La Polynesian Tech se lance à la conquête du monde


Le ministre du Numérique du gouvernement Macron est intervenu en visioconférence pour féliciter la communauté des entrepreneurs du fenua pour la création du rassemblement Polynesian Tech.
PAPEETE, le 30 octobre 2018 - Le monde des start-up polynésien continue de grossir et de se structurer. Pendant le Digital Festival, une nouvelle initiative a été lancée : Polynesian Tech. Cette bannière va rassembler nos entrepreneurs et va leur servir à intégrer l'écosystème des startup d'Outre-mer, puis à rejoindre le mouvement national, French Tech. Une ouverture vers l'extérieur qui veut marquer une nouvelle étape dans le développement de notre économie numérique.

Le côté polynésien a pu discuter avec le ministre et présenter ses doléances, en particuliers les entrepreneurs présents.
Pendant le Digital Festival Tahiti 2018, un évènement important a eu lieu vendredi 26 octobre. Une grande soirée de lancement de la "Polynesian Tech" était organisée avec tous les acteurs locaux et invités internationaux du festival. Même le ministre du numérique du gouvernement Macron, Mounir Mahjoubi, a participé via une intervention par Skype, en direct. Le ministre a félicité l'écosystème numérique local pour cette initiative. Il a aussi définitivement confirmé la participation de l'Agence Numérique au financement du câble domestique Natitua à hauteur de 10 millions d'euros (1,2 milliards de francs), qui viennent en plus de la défiscalisation. Un beau cadeau qui s'accompagnera d'une visite officielle du ministre l'année prochaine. Un signe que le début d’effervescence numérique en Polynésie a piqué son attention.

En pratique, cette nouvelle "Polynesian Tech" lancée la semaine dernière est "une communauté qui regroupe l'ensemble des entrepreneurs, start-up et porteurs de projets polynésiens" a-t-on appris au #MeetUp de fondation du label. Ce rassemblement va se traduire en une candidature pour rejoindre la French Tech, probablement en novembre, sous la bannière Polynesian Tech. La French Tech est le réseau des entrepreneurs high tech français, présent dans le monde entier.

"Ça permettra à tous nos jeunes porteurs de projets de bénéficier d'un rayonnement international et d'un accompagnement sur toute la planète" expliquaient les entrepreneurs présents. Avec la French Tech, ces entreprises aurons surtout accès à de nombreuses ressources métropolitaines comme de l'accompagnement pour les entreprises déjà plus avancées, des financements nationaux et européens, les incubateurs en métropole et le réseau international des entrepreneurs français. La Polynesian Tech compte aussi sur une convention signée avec Daniel Hierso, le fondateur d'Outremer Network, qui fédère tous les entrepreneurs d'Outre-mer, les accueille et les accompagne à la Station F, le plus grand campus de start-up d'Europe.

Bref, un an après le premier Digital Festival Tahiti et deux ans après la fondation de l'incubateur PRISM, le monde des start-up polynésien commence à s'organiser et se prépare à un développement orienté vers l'international dans les années qui viennent.

Christian Vanizette, co-fondateur de Make Sense et à l'origine du PRISM avec la CCISM

"Mon rêve c'est que des centaines de jeunes montent leurs start-ups et qu'ils arrivent à employer cinq personnes chacun"

Que célébrez-vous ce soir avec le lancement de Polynesien Tech ?
Ce soir c'est surtout une manière de dire à tout le monde qu'un an, depuis le dernier Digital festival, il c'est passé plein de choses. Il y a plein de nouveaux porteurs de projet qui se montrés dans les cinq archipels pour dire qu'ils avaient envie de démarrer leur boite. Il y a 23 projets qui ont été pris dans l'incubateur PRISM. Il y a des meet-up organisés tout le temps par le Start-up Club… Donc il y a des choses qui se font pour les start-up en Polynésie en ce moment. On peut enfin dire que ça y est, il y a une Polynesian Tech. Et officialiser ce label nous permettra de montrer à l'international et en métropole qu'à Tahiti ce n'est pas que la plage et les cocotiers, il y a aussi de l'innovation dans la technologie. La directrice de French Tech, Kat Borlongan, nous a même envoyé un message vidéo pour nous dire que c'était génial qu'on se rassemble et qu'on montre qu'il y a une Polynesian Tech qui existe. C'était fort pour nous de voir ça.

