La France devance la Turquie de justesse pour organiser l'Euro-2016

GENEVE, 28 mai 2010 (AFP) - La France a devancé de justesse la Turquie, par 7 voix contre 6, dans la course à l'organisation de l'Euro-2016, le premier à 24 équipes, et doit désormais se consacrer à son programme de rénovation et de construction de stades.


Favorite, la France a gagné d'une voix pour devenir le premier pays à organiser trois fois l'Euro, après 1960 et 1984, mais cela suffit à son "bonheur", le mot qui était sur toutes les lèvres, du président Nicolas Sarkozy, venu en personne à Genève défendre le dossier, à Zinédine Zidane, l'icône du football français.

Au premier tour de scrutin, le comité exécutif de l'UEFA avait écarté une troisième candidature, celle de l'Italie.

La France a désormais d'abord besoin de nouvelles enceintes. "Certes, nous sommes en période de crise économique, mais ce programme considérable (...) va contribuer à la relance économique", a assuré le président de la Ligue (LFP), Frédéric Thiriez.

1,7 milliard d'euros pour les stades

Il faudra 1,7 milliard d'euros rien que pour les 12 stades (dont trois de réserve). En plus du Stade de France à Paris, le projet français prévoit des rénovations (Parc des Princes, stades de Lens, Toulouse, Marseille, Strasbourg, Saint-Etienne et Nancy) ou des constructions de nouvelles enceintes (à Lille, Bordeaux, Nice et Lyon).

"On va se mettre au travail pour les stades, les rénovations de stades et les constructions de stades", a promis M. Sarkozy."

"Sa présence a fait pencher la balance, a estimé le président français de l'UEFA, Michel Platini. Ca s'est joué à 7-6. Donc je pense que c'est bien qu'il soit venu. (...) Si Nicolas (Sarkozy) n'avait pas été là, la Turquie aurait certainement gagné".

S'il est impossible de savoir dans quelle mesure les présentations d'une trentaine de minutes ont pu influencer les 13 votants du comité exécutif, la présentation française a semblé séduire grâce notamment à la présence sur scène d'un jeune acteur de 10 ans, Nathan, chargé de donner la réplique à Zidane, également venu soutenir le football français, et aux présidents de la Fédération (FFF), de la Ligue (LFP) et même à M. Sarkozy.

"Les membres du comité exécutif ont vu des tas de présentations depuis longtemps, et ils sont habitués à tout, a expliqué Michel Platini, mais le petit gamin était formidable."

"Pour le peuple turc"

Le président turc, Abdullah Gül, était aussi venu défendre la candidature de son pays, alors que l'Italie avait envoyé son sous-secrétaire d'Etat aux Sports, Rocco Crimi.

Cette victoire est aussi un succès pour Michel Platini, à un an d'une probable réélection à la tête du gouvernement du football européen.

L'ancien numéro 10 de l'équipe de France, vainqueur de l'Euro-1984 à Paris, avait proclamé sa neutralité, mais savait que la FFF et la LFP comptaient sur l'Euro-2016 pour favoriser l'émergence d'une nouvelle génération d'enceintes sportives, à l'image des Arenas construites ou rénovées pour le Mondial-2006 en Allemagne.

Si le président de la Fédération italienne (FIGC), Giancarlo Abete, parlait de "défaite amère", la Turquie, elle, échoue pour la troisième fois de rang après 2008 et 2012.

Senes Erzik, vice-président turc de l'UEFA, qui n'a pas pris part au vote comme MM. Platini et Abete, a lui parlé d'un certain manque de fair-play du président de l'UEFA. Il lui reproche d'avoir présenté à chacun des membres du Comité exécutif le président Sarkozy.

Le président Gül, qui comptait sur l'Euro-2016 pour se rapprocher de l'Union européenne, a adressé ses "voeux de succès" au vainqueur, et assuré que les promesses faites "au football seront mises à exécution. De toute façon, les autoroutes, les trains rapides sont en cours de construction. Tout cela est fait pour le peuple turc, pas pour le sport."

Le Graët: "La carte du football français va être bouleversée"

SOUSSE, 28 mai 2010 (AFP) - Le vice-président de la FFF, Noël Le Graët, présent en Tunisie avec les Bleus, a estimé vendredi dans un entretien à l'AFP que "la carte du football français allait être bouleversée", notamment en matière de stades, après la désignation de la France pour organiser l'Euro-2016.

Q: Quel est votre sentiment après la désignation de la France?

R: "C'est un énorme succès pour la Fédération, son président (Jean-Pierre Escalettes, ndlr), Frédéric Thiriez (président de la Ligue de football professionnel, ndlr) et surtout Jacques Lambert (directeur général de la FFF, ndlr) qui a monté un dossier exceptionnel et a été l'acteur principal de ce succès. Le président Escalettes a lui mouillé le maillot en sillonnant toute l'Europe car ce n'était pas une décision qui était gagnée d'avance."

Q: Qu'est-ce qui a fait pencher la balance en faveur de la France par rapport à la Turquie et l'Italie?

R: "Le dossier français était très sérieux, sur le plan des stades, de la sécurité et des transports. Même si Michel Platini (président de l'UEFA, ndlr) avait un devoir de neutralité, il a suivi le dossier d'un oeil et je suis sûr qu'il doit être très heureux. La France a mis toutes les chances de son côté, le président de la République Nicolas Sarkozy a fait le déplacement, le président Escalettes a donné le meilleur de lui-même et entre la Fédération et des joueurs comme Zidane et Karembeu, cela a bien fonctionné."

Q: Quelles seront les retombées pour le football français?

R: "Pour le football professionnel, dès 2016 ou peut-être un petit peu avant, nos stades vont ressembler aux stades allemands en termes de capacité et d'accueil. Notre retard était tel qu'un tel évènement va booster les choses. Là, on va vraiment être obligé de le faire (la rénovation et la construction des stades, ndlr) et la carte du football français va en être bouleversée.

Rédigé par Par Emmanuel BARRANGUET le Vendredi 28 Mai 2010 à 20:57 | Lu 663 fois