La « MINUT » onusienne prorogée au Timor oriental


NEW YORK, vendredi 24 février 2012 (Flash d’Océanie) – Le Conseil de Sécurité des Nations-Unies a décidé jeudi de proroger jusqu’à la fin 2012 la présence de la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT), force de stabilisation en place dans ce jeune État qui fête cette année le dixième anniversaire de sa naissance.
En vertu de cette décision le conseil onusien a décidé de maintenir les effectifs jusqu’ici mobilisés et fournis notamment par l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Après le 31 décembre 2012, le dispositif onusien entamera un processus de réduction progressive des effectifs, « conformément aux souhaits du gouvernement timorais et à la situation sur le terrain et suivant le bon déroulement des opérations électorales (parlementaires et présidentielle) en 2012 ».
Le dispositif (environ un millier de policiers), qui a été redéployé après les émeutes postélectorales du précédent scrutin de 2006, devrait aussi intervenir en soutien à a police nationale, aux fins de maintien de l’ordre.
Le Président sortant, José Ramos-Horta, 62 ans, en annonçant la tenue de ces présidentielles, avait laissé planer le suspense quant à sa candidature.
Puis, début février 2012, ses services ont finalement confirmé qu’il présenterait sa candidature pour se succéder à lui-même.
Le premier tour de ces élections présidentielles au Timor oriental doit avoir lieu le 17 mars 2012.
Si un second tour est nécessaire, il devrait avoir lieu « la troisième semaine d’avril », selon le Président sortant.
Ce scrutin devrait ensuite être suivi de législatives, fin juin 2012.
Dans une configuration immédiatement postindépendance, M. Ramos-Horta fut d’abord Premier ministre, et le Président historique le leader du parti indépendantiste Fretilin, Xanana Gusmao.
À l’issue des élections présidentielles et législatives d’avril 2006, les deux dirigeants, avaient échangé leurs titres.
De violentes émeutes, sur fond de rébellion d’un pan de l’armée, avaient ensuite éclaté dans la capitale, faisant des milliers de déplacés, contraints de fuir à l’extérieur de Dili, dans des conditions souvent précaires au niveau de l’hygiène et de la sécurité.
Xanana Gusmao et le José Ramos-Horta ont tous deux été les cibles d’attentats début février 2008.
Alors que M. Gusmao s’en était sorti indemne, M. Ramos Horta avait été grièvement blessé et avait ensuite été hospitalisé plusieurs mois dans un établissement de Darwin (Nord de l’Australie).
Début février 2011, Ban Ki-moon, Secrétaire Général des Nations-Unies, avait clairement exprimé le souhait que la mission policière de stabilisation de l’ONU (MINUT) au Timor oriental soit prolongée d’une année supplémentaire, compte tenu notamment de « la nécessité de maintenir un appui dans des domaines critiques du mandat » de ce déploiement.
Ce prolongement permettrait de rejoindre les dates de la tenue, au cours du premier semestre 2012, des élections présidentielles et législatives et ainsi « permettre de (…) fournir un appui opérationnel à la Police nationale dans des circonstances exceptionnelles, et si la demande en est faite ».
Ces scrutins pourraient aussi, parallèlement, bénéficier d’un appui logistique et technique de l’ONU.
L’ONU avait ensuite, un temps (y compris lors des précédents débats consacrés à ce sujet au sein du Conseil de Sécurité, fin novembre 2011), estimé en substance que « les progrès réalisés permettent d'envisager le retrait de la MINUT ».

Avant l’indépendance : une colonie portugaise, puis annexée par l’Indonésie

Le Timor oriental, avant que d’accéder à son indépendance en 2002, est passé par une phase de transition (1999-2002, après un vote pour l’autodétermination) sous mandat de l’ONU, qui faisait suite à une tutelle indonésienne (qui avait annexé ce pays en 1975, occupant le vide laissé par le retrait du Portugal, ancienne puissance de tutelle au cours des quelque quatre cent années précédentes).
Avec une population d’un peu plus d’un million (1,1) d’habitants et des ressources pétrolières off-shore qui attirent les convoitises, le plus jeune des pays du monde est toutefois confronté à de graves problèmes de développement et de pauvreté.


