Sur le projet Mahana Beach Tahiti à Punaauia il est prévu 150 à 180 milliards de Fcfp d’investissement sur plus de 50 hectares. L’ensemble pourrait accueillir au total 1700 chambres d’hôtels, 200 condominiums, des boutiques, des cinémas, un centre aquatique de loisirs, un golf de neuf trous et probablement aussi un casino. Toutes ces constructions, du moment que l’investissement dépasse 40 milliards de Fcfp pourront prétendre au dispositif d’incitation fiscale adopté ce jeudi par le Pays.
PAPEETE, le 22 mai 2014. Le dispositif d’aide en faveur des grands investissements hôteliers prévu dans le Plan de relance du gouvernement de Gaston Flosse a été approuvé hier à l’assemblée de la Polynésie. Avec les 38 voix de la majorité Tahoeraa. Le groupe A T’ia Porinetia s’est abstenu. L’UPLD a voté contre. Pour développer le tourisme et faire venir, en nombre, de nouveaux visiteurs sur le territoire, il va falloir de nouvelles capacités d’hébergement. Michel Monvoisin, président du GIE Tahiti Tourisme le déclarait déjà il y a quelques semaines dans les colonnes de Tahiti Infos. Le premier seuil fixé est celui de 200 000 touristes en 2016 (soit 40 000 touristes en plus qu’en 2013) et ne pourra pas tellement aller au-delà dans un premier temps pour cause de saturation des structures d’hébergement.
La Polynésie a fait du tourisme le vaisseau amiral de son économie, mais ne dispose pas des équipements d’accueil suffisant. C’est un sacré paradoxe. D’autant qu’au cours des 15 dernières années, le territoire a vu se fermer les portes d’une bonne dizaine d’établissements hôteliers «ayant pignon sur rue» comme le faisait remarquer ce jeudi matin Nicole Sanquer dans l’hémicycle territorial. Vouloir faire du tourisme sans équipements touristiques, c’est certain, manque un peu de professionnalisme. Alors pour repeupler ce désert de friches hôtelières qu’est devenue la Polynésie, tout particulièrement à Tahiti, le gouvernement Tahoeraa a décidé d’attirer des investisseurs étrangers avec quelques carottes fiscales bien ficelées pour faire concurrence à d'autres pays ou territoires qui usent des mêmes procédés. C’était l’objet de la loi du Pays instituant le dispositif d’aide en faveur des grands investissements hôteliers, qui a certes recueilli tous les assentiments de la majorité, mais n’a pas réussi à convaincre les deux groupes d’opposition.
D’emblée en ouverture du débat, A T’ia Porinetia a fait savoir que le groupe s’abstiendrait sur ce projet de loi. Nicole Bouteau parle d’une action du gouvernement trop rapide «d’un rouleau compresseur» ou d’une «urgence absolue au nom de la relance», mais déplore que les textes soient des copié/collé d’autres projets en cours, comme celui de la ferme aquacole. Le parti jaune craint ainsi des textes inadaptés, mal ajustés aux projets pour lesquels ils sont créés. Sans parler de l’inquiétude pour l’environnement avec la nécessité pour les remblais à venir «d’extraire des dizaines de milliers de m3 de matériaux dans nos vallées dans nos rivières, cela a déjà commencé à Atimaono. Nous serons extrêmement vigilants sur ces questions» indiquait Nicole Bouteau.
Dans les rangs de l’UPLD, Chantal Flores-Tahiata pointe du doigt la faute originelle du président Flosse qui depuis 20 ans «confond spéculation immobilière avec le développement touristique» aussi «rien d’étonnant à ce que la même personne revienne avec un remix sauce cantonnaise des mêmes dispositifs». L’élue Tavini pointe non seulement les dispositifs d’incitation fiscale au moment des investissements mais le cadeau fiscal final avec «les 15 ans d’exemption d’impôt foncier, les 10 ans d’exemption d’impôt sur les bénéfices, le budget du Pays peut-il se le permettre» ? interroge-t-elle, tout ça pour «des projets pharaoniques, des machins Beach qui vont priver l’accès des Maohi à leur littoral par la privatisation des bords de mer».
Seul à la tribune du gouvernement, Geffry Salmon le ministre du tourisme a répondu avec la concision qui le caractérise aux questions posées par les élus. Ainsi, l’accès au littoral restera ouvert à tous car «les plages sont publiques», les règles sur l’environnement sont en vigueur sur ces zones dédiées au développement touristique et des études d’impact seront réalisées, des plans de formation pour favoriser l’emploi local seront prévus même s’ils restent pour l’instant théoriques puisqu’on ne sait pas encore combien de chambres seront finalement construites. Quant aux expulsions de personnes qui ont déjà eu lieu sur le domaine d’Outumaoro, elles ne résultent que de décision de justice entamées alors qu’Oscar Temaru était le président du Pays en exercice.
