VALERY HACHE / AFP
Lyon, France | AFP | mercredi 03/08/2022 - 02:33 UTC-9 | 883 mots
ACTUALISÉ AVEC ÉLÉMENTS EDF, VNF, COULEURS ET HYDROLOGUE
par Laure FILLON / Renaud LAVERGNE
Entre restrictions et inquiétudes, la France affronte mercredi la journée la plus chaude du troisième épisode caniculaire enregistré depuis juin, avec des températures qui pourraient atteindre jusqu'à 40°C dans le Sud-Ouest et une sécheresse chaque jour plus marquée.
"La journée de mercredi sera la plus chaude à l'échelle nationale", avertit Météo-France, mais le pic de chaleur sera encore présent jeudi "en se décalant vers l'Est".
"Entre mercredi et jeudi les maximales seront souvent supérieures ou égales à 35°C avec des pointes à 39 ou 40°C sur le Sud-Ouest", précise Météo-France, qui a placé 26 départements en alerte orange canicule.
Cette vague de chaleur sera plus courte que la précédente, prévoit Météo-France, qui ne se prononce pas encore sur sa durée. La dernière en date a pris fin le 25 juillet et a duré 14 jours.
"On est inquiet (de) ces répétitions rapprochées de vagues de chaleur", qui "ne permettent pas aux organismes de revenir à un fonctionnement normal", a expliqué Isabelle Bonmarin de Santé publique France (SPF).
"On s'attend à une surmortalité dès qu'on passe en canicule (...) et notamment les 75 ans et plus", a ajouté son collègue Robin Lagarrigue, indiquant qu'un "bilan sera fait à la rentrée, en septembre".
En attendant, dans les centre-villes surchauffés, c'est la ruée sur l'eau: "on vend 100 bouteilles par jour, contre 20 d'habitude, alors que les Lyonnais sont en vacances. On ravitaille en permanence!", relate ainsi un employé du kiosque à journaux Le Viste, en face de la place Bellecour.
- Sécheresse des sols -
Sur différents fronts de feux de forêt, en Haute-Corse comme dans les Alpes-de-Haute-Provence, la situation était en tout cas stabilisée mercredi matin. De même, le trafic des trains TER et TGV, interrompu mardi après-midi dans les Landes en raison d'un incendie, a repris "progressivement" mercredi matin, le feu ayant été fixé.
Cette chaleur ne fait que renforcer la sécheresse. Juillet 2022 est "au second rang des mois les plus secs tous mois confondus" en France depuis le début des mesures en 1958-1959, avec un cumul de précipitations agrégées de 9,7 millimètres, soit un déficit de précipitations d'environ 84% par rapport aux normales, selon Météo-France. Et "on est en situation de sécheresse record pour l'humidité des sols depuis le 17 juillet au niveau national", a indiqué Jean-Michel Soubeyroux, climatologue chez Météo-France
A Gérardmer, (Vosges), le débit des sources est tellement faible que, depuis mercredi, la commune approvisionne avec l'eau du lac son réseau d'eau public. Résultat: l'eau sera déclarée non-potable, a priori pour 48h, le temps de réaliser des tests bactériologiques. Ce n'est pas une première, mais cela n'est jamais arrivé "aussi tôt" et "on a deux mois d'avance par rapport à des étés chauds", s'alarme le maire Stessy Speissman.
En haute-Corse le préfet a lancé un appel solennel, mettant en garde contre une "crise sévère inéluctable sans un effort collectif et solidaire de tous".
"En ce début août, les sols sont (...) encore plus secs qu'ils ne l'étaient à la même date en 1976 et en 2003. D'ici le milieu du mois d'août, il est probable que cette situation s’aggrave encore, et que le record absolu de sécheresse des sols superficiels qui date de 2003 soit battu", précise Météo-France.