Processus progressif de retrait des forces onusiennes

Sur le moyen terme, l’ONU envisage de réduire par étapes ses effectifs déployés au Timor oriental (et de transférer les pouvoirs de police aux autorités locales), avec comme principaux pays participants l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
« Sur le plan économique, le Timor-Leste a opéré un redressement depuis la crise de 2006. Ces quatre dernières années, le pays a enregistré un taux de croissance de près de dix pur cent, une baisse de la pauvreté et une amélioration des indicateurs du développement humain. Grâce aux recettes pétrolières, le montant du projet de budget de l'État pour 2011 est quatre fois supérieur au budget de 2006 », rappelait l’ONU début 2011.
Seul bémol concernant le transfert prévu des pouvoirs de police aux autorités locales : une récente décision du gouvernement timorais de valider à nouveau la nomination de plus d’une cinquantaine d’agents des forces de l’ordre locales faisant pourtant l’objet d' « enquêtes disciplinaires et criminelles ».
En réaction, Ban Ki-moon avait exhorté les autorités judiciaires « à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir l'intégrité de la Police nationale ».

Le Premier ministre du Timor veut se débarrasser des troupes australiennes

Fin décembre 2010, Xanana Gusmao, Premier ministre du Timor oriental, semblait pourtant de moins en moins bien disposé à l’égard des troupes australiennes participant à la force onusienne de stabilisation dans son pays : dans un discours on ne peut plus officiel aux chefs de la police et de l’armée, il a clairement demandé mercredi le départ de ce contingent.
Les troupes australiennes participent à hauteur d’environ quatre cent soldats à une force internationale par ailleurs composée de troupes néo-zélandaises (75) et dont la mission est à la fois de stabiliser ce pays en proie à des troubles chroniques et de former les troupes locales à la reprise en main des opérations de maintien de l’ordre.
« Nous sommes maintenant capables de résoudre nos problèmes tous seuls », avait alors lancé M. Gusmao la veille de Noël, tout en expliquant que désormais, les priorités nationales n’étaient plus aux questions de sécurité, mais d’infrastructures comme l’adduction d’eau et les ponts et chaussées.
Selon un plan provisoire de retrait, les troupes australiennes envisageaient de passer progressivement la main à partir de 2012, année des prochaines élections législatives.
Lors d’un précédent scrutin, en avril 2006, de violentes émeutes, sur fond de rébellion d’un pan de l’armée, avaient éclaté dans la capitale, forçant des milliers de personnes à fuir à l’extérieur de Dili, dans des conditions souvent précaires au niveau de l’hygiène et de la sécurité.
L’armée australienne, via un porte-parole, avait sobrement rappelé en fin d’année dernière que si elle se trouvait au Timor, c’était sur l’invitation des autorités locales.
Le gouvernement du Timor et son armée ont récemment intensifié leur coopération militaire avec des pays tiers tels que la Chine Populaire.

Quant au contingent néo-zélandais, son retrait progressif a fait l’objet d’un document couvrant cet aspect, entre autres, de la relation de coopération militaire entre Dili et Wellington.
Lors d’une rencontre le 9 septembre 2011, à Auckland, le Premier ministre timorais Xanana Gusmao (accompagné de son Secrétaire d’État à la Défense Julio Tomas Pinto) et Wayne Mapp, ministre néo-zélandais de la défense, ont évoqué ensemble une coopération militaire « plus étroite » désormais régie par ce traité bilatéral de coopération militaire.
« Nous envisageons que notre personnel militaire commence à quitter le Timor oriental militaire après les présidentielles et les législatives de l’an prochain (…) La Nouvelle-Zélande a fait partie de la présence internationale de sécurité (au Timor) depuis 1999 (…) L’accord signé (vendredi 9 septembre 2011) pose les bases de la prochaine étape de nos relations, alors que le Timor oriental prend la responsabilité de ses propres affaires de sécurité », a précisé le ministre néo-zélandais.
Cet accord entre Dili et Wellington prévoit une large part de formation et d’échanges à venir entre les forces des deux pays, y compris des stages de longue durée au collège militaire de Trentham, qui accueille déjà de nombreux étudiants de l’Asie et du Pacifique.

pad

Rédigé par PAD le Vendredi 24 Février 2012 à 06:25 | Lu 860 fois