Tahiti, le 6 décembre 2020 – Pour la première fois depuis la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes de l'Organisation des Nations Unies le 17 mai 2013, le représentant de la France auprès des Nations Unies est intervenu le 23 octobre dernier lors de la réunion de la Quatrième commission à New York pour demander que cette réinscription "soit revue" pour "respecter la volonté de la population polynésienne".
A l'échelle de la Polynésie française, c'est une petite révolution diplomatique. L'information est pourtant restée discrètement confinée depuis plus d'un mois à la fameuse Quatrième commission de l'Organisation des Nations Unies (ONU) en charge des questions de décolonisation... Le 23 octobre dernier, le représentant permanent de la France auprès des Nations Unies, Nicolas de Rivière, est intervenu lors du débat général de la Quatrième commission en prenant la parole pour la toute première fois en sept ans sur le dossier de la Polynésie française. En effet, depuis la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes de l'ONU le 17 mai 2013, la France faisait la politique de la "chaise vide" et refusait d'assister aux débats lorsque le dossier polynésien était abordé… Jusqu'à cette année.
"Que la décision d'inscription (…) soit revue"
Alors qu'en raison de la crise Covid, aucun "pétitionnaires" du Tavini ou d'ailleurs, ni aucun représentant du gouvernement polynésien n'avait fait le déplacement à New York pour s'exprimer devant la Quatrième commission, le représentant permanent de la France a fait une déclaration sur les deux dossiers de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française. Sur la Calédonie, le représentant de la France a évoqué les conditions de la mise en œuvre du second référendum du 4 octobre dernier. "La France a fait le choix de regarder en face son histoire en Nouvelle-Calédonie, qui est une histoire coloniale, afin de la dépasser", a notamment déclaré le représentant de la France à l'ONU en saluant "l'accompagnement précieux apporté par les Nations Unies à ce processus".
Changement de ton immédiat en revanche sur le dossier polynésien : "S’agissant de la Polynésie française, nous estimons, comme vous le savez bien, que l’inscription de ce territoire de la République française sur la liste des territoires non autonomes ne correspondait pas aux choix démocratiques des Polynésiens et n’a pas tenu compte des offres de dialogue de la France". Le représentant de la France qui a détaillé : "le Président de Polynésie française, M. Edouard Fritch, a solennellement demandé le 8 octobre 2019, devant cette commission, le retrait de la Polynésie française de la liste des territoires non autonomes. Il a présenté le statut d’autonomie dont dispose la Polynésie au sein de la République française, caractérisé par l’existence d’un président démocratiquement élu, d’un gouvernement chargé de conduire la politique de la collectivité, et d’un organe délibérant, l’assemblée de la Polynésie française, élue au suffrage universel direct tous les cinq ans. Ce statut respectueux de l’identité, de l’histoire, de la culture et des spécificités de la Polynésie française convient aux Polynésiens, ainsi qu’ils l’ont à plusieurs reprises exprimé lors d’élections répondant aux plus hauts standards démocratiques."
Conclusion de cette première prise de parole officielle de l'Etat français sur le dossier polynésien à l'ONU : "Nous souhaitons que la décision d’inscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes soit revue pour tenir compte de cette réalité et respecter la volonté de la population polynésienne".
Le Tavini salue le "dialogue"
Cette intervention de la France n'a pourtant pas semblé emporter de conséquence sur la position de la Quatrième commission sur le dossier polynésien. La résolution adoptée depuis par cette dernière –et qui sera soumise à l'assemblée générale de l'ONU dans les prochaines semaines– reprend en effet les termes de la résolution de 2019 et réaffirme ses appels à ce que la "puissance administrante" (la France, NDLR) intensifie son dialogue avec la Polynésie française pour "faciliter le progrès rapide vers un équitable et effectif processus d'auto-détermination".
Du côté du Tavini, on salue néanmoins cette prise de position comme une "avancée" et même comme une "victoire". Selon le représentant Tavini et spécialiste des questions onusiennes au parti indépendantiste, Richard Tuheiava : "Quelle que soit la position actuelle prise par la puissance administrante, la diplomatie onusienne n'est jamais absolue ni définitive et il aura fallu sept années à celle-ci, en pleine pandémie Covid-19 et en absence de pétition faite devant la Quatrième commission tant par le Tavini que par le gouvernement Polynésien, pour entrer en voie de "dialogue". C'est encourageant, et le mécanisme onusien ne fait que commencer à jouer son rôle."