"J'ai vu mes fleurs d'olives griller", déplore ainsi Jean Berneau, oléiculteur à Lagorce (Ardèche). "Les olives noircissent, elles se rident et ont un calibre anormal", poursuit l'exploitant, 64 ans, qui, après avoir tiré 2 tonnes d'huile de ses olives en 2021, ne s'attend pas à en produire plus de 400 litres cette année. "Ca risque d'être dramatique...".
Autre conséquence de la canicule: EDF a annoncé de possibles "restrictions" de production à sa centrale nucléaire du Tricastin (Drôme), en raison des "prévisions de température élevées sur le Rhône", dont l'eau sert à refroidir les réacteurs, qui pourrait conduire "à l'arrêt d'une tranche".
Alerte aussi sur le Rhin, où les bateaux doivent s'alléger d'un tiers en raison "des problèmes d'enfoncement", a prévenu Voies navigables de France. Près de 600 km de canaux sont également fermés, notamment dans le Grand Est et en Bourgogne, affectant les activités de plaisance.
Idem pour le niveau de la Garonne: à Toulouse, les pêcheurs à la ligne devaient se poster au milieu du lit du fleuve mercredi et des compagnies ont dû annuler de croisière reliant les quais de Bordeaux aux vignobles en amont.
- "Le climat 2020 on peut l'oublier" -
Sécheresse et canicule sont "la manifestation du réchauffement climatique, aujourd'hui plus personne" ne le "remet en cause", a expliqué mercredi matin la ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher sur Cnews. "Le climat 2020 on peut l'oublier, et le climat 2022 est peut-être le plus frais des années à venir".
L'hydrologue Emma Haziza va plus loin: "il va falloir réfléchir à une nouvelle forme d'agriculture", a-t-elle dit sur France 2. Et d'interroger: "peut-on encore se permettre de continuer" à cultiver du maïs "qui a besoin d'énormément d'eau en surface?".
"On ne voit pas de sortie dans l'immédiat à cette situation de sécheresse. (...) Il faudrait un mois de précipitations excédentaires avant de retrouver une situation normale", corrobore Jean-Michel Soubeyroux.
ACTUALISÉ AVEC ÉLÉMENTS EDF, VNF, COULEURS ET HYDROLOGUE
par Laure FILLON / Renaud LAVERGNE
Entre restrictions et inquiétudes, la France affronte mercredi la journée la plus chaude du troisième épisode caniculaire enregistré depuis juin, avec des températures qui pourraient atteindre jusqu'à 40°C dans le Sud-Ouest et une sécheresse chaque jour plus marquée.
"La journée de mercredi sera la plus chaude à l'échelle nationale", avertit Météo-France, mais le pic de chaleur sera encore présent jeudi "en se décalant vers l'Est".
"Entre mercredi et jeudi les maximales seront souvent supérieures ou égales à 35°C avec des pointes à 39 ou 40°C sur le Sud-Ouest", précise Météo-France, qui a placé 26 départements en alerte orange canicule.
Cette vague de chaleur sera plus courte que la précédente, prévoit Météo-France, qui ne se prononce pas encore sur sa durée. La dernière en date a pris fin le 25 juillet et a duré 14 jours.
"On est inquiet (de) ces répétitions rapprochées de vagues de chaleur", qui "ne permettent pas aux organismes de revenir à un fonctionnement normal", a expliqué Isabelle Bonmarin de Santé publique France (SPF).
"On s'attend à une surmortalité dès qu'on passe en canicule (...) et notamment les 75 ans et plus", a ajouté son collègue Robin Lagarrigue, indiquant qu'un "bilan sera fait à la rentrée, en septembre".
En attendant, dans les centre-villes surchauffés, c'est la ruée sur l'eau: "on vend 100 bouteilles par jour, contre 20 d'habitude, alors que les Lyonnais sont en vacances. On ravitaille en permanence!", relate ainsi un employé du kiosque à journaux Le Viste, en face de la place Bellecour.