La Polynésie a fait du tourisme le vaisseau amiral de son économie, mais ne dispose pas des équipements d’accueil suffisant. C’est un sacré paradoxe. D’autant qu’au cours des 15 dernières années, le territoire a vu se fermer les portes d’une bonne dizaine d’établissements hôteliers «ayant pignon sur rue» comme le faisait remarquer ce jeudi matin Nicole Sanquer dans l’hémicycle territorial. Vouloir faire du tourisme sans équipements touristiques, c’est certain, manque un peu de professionnalisme. Alors pour repeupler ce désert de friches hôtelières qu’est devenue la Polynésie, tout particulièrement à Tahiti, le gouvernement Tahoeraa a décidé d’attirer des investisseurs étrangers avec quelques carottes fiscales bien ficelées pour faire concurrence à d'autres pays ou territoires qui usent des mêmes procédés. C’était l’objet de la loi du Pays instituant le dispositif d’aide en faveur des grands investissements hôteliers, qui a certes recueilli tous les assentiments de la majorité, mais n’a pas réussi à convaincre les deux groupes d’opposition.
D’emblée en ouverture du débat, A T’ia Porinetia a fait savoir que le groupe s’abstiendrait sur ce projet de loi. Nicole Bouteau parle d’une action du gouvernement trop rapide «d’un rouleau compresseur» ou d’une «urgence absolue au nom de la relance», mais déplore que les textes soient des copié/collé d’autres projets en cours, comme celui de la ferme aquacole. Le parti jaune craint ainsi des textes inadaptés, mal ajustés aux projets pour lesquels ils sont créés. Sans parler de l’inquiétude pour l’environnement avec la nécessité pour les remblais à venir «d’extraire des dizaines de milliers de m3 de matériaux dans nos vallées dans nos rivières, cela a déjà commencé à Atimaono. Nous serons extrêmement vigilants sur ces questions» indiquait Nicole Bouteau.
Dans les rangs de l’UPLD, Chantal Flores-Tahiata pointe du doigt la faute originelle du président Flosse qui depuis 20 ans «confond spéculation immobilière avec le développement touristique» aussi «rien d’étonnant à ce que la même personne revienne avec un remix sauce cantonnaise des mêmes dispositifs». L’élue Tavini pointe non seulement les dispositifs d’incitation fiscale au moment des investissements mais le cadeau fiscal final avec «les 15 ans d’exemption d’impôt foncier, les 10 ans d’exemption d’impôt sur les bénéfices, le budget du Pays peut-il se le permettre» ? interroge-t-elle, tout ça pour «des projets pharaoniques, des machins Beach qui vont priver l’accès des Maohi à leur littoral par la privatisation des bords de mer».
Seul à la tribune du gouvernement, Geffry Salmon le ministre du tourisme a répondu avec la concision qui le caractérise aux questions posées par les élus. Ainsi, l’accès au littoral restera ouvert à tous car «les plages sont publiques», les règles sur l’environnement sont en vigueur sur ces zones dédiées au développement touristique et des études d’impact seront réalisées, des plans de formation pour favoriser l’emploi local seront prévus même s’ils restent pour l’instant théoriques puisqu’on ne sait pas encore combien de chambres seront finalement construites. Quant aux expulsions de personnes qui ont déjà eu lieu sur le domaine d’Outumaoro, elles ne résultent que de décision de justice entamées alors qu’Oscar Temaru était le président du Pays en exercice.
Avec 600 chambres de plus, jusqu’à 35 000 clients supplémentaires
Dans un extrait du rapport présenté hier aux représentants de l’assemblée de la Polynésie au moment de la discussion de ce projet de Loi du Pays, il est expliqué que l'accroissement de la capacité hôtelière, par des acteurs économiques nouveaux sur le marché polynésien, permettra de dynamiser le tourisme et de susciter un effet d'entraînement auprès des prestataires qui interviennent dans ce secteur économique. Cette relance devrait induire des effets positifs sur l'emploi dans les trois années à venir. «Par ailleurs, lors de la commission de l'économie, des finances, du budget et de la fonction publique dans sa réunion du 7 mai 2014 dernier, le chef du service Tahiti Tourism Authority a présenté les retombées possibles en termes d'emploi en prenant l'exemple d'un complexe de 600 unités (500 unités de type « chambre » et 100 unités de type « villa ») et en développant deux hypothèses :
- L'hypothèse basse avec un taux de remplissage de 50% à l'année (n+1), ce qui représenterait 1500 employés, avec un chiffre d'affaires estimé à plus de 15 milliards de F CFP et avec une estimation de 26 700 clients ;
- L'hypothèse haute avec un taux de remplissage de 67% (moyenne des hôtels 5 étoiles), ce qui représenterait également 1500 employés, mais avec un chiffre d'affaires estimé à 20 milliards de F CFP et avec une estimation de 35 000 clients».
