La France connaît son mois de septembre le plus chaud jamais enregistré


Crédit GAIZKA IROZ / AFP
Paris, France | AFP | vendredi 29/09/2023 - Les températures mesurées en France, tout comme celles dans le monde, tutoient de nouveaux sommets inédits en 2023: après un été proche des records, la métropole enregistre le mois de septembre le plus chaud de son Histoire, poursuivant une série de presque deux ans au-dessus des normales de saison.

Ce constat pour la France métropolitaine, pour laquelle Météo-France prévoit une fin d'année plus chaude que les normales, rejoint les observations récentes dans le monde, qui a battu son record trimestriel de températures lors de l'été boréal (juin-juillet-août) et connaît probablement son année la plus chaude de l'Histoire.

Inédite, la situation s'accompagne de son cortège de catastrophes de plus en plus intenses: canicules, sécheresses, inondations ou incendies ont frappé tous les continents sur cette période, dans des proportions souvent dramatiques, avec leur prix en vies humaines et en dégâts sur les économies et l'environnement. 

La Suisse aussi "a connu de loin son mois de septembre le plus chaud depuis le début des mesures en 1864 (3,8°C au-dessus de la norme 1991-2020)", a indiqué vendredi sur le réseau social X (ex-Twitter) l'office météorologique helvétique. Un record également battu en Autriche, selon l'institut GeoSphere Austria.

Face à cette "mécanique implacable" du réchauffement du climat, on "n'a pas encore vraiment pris la mesure du caractère profondément structurel du changement climatique, notamment le fait que jusqu'à ce qu'on atteigne la neutralité carbone, les records de chaleur allaient être battus systématiquement semaine après semaine, mois après mois, année après année", a déclaré à l'AFP François Gemenne, auteur dans le dernier rapport du Giec.

20 mois au-dessus des normales 

"Septembre 2023 est le mois de septembre le plus chaud jamais mesuré en France métropolitaine, avec une température moyenne très largement au-dessus des normales", a annoncé Météo-France.

Le mois, qui a débuté par une canicule tardive exceptionnelle, n'est pas encore terminé mais sera "entre 3,5 et 3,6°C" au-dessus des normales, "avec une température moyenne de 21,5°C" environ, a précisé la climatologue Christine Berne lors d'un point de presse.

"Seulement deux mois ont terminé avec une anomalie thermique aussi chaude: février 1990 (+4,0°C) et août 2003 (+3,7°C)", souligne Météo-France dans son bilan.

Septembre 2023 va ainsi effacer les précédents records de 1949 et 1961 dans les archives nationales qui remontent jusqu'en 1900.

Mais surtout il s'inscrit dans une série ininterrompue de 20 mois au-dessus des normales de saison qui sont systématiquement calculées sur les trois dernières décennies en météorologie. Et ce référentiel ne cesse d'augmenter.

Désormais, les records de chaleur moyenne mensuels ont tous été établis lors d'années récentes, après 1990, souligne l'organisme météorologique.

35°C en octobre? 

"Le changement climatique favorise une extension des vagues de chaleur vers (...) le printemps et vers le mois de septembre, voire début octobre" comme prévu par les modélisations des experts du climat de l'ONU (Giec), a ajouté Mme Berne. 

Cette configuration, fruit des émissions de gaz à effet de serre essentiellement issues du recours aux combustibles fossiles par l'humanité, s'est cumulée cette fois à un phénomène météorologique de remontée d'air chaud du Sahara, comme en 1949 et 1961.

Les températures de septembre 2023 sont ainsi "légèrement supérieures aux moyennes de juillet et d'août en France" sur la période 1991-2020, pourtant déjà marquée par les effets du réchauffement climatique. 

Ce dernier cause une élévation des températures plus forte en Europe qu'au niveau mondial. Alors que le climat mondial est désormais environ 1,2°C plus chaud qu'avant l'ère industrielle, la hausse est estimée à 1,8°C en France.

En 2023, l'été s'est inscrit comme le quatrième le plus chaud en métropole, non loin derrière les précédents records et marqué par une canicule tardive hors du commun fin août.

Septembre a ensuite commencé par une "séquence extrêmement chaude" et "tardive" du 3 au 11, dépassant régulièrement les 35-37°C dans certaines régions.

La fin du mois est de nouveau marquée par une chaleur tardive inhabituelle, prévue pour dimanche et surtout lundi, avec des "températures qui pourraient pointer vers les 35 degrés au maximum des plaines du sud-ouest jusqu’aux plaines est de l'Auvergne", a annoncé Tristan Amm, prévisionniste.

"De nombreux records de chaleur pour un mois d'octobre sont menacés" d'être battus avec des prévisions d'anomalies saisonnières énormes, "parfois au-delà de dix degrés", a ajouté M. Amm, qualifiant l'épisode de "séquence tout bonnement exceptionnelle".

Pour l'heure, "le record national de chaleur pour un mois d'octobre est détenu par Ajaccio" avec 35°C, suivi sur le continent par les 34,7 relevés à Dax.

le Vendredi 29 Septembre 2023 à 05:55 | Lu 324 fois