- Sécheresse des sols -
Sur différents fronts de feux de forêt, en Haute-Corse comme dans les Alpes-de-Haute-Provence, la situation était en tout cas stabilisée mercredi matin. De même, le trafic des trains TER et TGV, interrompu mardi après-midi dans les Landes en raison d'un incendie, a repris "progressivement" mercredi matin, le feu ayant été fixé.
Cette chaleur ne fait que renforcer la sécheresse. Juillet 2022 est "au second rang des mois les plus secs tous mois confondus" en France depuis le début des mesures en 1958-1959, avec un cumul de précipitations agrégées de 9,7 millimètres, soit un déficit de précipitations d'environ 84% par rapport aux normales, selon Météo-France. Et "on est en situation de sécheresse record pour l'humidité des sols depuis le 17 juillet au niveau national", a indiqué Jean-Michel Soubeyroux, climatologue chez Météo-France
A Gérardmer, (Vosges), le débit des sources est tellement faible que, depuis mercredi, la commune approvisionne avec l'eau du lac son réseau d'eau public. Résultat: l'eau sera déclarée non-potable, a priori pour 48h, le temps de réaliser des tests bactériologiques. Ce n'est pas une première, mais cela n'est jamais arrivé "aussi tôt" et "on a deux mois d'avance par rapport à des étés chauds", s'alarme le maire Stessy Speissman.
En haute-Corse le préfet a lancé un appel solennel, mettant en garde contre une "crise sévère inéluctable sans un effort collectif et solidaire de tous".
"En ce début août, les sols sont (...) encore plus secs qu'ils ne l'étaient à la même date en 1976 et en 2003. D'ici le milieu du mois d'août, il est probable que cette situation s’aggrave encore, et que le record absolu de sécheresse des sols superficiels qui date de 2003 soit battu", précise Météo-France.
"J'ai vu mes fleurs d'olives griller", déplore ainsi Jean Berneau, oléiculteur à Lagorce (Ardèche). "Les olives noircissent, elles se rident et ont un calibre anormal", poursuit l'exploitant, 64 ans, qui, après avoir tiré 2 tonnes d'huile de ses olives en 2021, ne s'attend pas à en produire plus de 400 litres cette année. "Ca risque d'être dramatique...".
Autre conséquence de la canicule: EDF a annoncé de possibles "restrictions" de production à sa centrale nucléaire du Tricastin (Drôme), en raison des "prévisions de température élevées sur le Rhône", dont l'eau sert à refroidir les réacteurs, qui pourrait conduire "à l'arrêt d'une tranche".
Alerte aussi sur le Rhin, où les bateaux doivent s'alléger d'un tiers en raison "des problèmes d'enfoncement", a prévenu Voies navigables de France. Près de 600 km de canaux sont également fermés, notamment dans le Grand Est et en Bourgogne, affectant les activités de plaisance.
Idem pour le niveau de la Garonne: à Toulouse, les pêcheurs à la ligne devaient se poster au milieu du lit du fleuve mercredi et des compagnies ont dû annuler de croisière reliant les quais de Bordeaux aux vignobles en amont.
- "Le climat 2020 on peut l'oublier" -
Sécheresse et canicule sont "la manifestation du réchauffement climatique, aujourd'hui plus personne" ne le "remet en cause", a expliqué mercredi matin la ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher sur Cnews. "Le climat 2020 on peut l'oublier, et le climat 2022 est peut-être le plus frais des années à venir".
L'hydrologue Emma Haziza va plus loin: "il va falloir réfléchir à une nouvelle forme d'agriculture", a-t-elle dit sur France 2. Et d'interroger: "peut-on encore se permettre de continuer" à cultiver du maïs "qui a besoin d'énormément d'eau en surface?".
"On ne voit pas de sortie dans l'immédiat à cette situation de sécheresse. (...) Il faudrait un mois de précipitations excédentaires avant de retrouver une situation normale", corrobore Jean-Michel Soubeyroux.