La Pew Charitable Trusts s’installe à Tahiti pour protéger nos océans


PAPEETE, le 30 septembre 2014 - En même temps que le début de création d’une grande aire marine protégée aux Australes, l’ONG Pew installe ses bureaux à Papeete pour financer et coordonner les efforts pour protéger notre océan contre la surpêche et la pollution.

Une nouvelle association internationale s’installe officiellement à Tahiti. C’est la Pew Charitable Trusts qui a inauguré ce mardi 30 septembre ses bureaux à la gare maritime de Papeete. L’ONG dispose d’un budget annuel de 300 millions de dollars dans le monde pour faire avancer ses causes, de l’éducation à la réforme du système pénitentiaire… mais surtout la protection des océans mondiaux. C’est dans ce dernier cadre que s’inscrit sa présence dans nos îles.

Jérôme Petit est le directeur du bureau de Pew en Polynésie Française : « Pew est une agence internationale qui travaille dans une vingtaine de pays dans le monde. Elle a ouvert un petit bureau de trois personnes en Polynésie il y a un an, et maintenant nous avons ces nouveaux locaux. Nous travaillons avec une vingtaine d’associations et de centres de recherche, en apportant nos investissements pour essayer de faire en sorte de créer tous ensemble de grandes aires marines protégées (AMP) en Polynésie. C’est notre seule mission ici. »

À travers le monde, ce programme « Héritage Mondial des Océans » commence à obtenir des succès : « la première AMP a été la création d’une grande aire marine protégée à Hawaii en 2006, le Papahānaumokuākea Parc de 360 000 km². Il y en aussi aux Chagos, aux Mariannes, en Australie avec le parc de la Mer de Corail en 2012.... »

En Polynésie, ce n’est pas loin de 1 million de km² qui pourrait être protégés. Les populations et élus des Australes sont enthousiastes, et les municipalités ont toutes voté une délibération demandant la création d’une AMP : « L’idéal serait la création de l’Aire mi-2016, car il y a plusieurs étapes, de définition des zones, de recherche scientifique, de consultation avec les populations et de travail législatif. »

Jérôme Petit et Andy Pearl
20% de notre ZEE pourrait être protégée dans les 5 ans

Andi Pearl, une des directrices internationales de Pew Charitable Trusts, était présente. Elle a rappelé que moins de 1% de la surface océanique mondiale est protégée actuellement, contre 12% des surfaces terrestres. Pourtant les stocks de poisson sont largement surexploités dans le monde, avec quelques exceptions… Dont la Polynésie, où la pêche est encore considérée comme durable. Une chance à préserver le plus longtemps possible, et qui a conduit l’organisation internationale à s’investir dans notre territoire.

Lors des discours, les associations écologiques dont les amis de Hokulea et les représentants des pêcheurs se sont tous dits favorables à l’objectif de protéger 20% de nos eaux avant 2020. Certains veulent protéger la biodiversité, d’autre comptent empêcher l’arrivée des gros pêcheurs étrangers qui amasseraient des milliers de « DCP dérivants » qui attirent les poissons, aux bords ou même à l’intérieur de notre ZEE, pour ensuite y jeter leurs filets et rafler ces dernière « pêches miraculeuses » du Pacifique.

Taria Faatau maire déléguée de Mahu, à Tubuai ; Guyi Yieng-Kow, maire délégué de Taahuaia, à Tubuai ; Arietta Delord, troisième adjointe du maire de Tubuai ; Joachim Tevaatua, maire de Raivavae
Les Australes à la pointe

Joachim Tevaatua, maire de Raivavae, comme ses collègues des autres îles des Australes, est très motivé :
« Nous les maires des Australes, nous sommes invités à cette inauguration par rapport au programme pour la protection de nos zones maritimes. C’est une très bonne idée, nous avons proposé dans chaque île, dans les conseils municipaux et auprès de la population, dont les pêcheurs qui sont là aussi aujourd’hui, et ça a été accepté. Nous craignons que les grands bateaux de pêche viennent voler notre garde-manger, et la population n’aura plus de poisson. C’est qu’en ce moment on voit les gros bateaux qui tournent autour de chez nous. Je ne pense pas qu’ils aient l’autorisation. Avec cette aire protégée ils n’auront plus le droit de venir, mais encore faudra-t-il qu’il y ait des contrôles. Il y a aussi des retombées touristiques, et les populations locales ont cette volonté de protéger leur océan, la nature. »


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 30 Septembre 2014 à 16:47 | Lu 2549 fois