Dans un extrait du rapport présenté hier aux représentants de l’assemblée de la Polynésie au moment de la discussion de ce projet de Loi du Pays, il est expliqué que l'accroissement de la capacité hôtelière, par des acteurs économiques nouveaux sur le marché polynésien, permettra de dynamiser le tourisme et de susciter un effet d'entraînement auprès des prestataires qui interviennent dans ce secteur économique. Cette relance devrait induire des effets positifs sur l'emploi dans les trois années à venir. «Par ailleurs, lors de la commission de l'économie, des finances, du budget et de la fonction publique dans sa réunion du 7 mai 2014 dernier, le chef du service Tahiti Tourism Authority a présenté les retombées possibles en termes d'emploi en prenant l'exemple d'un complexe de 600 unités (500 unités de type « chambre » et 100 unités de type « villa ») et en développant deux hypothèses :
- L'hypothèse basse avec un taux de remplissage de 50% à l'année (n+1), ce qui représenterait 1500 employés, avec un chiffre d'affaires estimé à plus de 15 milliards de F CFP et avec une estimation de 26 700 clients ;
- L'hypothèse haute avec un taux de remplissage de 67% (moyenne des hôtels 5 étoiles), ce qui représenterait également 1500 employés, mais avec un chiffre d'affaires estimé à 20 milliards de F CFP et avec une estimation de 35 000 clients».
ILS ONT DIT
Anthony Géros, UPLD
«Que dire aussi de ce fameux projet présenté lors de la dernière commission pour accélérer les procédures de spoliation foncières au motif qu’elles présenteraient un intérêt pour les investisseurs étrangers ? Comment qualifier un projet d’utilité économique sous la forme d’utilité publique ? Cela m’interpelle. Je n’ai jamais vu où un intérêt économique pouvait être qualifié d’intérêt public».
Antonio Pérez , A Ti’a Porinetia
«Nous avons un beau pays reconnu à l’international : beaux paysages, beaux lagons, belle qualité de vie et, en plus, nous avons la sécurité. Bref, on a tout ce qu’il faut pour développer notre tourisme. Après un an de gouvernement force est de constater que cet objectif n’est pas atteint. Alors qu’est ce qu’on trouve comme parade à cet aveu d’échec ? Tout un dispositif d’exonération maximum sur un secteur qui pourrait être développé sans arriver à ces extrêmes. Ce qui me choque le plus, c’est l’absence de contrepartie : on donne, on lâche mais en contrepartie aucune signature même en matière de création d’emplois».
Teura Iriti, Tahoeraa Huiraatira
« Il faut faire le nécessaire pour développer nos ressources : nous ne vendons pas notre Pays, ni nos terres, mais ce sont les ressources que l’on met pour développer notre économie et faire venir ceux qui ont de l’argent».
«Que dire aussi de ce fameux projet présenté lors de la dernière commission pour accélérer les procédures de spoliation foncières au motif qu’elles présenteraient un intérêt pour les investisseurs étrangers ? Comment qualifier un projet d’utilité économique sous la forme d’utilité publique ? Cela m’interpelle. Je n’ai jamais vu où un intérêt économique pouvait être qualifié d’intérêt public».
Antonio Pérez , A Ti’a Porinetia
«Nous avons un beau pays reconnu à l’international : beaux paysages, beaux lagons, belle qualité de vie et, en plus, nous avons la sécurité. Bref, on a tout ce qu’il faut pour développer notre tourisme. Après un an de gouvernement force est de constater que cet objectif n’est pas atteint. Alors qu’est ce qu’on trouve comme parade à cet aveu d’échec ? Tout un dispositif d’exonération maximum sur un secteur qui pourrait être développé sans arriver à ces extrêmes. Ce qui me choque le plus, c’est l’absence de contrepartie : on donne, on lâche mais en contrepartie aucune signature même en matière de création d’emplois».
Teura Iriti, Tahoeraa Huiraatira
« Il faut faire le nécessaire pour développer nos ressources : nous ne vendons pas notre Pays, ni nos terres, mais ce sont les ressources que l’on met pour développer notre économie et faire venir ceux qui ont de l’argent».