La Polynésie travaille son attractivité


Paris, le 13 mars 2024 - Pour le traditionnel et biennal “Rendez-vous Tahiti et ses îles” à Paris, les responsables de Tahiti Tourisme se sont déplacés en compagnie d’une vingtaine de partenaires du Fenua, afin de rencontrer les tours opérateurs et agences de voyages français, belges et suisses. Une occasion également de parler nouveautés et stratégie de développement.
 
C’est dans le somptueux hôtel Potocki (qui hébergea longtemps la Chambre de commerce et d’industrie) que Jean-Marc Mocellin, directeur général de Tahiti Tourisme, et Bud Gilroy, président du conseil d’administration, ont participé activement au “Rendez-vous Tahiti et ses îles” à Paris. Une journée d’échanges individuels entre les professionnels polynésiens de l’hôtellerie, de l’aérien, des croisières et les réceptifs (33 marques en tout) et les tours opérateurs et les agences de voyages français et belges. Cela a également été l’occasion, d’une part, de commenter les bons résultats du tourisme polynésien en 2023 et, d’autre part, de présenter à nouveau la stratégie de développement que Tahiti Tourisme entend mettre en œuvre par le biais de son plan “Fāri’ira’a Manihini 2027”.
 
Ce n’est pas un mystère : la Polynésie française est attirante (30% du tourisme total polynésien) et la progression de la demande annuelle côté France l’atteste. Entre 2022 et 2023, la destination a fait un bond de 20% (soit 11% de plus que le précédent record de 2019), avec une hausse du marché suisse de 40%. Même si la durée moyenne de séjour est passée de 17,1 jours à 15,8, elle reste nettement supérieure à la durée moyenne côté Américains. Les dépenses par visiteur français ont progressé de 18% en cinq ans. Toutefois, 2024 ne sera peut-être pas aussi dynamique : les Jeux olympiques en juillet en France et la cherté de la destination en hausse pourraient freiner provisoirement l’engouement. En tout cas, la belle du Pacifique séduit plus que jamais et c’est tant mieux pour son économie, puisque le tourisme est le secteur le plus porteur de son développement. La question est alors : comment continuer à séduire ? C’est toute la question de l’attractivité.
 
Tahiti Tourisme multiplie les campagnes
 
L’attractivité du Fenua, ce sont les paysages marins ou montagneux dont l’aspect originel est préservé par un développement d’infrastructures à dimensions raisonnables. Mais c’est avant tout le formidable sens de l’accueil et la joie de vivre encore bien affichée de son peuple qui attirent les visiteurs et les séduisent durablement. De son côté, Tahiti Tourisme n’a de cesse de mettre en valeur tel archipel ou telle activité à travers ses campagnes de sensibilisation et de promotion auprès des professionnels ou du public mondial. Être attractive, Tahiti doit de plus en plus veiller à le rester. La beauté, ça se fane ! D’où un effort de préservation des qualités primordiales de la destination que Tahiti Tourisme déploie désormais à grande échelle. Jean-Marc Mocellin, au cours d’une conférence de presse, a passé en revue la stratégie de développement touristique du plan “Fāri’ira’a Manihini 2027” élaboré en concertation avec la population, l’administration et les entreprises pour faire de la Polynésie française un leader mondial du tourisme responsable.
 
Les exigences pour conserver, voire augmenter, les atouts de l’attractivité polynésienne sont certes contraignantes : alignement sur les critères du Global Sustainable Tourism Council, maintien d’un tourisme à taille humaine, prestations de grande qualité axées sur les expériences humaines, la culture et les contacts en toute décontraction (autrement dit le “slow tourism”). Ce nouvel équilibre très qualitatif doit être également recherché côté population et acteurs du tourisme avec maintien et valorisation d’une culture authentique, mise en place de gestes réflexes pour le respect de l’environnement et, dans l’autres sens, sensibilisation des voyageurs à l’égard des Polynésiens qui les accueillent si bien.
 
Alors, si la Polynésie française se veut séduisante et s’arrange pour demeurer attractive, elle ne doit pas oublier les zones d’ombre dont certaines sont persistantes depuis quelque temps. Le patron de Tahiti Tourisme le reconnaît : il faut plus de chambres. Hôtels et petite hôtellerie de qualité manquent un peu trop à l’appel. Et le visiteur potentiel, qui se voit contraint de choisir une autre destination ou d’attendre encore un an, n’appréciera pas qu’en outre, cette pénurie sur un marché ralenti provoque une inadmissible hausse des tarifs d’hébergement. Séduire, c’est bien, se rendre inoubliable, c’est mieux, mais décevoir…

Hélion de Villeneuve, directeur général d’Austral-Lagons : “La Polynésie est toujours en manque de structures trois ou quatre étoiles”

“2023 a été une année historique, mais pour les réservations 2024, depuis le début de l’année, il y a un gros frein sur la Polynésie qui est dû à plusieurs facteurs : d’abord la concurrence, puisque l’Asie, fermée pour cause de Covid en 2023, attire de nouveau les Européens qui avaient dû reporter leur choix sur la Polynésie. Ensuite, les Français, qui apprécient la petite hôtellerie polynésienne, la découvrent saturée. Ils viennent souvent pour trois semaines à Huahine ou à Raiatea, et là, ils ne trouvent pas de chambres. Ils ont donc tendance à annuler ou à reporter leur voyage. De plus, les hôtels quatre et cinq étoiles ont tellement augmenté leurs tarifs, notamment à Bora Bora, qu’ils se déconnectent du marché français puisqu’ils deviennent inaccessibles. La pénurie de chambres perdure, même s’il y a eu quelques ouvertures ou rénovations terminées. La Polynésie est toujours en manque de structures trois ou quatre étoiles, dont à Huahine ou Raiatea.”

Rédigé par Philippe Binet le Mercredi 13 Mars 2024 à 15:47 | Lu 2314 fois