La France doit se doter de drones armés (rapport sénatorial)


Paris, France | AFP | lundi 28/05/2017 - La France doit lever le tabou des drones armés pour accroître l'efficacité de ses forces sur le terrain, et combler ses lacunes dans les drones de surveillance, préconise un rapport sénatorial auquel l'AFP a eu accès.

"De nombreux pays utilisent désormais des drones armés (..) Dans notre pays la décision a été prise, de manière implicite, de ne pas armer les drones (...) Il est temps d'ouvrir ce débat", estiment Cédric Perrin (LR) et Gilbert Roger (PS), co-présidents du groupe de travail qui a rédigé ce rapport d'information intitulé "Drones d'observation et drones armés : une révolution militaire".

Les Etats-Unis et Israël ont été précurseurs dans ce domaine, suivis du Royaume-Uni. En Europe, L'Italie a aussi obtenu en 2015 l'autorisation des Etats-Unis d'armer ses drones américains Reaper.

Au Moyen-Orient, "on assiste à une véritable prolifération des drones armés", qui seraient utilisés par l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l'Irak, l'Iran, le Pakistan et la Turquie, poursuit le rapport. D'autres pays en sont équipés ou envisagent de le faire, de la Chine à l'Asie centrale.

Selon leurs détracteurs, les drones armés "déshumanisent" la guerre, avec des pilotes qui agissent à distance et des "assassinats ciblés" contestables d'un point de vue éthique et juridique.

Les deux sénateurs relèvent que l'emport, sur ces drônes, de missiles ou de bombes guidées, offre une plus grande réactivité dès lors qu'une cible est détectée. Le drone peut immédiatement intervenir, sans attendre l'arrivée d'un avion de chasse ou d'un hélicoptère.

Du point de vue du droit, "les drones armés ne diffèrent pas des autres systèmes d'armes", avancent-ils également, en faisant le distinguo avec les robots tueurs du futur. Ils doivent respecter les mêmes règles d'engagement qu'avions, hélicoptères, voire artillerie.

"Le choix de la cible et du tir sont toujours effectués par un ou plusieurs opérateurs humains", insistent aussi MM. Perrin et Roger, qui réfutent toute idée de déshumanisation.

En attendant le développement d'un drone MALE (Moyenne altitude, longue endurance) européen, la France pourrait armer ses Reaper achetés "sur étagère" aux Etats-Unis, dont cinq exemplaires sont actuellement déployés au Sahel.

Plus largement, y compris dans le renseignement, la "montée en puissance des drones reste lente et inachevée dans les armées françaises", constate encore le rapport.

Les deux sénateurs préconisent d'abord d'améliorer les capacités du Reaper livrés à la France, en le dotant de moyens de surveillance électromagnétiques et d'imagerie haute définition.

Les armées doivent aussi progressivement s'affranchir de la "tutelle" des Etats-Unis qui imposent une maintenance américaine sur les Reaper français et gardent un droit de regard sur toute nouvelle zone éventuelle de déploiement au-delà du Sahel.

Pour réduire cette dépendance, "il faut (impérativement) gagner le pari des drones européens" en développant un système MALE "réaliste en termes de coûts", insistent les parlementaires.

L'Europe ne doit "pas non plus rater le tournant du drone de combat", poursuivent-ils, en mettant en avant la coopération franco-britannique sur le "système de combat arien du futur" (FCAS).


Rédigé par () le Lundi 29 Mai 2017 à 05:25 | Lu 308 fois