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La Polynésie au top de la corruption


Tahiti, le 15 novembre 2022 - L’Agence française anticorruption a publié le 27 octobre son dernier rapport sur les atteintes à la probité depuis 2016. Corruption, détournement de fonds publics, favoritisme… Autant d’infractions fréquemment constatées en Polynésie française dans des proportions très supérieures aux moyennes nationales et ultramarines.
 
La publication, il y a tout juste un an, du baromètre global de la corruption par l’organisme Transparency International avait déjà créé un certain émoi. Le rapport avait ainsi conclu à une très forte perception par les Polynésiens d’une pratique de corruption très répandue parmi les gouvernants, qu’ils s’agissent du gouvernement, des élus à l’assemblée ou des maires. Les données publiées et disséquées par l’Agence française anticorruption (AFA) sont de nature à objectiver, chiffres à l’appui, le sentiment des Polynésiens.
 
Les COM dans un fauteuil
 
Le rapport étudie ainsi, à coups de cartes et de graphes, les statistiques relatives aux atteintes à la probité. Une terminologie qui regroupe une liste d’infractions dont le traitement occupe fréquemment les magistrats du palais de justice de Papeete. Détournement de fonds publics, corruption, favoritisme, prise illégale d’intérêts, trafic d’influence ou encore recel de l’une de ces infractions, près de 4 200 délits ont été recensés au niveau national sur les seules procédures closes entre 2016 et 2021. Et si les territoires ultramarins contribuent peu, vu leur taille, à la richesse de la nation, ils concourent par contre très largement au développement de la délinquance financière au niveau national. Le rapport note ainsi que “les collectivités d’outre-mer (COM), comprenant Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Wallis-et-Futuna, la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie, ressortent particulièrement dans cette cartographie nationale des procédures de corruption. Ainsi, 3,5 % des infractions pour des atteintes à l’autorité publique ont eu lieu dans les COM alors qu’elles ne regroupent que 0,9% de la population et 0,63% du PIB”. Des territoires “particulièrement touchés par les détournements de fonds publics” avec 39% des infractions. Au sein de ces collectivités, la Polynésie française se démarque très largement au travers des statistiques par territoire.
 
La Polynésie se détache
 
Avec 77 infractions constatées à l’issue de procédures closes entre 2016 et 2021, soit environ 15 affaires par an, la Polynésie affiche ainsi un chiffre égal aux cinq autres COM réunis (71). Le score polynésien est à cet égard proche de celui constaté dans des départements métropolitains nettement plus peuplés comme le Rhône (85), la Gironde (79) ou les Alpes Maritimes (79). Logiquement, ramenés à la taille de la population, la Polynésie française affiche un taux de 27 infractions pour 100 000 habitants, soit quatre fois supérieur à la moyenne nationale (6,4). Tous territoires confondus, elle n’est devancée que par les deux départements corses (environ 37 pour 100 000 habitants) et Saint Martin (74) mais domine sur la période la Guyane et la Guadeloupe (23), Mayotte (19), la Nouvelle-Calédonie (14) ou encore La Réunion et la Martinique (13). Des chiffres qui, compte tenu des enquêtes et procédures en cours au palais de justice comme celles relatives aux détournements de fonds à la subdivision de l’équipement de Moorea ou à la SEP mais également des jugements définitifs récents comme la condamnation de Gaston Flosse et Édouard Fritch dans l’affaire de la citerne d’Erima, ne risquent pas d’infléchir à court terme.

Rédigé par Sébastien Petit le Mardi 15 Novembre 2022 à 21:58 | Lu 14317 fois