La FAO adopte des directives pour encadrer l'achat de terres dans le monde


ROME, 11 mai 2012 (AFP) - Le Comité de la sécurité alimentaire mondiale qui dépend de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a adopté vendredi des directives pour encadrer l'achat de terres à travers le monde, a annoncé à l'AFP un porte-parole.

"Ils l'ont approuvé par acclamation. C'était unanime, tout le monde s'est levé et a applaudi", a indiqué George Kourous. Le document d'une quarantaine de pages, dont une ébauche a été diffusée sur internet, a été élaboré après des mois de concertation entre les Etats, le secteur privé, la société civile et les organisations internationales.

L'achat massif de terres agricoles, en particulier en Afrique et en Asie, suscite la polémique depuis quelques années car ils privent les populations locales de l'accès à la terre et aux ressources naturelles.

Intitulé "Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire", le texte de la FAO a été approuvé lors d'une session extraordinaire du comité de sécurité alimentaire à Rome.

Dans ce document, la FAO préconise notamment que les Etats se prémunissent contre "les risques éventuels des transactions à grande échelle portant sur les droits fonciers".

Les Etats devraient "édicter des règles transparentes concernant l'échelle, la portée et la nature des transactions autorisées sur les droits fonciers et définir ce qui constitue, sur leur territoire, une transaction à grande échelle sur les droits fonciers", estime notamment la FAO dans son document.

Il s'agit de directives d'application facultative chargées d'exposer les principes et normes internationalement reconnues, ce que des ONG ont déploré en réaction au document adopté par la FAO.

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Le document est "extrêmement important", selon le DG FAO

Le document contenant des directives pour encadrer l'achat de terres à travers le monde, adopté vendredi à Rome par la FAO est "extrêmement important" même si c'est "un point de départ, pas d'arrivée", a estimé le directeur général de l'organisation onusienne José Graziano da Silva.

"On en avait besoin (...) c'est le premier document consacré à la gouvernance sur la propriété des terres", s'est-il réjoui, tout en soulignant que "c'est un point de départ, pas d'arrivée.

"Le comité de sécurité alimentaire a joué un rôle actif pour parvenir à ces directives et le mérite en revient aussi aux ONG qui ont participé aux négociations (...), ainsi qu'au secteur privé", a-t-il estimé, relevant que les négociations ont duré trois ans".

"Un point important du document est la reconnaissance de la propriété informelle de la terre: c'est fondamental pour des millions d'agriculteurs, producteurs et artisans pêcheurs", a ajouté le chef de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture.

"Le défi maintenant est d'appliquer ces directives (...) ce sera une priorité pour la FAO", a-t-il promis.

"C'est un moment historique", s'est pour sa part félicité le président en exercice du CSA, le Nigérian Yaya Olaniran, jugeant qu'il s'agit d'"une étape importante pour améliorer la sécurité alimentaire dans le monde".

Les ONG se sont aussi dites satisfaites de l'adoption de ce document. "Ces directives sont très positives, elles vont contribuer à une distribution plus juste de la terre, des forêts et des zones de pêche", a confié à l'AFP Angel Strappazzon, du mouvement paysan international La Via Campesina.

Moins enthousiaste, Stéphane Parmentier d'Oxfam: "Ce qui manque dans le texte, c'est une condamnation claire de l'accaparement de terres et d'autres ressources naturelles".

Il s'agit toutefois d'"un pas important vers un monde plus équitable et libéré de la famine", a-t-il reconnu. "Ces directives doivent être mises en oeuvre d'urgence aussi bien par les pays riches que par les pays pauvres", a-t-il ajouté.

Les directives ont été élaborées après un processus inédit qui a vu les Etats, le secteur privé, la société civile et les organisations internationales travailler ensemble.

Depuis plusieurs années, les ONG dénoncent l'impact globalement négatif de la course à la terre dans les pays pauvres. Les chercheurs estiment que plus de 200 millions d'hectares de terres, soit environ huit fois la taille du Royaume-Uni, ont été vendus ou loués entre 2000 et 2010, souvent au détriment des populations locales.

Rédigé par AFP le Vendredi 11 Mai 2012 à 06:28 | Lu 585 fois