IVG est en baisse de 12,3% depuis 2011.

Le taux de recours à l’IVG chez les moins de 18 est quant à lui en hausse. Il est passé de 67 en 2012 à 89 en 2016 soit une hausse de 32,84% en quatre ans. Le chiffre connait d'ailleurs un pic entre 2015 et 2016 passant de 60 IVG chez les moins de 18 ans à 89. Une augmentation de 48,33% en un an.


Rédigé par Marie Caroline Carrère le Lundi 4 Septembre 2017 à 16:28 | Lu 2092 fois