Pékin, Chine | AFP | mardi 06/02/2018 - Le gouvernement chinois a confirmé mardi avoir privé de liberté l'éditeur-libraire suédois d'origine chinoise Gui Minhai, dont Stockholm a réclamé la libération en dénonçant un enlèvement "brutal" et une violation du droit international.
M. Gui, 53 ans, qui commercialisait à Hong Kong des ouvrages ridiculisant le régime communiste, a été arrêté par des policiers en civil le 20 janvier dans un train chinois, alors qu'il était assisté de deux diplomates suédois.
"En raison de violations de lois chinoises, les autorités compétentes ont adopté des mesures judiciaires coercitives à l'encontre de Gui Minhai", a indiqué Geng Shuang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, sans autres précisions.
La formule correspond à des dispositions du droit pénal chinois permettant de placer un suspect en détention ou en résidence surveillée.
Stockholm avait dénoncé lundi une interpellation "brutale" réalisée alors que M. Gui était accompagné de diplomates, et donc "contraire aux règles internationales fondamentales sur le soutien consulaire", selon un communiqué virulent de la ministre suédoise des Affaires étrangères Margot Wallstrom.
Celle-ci a, une fois encore, réclamé la libération de M. Gui, qu'ont également exigé l'Union européenne et les Etats-Unis.
Des réactions balayées mardi par la diplomatie chinoise: Pékin et Stockholm "maintiennent une communication fluide sur l'affaire", a assuré Geng Shuang, dénonçant des "remarques irresponsables" de la Suède méconnaissant "la souveraineté judiciaire de la Chine".
- 'Faits graves' -
"Même si M. Gui est ressortissant suédois, son cas doit être jugé conformément au droit chinois. La Suède doit prendre conscience que les faits en question sont graves", a martelé M. Geng, lors d'une conférence de presse.
Avant de prévenir: "Nous enjoignons fortement (à Stockholm) de ne rien faire qui puisse détériorer notre respect mutuel et nos liens bilatéraux".
Jusqu'à il y a deux ans, Gui Minhai travaillait à Hong Kong pour la maison d'édition Mighty Current. Basée dans l'ex-colonie britannique, territoire chinois autonome jouissant de fortes libertés publiques, cette maison publiait des livres salaces sur la vie privée des dirigeants chinois, interdits en Chine continentale.
Mais en 2015, comme quatre autres employés, M. Gui s'était volatilisé: il avait disparu lors de vacances en Thaïlande... avant de réapparaître dans un centre de détention chinois et d'"avouer" à la télévision d'Etat son implication dans un accident de la route meurtrier plusieurs années auparavant.
Les autorités chinoises avaient finalement annoncé en octobre 2017 l'avoir relâché. Mais sa fille Angela Gui a affirmé que, depuis, son père résidait sous surveillance dans un appartement de la police dans la ville portuaire de Ningbo (est).
- 'Rien de rassurant' -
Angela Gui a récemment expliqué à l'AFP qu'elle avait pu, ces derniers mois, s'entretenir régulièrement avec son père. Selon elle, ce dernier pouvait librement circuler dans Ningbo, mais était suivi par la police. On l'avait cependant autorisé à se rendre à Shanghai pour renouveler son passeport.
M. Gui a été interpellé le mois dernier dans le train reliant Ningbo à Pékin, où il avait pris rendez-vous avec un médecin spécialiste suédois, redoutant d'être atteint de la maladie de Charcot.
"Les vagues annonces du gouvernement (mardi) n'ont rien de rassurant. Il est très probable que Gui Minhai subit (...) une forme de détention secrète où les tortures et mauvais traitements sont affreusement banalisés", a réagi auprès de l'AFP William Nee, chercheur de l'ONG Amnesty International.
Or, "il est crucial qu'il puisse recevoir des soins médicaux, une aide consulaire, et rencontrer des avocats de son choix. La Chine ne peut pas ignorer le droit international simplement parce qu'elle a arbitrairement qualifié le cas de +grave+", s'est indigné M. Nee.
De son côté, Angela Gui redoute que son père ne soit jugé et condamné à une longue peine, au péril de sa santé, et a appellé la communauté internationale à sortir de sa "léthargie".
