L'ouverture dominicale va devenir réalité pour les grands magasins parisiens


Paris, France | AFP | vendredi 06/01/2017 - Après plus d'un an et demi de négociations tendues, les grands magasins parisiens vont finalement pouvoir ouvrir tous les dimanches de l'année, un enjeu important pour ces temples du commerce qui accueillent une part importante de touristes internationaux, particulièrement friands de shopping dominical.

Lundi, le Printemps, après plusieurs échecs a finalement obtenu un accord avec l'Unsa, le syndicat qui empêchait à l'entreprise de dépasser le seuil nécessaire des 30% pour mettre en place les ouvertures du dimanche.

La première ouverture dominicale du grand magasin dans le cadre de cet accord pourrait intervenir "autour du printemps", selon la direction.

Le Printemps était le dernier grand magasin parisien à ne pas pouvoir ouvrir le dimanche, un an et demi après la mise en place de la loi Macron.

Ce texte permet notamment d'assouplir les règles concernant le travail dominical, notamment pour les magasins situés dans les zones touristiques internationales (ZTI), en leur donnant la possibilité d'ouvrir 52 dimanches par an. Mais ces ouvertures restaient subordonnées à un accord avec la majorité des syndicats des entreprises concernées, dont certains y étaient farouchement opposés.

Aux Galeries Lafayette, c'est ce dimanche 8 janvier que le magasin ouvrira pour la première fois ses portes.

Le Bon Marché n'a pour le moment pas arrêté de date, mais a obtenu un accord de ses syndicats fin novembre, lui permettant d'ouvrir le dimanche cette année.

Le BHV Marais (groupe Galeries Lafayette) avait été le premier à voir les négociations avec ses partenaires sociaux aboutir, en novembre 2015. Il est ouvert tous les dimanches depuis le 3 juillet.

Six mois après, "le bilan est extrêmement positif, avec un chiffre d'affaires additionnel de 10% depuis la mise en place des ouvertures dominicales", indique la direction de l'entreprise à l'AFP.

Ce résultat est supérieur aux prévisions données fin juin par le directeur du grand magasin, Alexandre Liot, qui tablait sur une progression de l'ordre de 6 à 8% des ventes.

"Depuis septembre, le dimanche est devenu le deuxième meilleur jour de ventes pour le BHV Marais, derrière le samedi", indique le groupe Galeries Lafayette.

"Il y a incontestablement une vraie appétence de la part du public, notamment celui qui avait l'habitude de faire du shopping dans les rues adjacentes du Marais (qui bénéficiaient d'une dérogation depuis plusieurs années déjà) et qui se rendent maintenant également au BHV", ajoute la direction.

"Par ailleurs, les ouvertures dominicales nous ont permis d'accueillir une nouvelle clientèle, qui n'avait pas l'habitude de fréquenter le magasin. Notamment beaucoup de gens du quartier, mais aussi des franciliens, qui la semaine ou le samedi n'avait pas forcément le temps de venir", dit-elle encore.

Manque à gagner important
Par ailleurs, en termes d'emplois, ce sont 150 postes de CDI de fin de semaine qui ont déjà été créés grâce aux ouvertures dominicales, informe le grand magasin.

Les Galeries Lafayette ont, elles, déjà recruté 330 personnes en vue des prochaines ouvertures du dimanche. En tout, le grand magasin prévoit de créer 500 postes nouveaux grâce à ces dimanches désormais travaillés, sans compter les emplois indirects (démonstrateurs des marques).

L'enjeu de ces ouvertures est important pour le grand magasin. La direction du groupe indique que 5 à 10% de chiffre d'affaires additionnel pourraient en résulter.

En effet, les Galeries comme le Printemps réalisent environ 50% de leurs ventes avec les touristes internationaux. Or, ces derniers sont habitués à faire leur shopping le dimanche dans les autres grandes capitales européennes. Le fait de trouver porte close à Paris ce jour-là incitait parfois certains d'entre eux à continuer leur séjour vers Londres ou Madrid ce jour-là. Avec à la clé, autant de recettes perdues pour les grands magasins parisiens.

Rien que pour ces deux grands magasins du boulevard Haussmann, l'Alliance du Commerce évalue le manque à gagner découlant du fait de ne pouvoir ouvrir le dimanche entre 168 et 240 millions d'euros chaque année.

L'expérience menée dans le centre commercial Beaugrenelle, situé non loin de la Tour Eiffel, montre qu'un an près avoir obtenu le droit d'ouvrir le dimanche, le centre a vu sa fréquentation touristique bondir de 28%.

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Rédigé par () le Vendredi 6 Janvier 2017 à 05:50 | Lu 235 fois