Tu as créé toute une communauté de start-up sociales, nommée Make Sense. Que penses-tu de l'avancée de notre écosystème de start-up deux ans après la création du PRISM ?
C'est vrai u'ici ça va très vite. Make Sense a des incubateurs dans le monde entier, et on voit qu'il y a des endroits beaucoup plus grands que Tahiti, comme Dakar au Sénégal ou Manille aux Philippine, où c'est beaucoup plus dur de faire prendre cette dynamique. Je trouve qu'il y a un dynamisme et une émulation assez incroyable qu'il s'est passé en un an. Depuis le dernier festival il y a tout de même eu 63 groupes qui ont inventé des projets d'entreprise, 23 qui sont passés à l'acte et que l'on a accueilli dans l'incubateur… C'est quand même génial pour 270 000 habitants en quelques mois.

Comment imagines-tu la Polynesian Tech dans quelques années ?
Mon rêve c'est que des centaines de jeunes montent leurs start-ups, leurs entreprises, et qu'ils arrivent à employer cinq personnes chacun. Là ça ferait 500 emplois, donc autant que la banque Socredo. Et si après il y en a quelques une qui explosent, qui s'étendent à l'international, montent à 20, 100, 150 salariés, ça sera génial. Mais on aura gagné dès qu'on aura quelques dizaines de start-up qui emploient 2 ou 3 personnes, parce que ça changera la mentalité. On se dira que oui, on peut créer son emploi, on peut créer une entreprise. C'est plus réaliste que de penser que nous allons créer le prochain Facebook ! Et la plupart des entreprises dans le monde c'est ça, quelques salariés. Il faut que les gens comprennent que le digital c'est vraiment une chance pour notre génération de créer notre emploi, notre entreprise. Après on aura des champions qui vont exploser à l'international et qui reviendront expliquer aux jeunes comment ils ont fait, et ça augmentera encore la dynamique. Donc il faut tout faire pour être derrière ceux qui essaient aujourd'hui.


Édouard Fritch, Président de la Polynésie

"Je crois que la Polynésie donne enfin une image de sérieux, nous montrons notre volonté forte d'avancer, de nous développer, de mettre en place des projets"

Le ministre vient de confirmer que l’État apportera 1,2 milliards de francs en plus pour Natitua. Ça permettra de limiter le coût des abonnements internet ?

C'est exactement ça. L'apport important de subventions pour ce genre d'investissement va effectivement accompagner l'Office des Postes et Télécommunications dans sa politique de réduction du prix du service mis à disposition de touts les opérateurs. Parce qu'il n'y a pas que Vini qui en bénéficiera, les autres opérateurs aussi en bénéficient. Cette subvention de Paris est donc vraiment accueillie ici avec beaucoup, beaucoup de plaisir. Et comme vous le saviez, nous ne nous y attendions pas vraiment. C'est lors de la visite de Gérald Darmanin en Polynésie qu'il nous a annoncé que nous pourrions bénéficier du fonds numérique et de la défiscalisation.
Pour Natitua, l’État apporte plus de 2 milliards de francs, 30 % du coût, ce qui est important. Et surtout c'est pour 70 000 habitants, alors que ce genre de projet pourrait satisfaire deux millions de consommateurs ! C'est cette petite dimension du marché qui nous donne effectivement beaucoup de mal à avoir des prix compétitifs comme on le voit ailleurs, donc cette aide est vraiment bienvenue.

Au niveau politique, vous avez déjà reçu la visite de deux ministres du gouvernement Macron. L'année prochaine nous recevront donc également le ministre du Numérique, ainsi que le Président Macron lui-même. Pourquoi un tel amour pour la Polynésie ?
Je crois que le ministre du Numérique Mounir Mahjoubi, que nous avons entendu ce soir, a vu l'engouement qu'il y a en Polynésie pour ce festival du digital. Je crois que la Polynésie donne enfin une image de sérieux, nous montrons notre volonté forte d'avancer, de nous développer, de mettre en place des projets. Il ne s'agit pas pour nous d'aller à la quête aux subventions. Nous proposons de bons projets et l’État décide de nous accompagner sur ces projets. Cette méthode de travail plaît beaucoup aux différents ministres.
Nous avons eu l'occasion de parler à Darmanin de l'accompagnement nécessaire de la défiscalisation pour le développement du tourisme, et il a tout compris ! Donc j'espère rapidement recevoir notre ministre du Numérique, car je lui expliquerai que le numérique sera pour nous un outil pour la continuité territoriale. C'est indispensable. Ces outils coûtent cher à l'investissement, mais ils vont ouvrir tellement de portes à nos compatriotes des îles… C'est un objectif qui peut plaire à nos leaders.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 30 Octobre 2018 à 15:15 | Lu 1033 fois