Pékin avait déjà été fortement critiqué pour ne pas avoir laissé le Prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo partir à l'étranger pour soigner son cancer du foie. Il était mort en juillet dans un hôpital chinois quelques semaines après sa libération conditionnelle.
M. Gui, 53 ans, qui commercialisait à Hong Kong des ouvrages ridiculisant le régime communiste, a été arrêté par des policiers en civil le 20 janvier dans un train chinois, alors qu'il était assisté de deux diplomates suédois.
"En raison de violations de lois chinoises, les autorités compétentes ont adopté des mesures judiciaires coercitives à l'encontre de Gui Minhai", a indiqué Geng Shuang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, sans autres précisions.
La formule correspond à des dispositions du droit pénal chinois permettant de placer un suspect en détention ou en résidence surveillée.
Stockholm avait dénoncé lundi une interpellation "brutale" réalisée alors que M. Gui était accompagné de diplomates, et donc "contraire aux règles internationales fondamentales sur le soutien consulaire", selon un communiqué virulent de la ministre suédoise des Affaires étrangères Margot Wallstrom.
Celle-ci a, une fois encore, réclamé la libération de M. Gui, qu'ont également exigé l'Union européenne et les Etats-Unis.
Des réactions balayées mardi par la diplomatie chinoise: Pékin et Stockholm "maintiennent une communication fluide sur l'affaire", a assuré Geng Shuang, dénonçant des "remarques irresponsables" de la Suède méconnaissant "la souveraineté judiciaire de la Chine".
- 'Faits graves' -
"Même si M. Gui est ressortissant suédois, son cas doit être jugé conformément au droit chinois. La Suède doit prendre conscience que les faits en question sont graves", a martelé M. Geng, lors d'une conférence de presse.
Avant de prévenir: "Nous enjoignons fortement (à Stockholm) de ne rien faire qui puisse détériorer notre respect mutuel et nos liens bilatéraux".
Jusqu'à il y a deux ans, Gui Minhai travaillait à Hong Kong pour la maison d'édition Mighty Current. Basée dans l'ex-colonie britannique, territoire chinois autonome jouissant de fortes libertés publiques, cette maison publiait des livres salaces sur la vie privée des dirigeants chinois, interdits en Chine continentale.
Mais en 2015, comme quatre autres employés, M. Gui s'était volatilisé: il avait disparu lors de vacances en Thaïlande... avant de réapparaître dans un centre de détention chinois et d'"avouer" à la télévision d'Etat son implication dans un accident de la route meurtrier plusieurs années auparavant.
Les autorités chinoises avaient finalement annoncé en octobre 2017 l'avoir relâché. Mais sa fille Angela Gui a affirmé que, depuis, son père résidait sous surveillance dans un appartement de la police dans la ville portuaire de Ningbo (est).
- 'Rien de rassurant' -
Angela Gui a récemment expliqué à l'AFP qu'elle avait pu, ces derniers mois, s'entretenir régulièrement avec son père. Selon elle, ce dernier pouvait librement circuler dans Ningbo, mais était suivi par la police. On l'avait cependant autorisé à se rendre à Shanghai pour renouveler son passeport.
M. Gui a été interpellé le mois dernier dans le train reliant Ningbo à Pékin, où il avait pris rendez-vous avec un médecin spécialiste suédois, redoutant d'être atteint de la maladie de Charcot.
"Les vagues annonces du gouvernement (mardi) n'ont rien de rassurant. Il est très probable que Gui Minhai subit (...) une forme de détention secrète où les tortures et mauvais traitements sont affreusement banalisés", a réagi auprès de l'AFP William Nee, chercheur de l'ONG Amnesty International.
Or, "il est crucial qu'il puisse recevoir des soins médicaux, une aide consulaire, et rencontrer des avocats de son choix. La Chine ne peut pas ignorer le droit international simplement parce qu'elle a arbitrairement qualifié le cas de +grave+", s'est indigné M. Nee.
De son côté, Angela Gui redoute que son père ne soit jugé et condamné à une longue peine, au péril de sa santé, et a appellé la communauté internationale à sortir de sa "léthargie".
Pékin avait déjà été fortement critiqué pour ne pas avoir laissé le Prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo partir à l'étranger pour soigner son cancer du foie. Il était mort en juillet dans un hôpital chinois quelques semaines après sa libération conditionnelle.