A l'échelle de la Polynésie française, c'est une petite révolution diplomatique. L'information est pourtant restée discrètement confinée depuis plus d'un mois à la fameuse Quatrième commission de l'Organisation des Nations Unies (ONU) en charge des questions de décolonisation... Le 23 octobre dernier, le représentant permanent de la France auprès des Nations Unies, Nicolas de Rivière, est intervenu lors du débat général de la Quatrième commission en prenant la parole pour la toute première fois en sept ans sur le dossier de la Polynésie française. En effet, depuis la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes de l'ONU le 17 mai 2013, la France faisait la politique de la "chaise vide" et refusait d'assister aux débats lorsque le dossier polynésien était abordé… Jusqu'à cette année.
"Que la décision d'inscription (…) soit revue"
Alors qu'en raison de la crise Covid, aucun "pétitionnaires" du Tavini ou d'ailleurs, ni aucun représentant du gouvernement polynésien n'avait fait le déplacement à New York pour s'exprimer devant la Quatrième commission, le représentant permanent de la France a fait une déclaration sur les deux dossiers de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française. Sur la Calédonie, le représentant de la France a évoqué les conditions de la mise en œuvre du second référendum du 4 octobre dernier. "La France a fait le choix de regarder en face son histoire en Nouvelle-Calédonie, qui est une histoire coloniale, afin de la dépasser", a notamment déclaré le représentant de la France à l'ONU en saluant "l'accompagnement précieux apporté par les Nations Unies à ce processus".
Changement de ton immédiat en revanche sur le dossier polynésien : "S’agissant de la Polynésie française, nous estimons, comme vous le savez bien, que l’inscription de ce territoire de la République française sur la liste des territoires non autonomes ne correspondait pas aux choix démocratiques des Polynésiens et n’a pas tenu compte des offres de dialogue de la France". Le représentant de la France qui a détaillé : "le Président de Polynésie française, M. Edouard Fritch, a solennellement demandé le 8 octobre 2019, devant cette commission, le retrait de la Polynésie française de la liste des territoires non autonomes. Il a présenté le statut d’autonomie dont dispose la Polynésie au sein de la République française, caractérisé par l’existence d’un président démocratiquement élu, d’un gouvernement chargé de conduire la politique de la collectivité, et d’un organe délibérant, l’assemblée de la Polynésie française, élue au suffrage universel direct tous les cinq ans. Ce statut respectueux de l’identité, de l’histoire, de la culture et des spécificités de la Polynésie française convient aux Polynésiens, ainsi qu’ils l’ont à plusieurs reprises exprimé lors d’élections répondant aux plus hauts standards démocratiques."
Conclusion de cette première prise de parole officielle de l'Etat français sur le dossier polynésien à l'ONU : "Nous souhaitons que la décision d’inscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes soit revue pour tenir compte de cette réalité et respecter la volonté de la population polynésienne".
Le Tavini salue le "dialogue"
Cette intervention de la France n'a pourtant pas semblé emporter de conséquence sur la position de la Quatrième commission sur le dossier polynésien. La résolution adoptée depuis par cette dernière –et qui sera soumise à l'assemblée générale de l'ONU dans les prochaines semaines– reprend en effet les termes de la résolution de 2019 et réaffirme ses appels à ce que la "puissance administrante" (la France, NDLR) intensifie son dialogue avec la Polynésie française pour "faciliter le progrès rapide vers un équitable et effectif processus d'auto-détermination".
Du côté du Tavini, on salue néanmoins cette prise de position comme une "avancée" et même comme une "victoire". Selon le représentant Tavini et spécialiste des questions onusiennes au parti indépendantiste, Richard Tuheiava : "Quelle que soit la position actuelle prise par la puissance administrante, la diplomatie onusienne n'est jamais absolue ni définitive et il aura fallu sept années à celle-ci, en pleine pandémie Covid-19 et en absence de pétition faite devant la Quatrième commission tant par le Tavini que par le gouvernement Polynésien, pour entrer en voie de "dialogue". C'est encourageant, et le mécanisme onusien ne fait que commencer à jouer son rôle."