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L'organisation des transports : un vaste chantier d'avenir


Le Pays est exploitant d'aérodromes et gère 43 plateformes aéroportuaires dans les îles. La réglementation nationale impose de procéder à l'homologation de tous les aérodromes : une division spécifique a été créée en 2010 au sein de la direction de l'aviation civile locale afin de vérifier les conformités dans différents domaines.
Le Pays est exploitant d'aérodromes et gère 43 plateformes aéroportuaires dans les îles. La réglementation nationale impose de procéder à l'homologation de tous les aérodromes : une division spécifique a été créée en 2010 au sein de la direction de l'aviation civile locale afin de vérifier les conformités dans différents domaines.
PAPEETE, 10 novembre 2014 - Qu'ils soient terrestres, maritimes ou aériens, la constante sur les transports en Polynésie française est qu'ils manquent d'organisation. Le rapport gouvernemental rédigé pour le débat d'orientations budgétaires 2015 indique la nécessité de passer par des schémas directeurs concertés. Certains devraient être présentés dès l'année prochaine.

Schéma directeur des transports routiers ; schéma directeur des transports collectifs ; schéma directeur des transports maritimes ; schéma directeur intégré des transports interinsulaires alliant les transports maritimes et aériens : ce sont les grands travaux que le ministère des transports entend mener à court ou moyen terme. En sept pages à peine, la politique sectorielle sur les transports, issue du rapport gouvernemental rédigé pour les orientations budgétaires 2015 montre l'ampleur des travaux à réaliser pour garantir un réseau de transport fiable et interconnecté. En revanche le calendrier précis de la mise en place de ces schémas n'est pas révélé.

Car à l'heure actuelle, tout reste à faire. "Les réseaux de transport en commun nécessitent d'être repensés au plan organisationnel et institutionnel. La dernière réforme des transports terrestres intervenue en 2000 montre ses limites, principalement en raison du non respect des conventions de délégation de service public conclue en 2001". Le rapport gouvernemental entérine ce que chacun observe depuis bientôt 15 ans à Tahiti : le remplacement des trucks par les bus "n'a rempli que très partiellement ses objectifs". Au fur et à mesure des années, les délégataires du service public des transports en commun se sont désengagés de leurs obligations : non-respect des itinéraires et des horaires, absence d'entretien du parc roulant… aussi "la problématique mérite toute l'attention des pouvoirs politiques".

Dans les discussions qui devraient démarrer avant la fin de l'année 2014 en vue de l'élaboration d'un schéma directeur des transports collectifs, le ministère des transports souhaite entendre également les communes. Depuis 2004, en effet, l'organisation des transports ne se décide plus qu'au seul plan territorial mais jusqu'ici les communes ont été laissées à l'écart.

L'autre thématique centrale sur le transport en commun à Tahiti devra s'attaquer au dysfonctionnement majeur sur l'articulation entre transport scolaire et transport régulier. Souvent le matin le transport scolaire prime sur le transport régulier et prive des usagers d'une liaison essentielle vers leur lieu de travail ; l'inverse dans l'après-midi est aussi vrai, privant cette fois des collégiens ou des lycéens d'un retour assuré vers leur domicile.

Terre, mer, air : même combat

Si l'inorganisation et le cafouillage règnent en maîtres sur les routes, la situation est à peine meilleure pour les transports maritimes et aériens. Un comble pour un territoire grand comme l'Europe, éclaté en 118 îles dont 67 habitées pour lesquelles les habitants ont besoin de ravitaillement ou de se déplacer ! Le schéma directeur des transports maritimes n'est pas encore réalisé, il reste au mieux un objectif à moyen terme. Pourtant, ce schéma directeur "constitue une étape indispensable pour la prise de décisions dans le cadre des grandes orientations en matière de desserte maritime, comme entamer les réformes nécessaires à la mise en place de dessertes régulières et satisfaisantes". En matière de transport maritime interinsulaire, la fragilité du réseau existant est connue : "la situation actuelle fonctionne mais ce fragile équilibre est menacé dans le cas où un armement rencontre des difficultés financières". A titre d'exemple, la société qui exploite le Maupiti Express est en redressement judiciaire et a conduit la compagnie à cesser ses rotations sur Huahine et Maupiti et à se concentrer sur le transport scolaire entre Raiatea et Bora-Bora.

La situation sur le transport aérien n'est pas meilleure et nécessite de rationnaliser le cadre juridique définissant les obligations partagées entre le Pays et Air Tahiti. Une première convention avait été signée en 1990 et a expiré dix ans plus tard. "Cette convention, expirée en octobre 2010, et prorogée à plusieurs reprises, doit faire face à une délégation de service public (DSP)". Une absence de textes sur la délégation de service public qui a déjà valu à la compagnie Air Tahiti de ne pas obtenir les aides à la défiscalisation nationale pour le renouvellement complet de sa flotte. Cette même absence d'appui réglementaire a été déjà vivement critiquée dans le rapport de la Chambre territoriale des comptes sur les transports aériens, publié en février 2014.

Pour pallier ce manque évident de structuration de l'offre de transports entre Tahiti et ses îles, en 2015, le ministère des transports prévoit de définir un schéma directeur intégré des transports interinsulaires alliant les transports maritimes et aériens. Au cours de la même année prochaine, le gouvernement a inscrit dans son plan d'action d'asseoir "une organisation juridique de l'activité de transport aérien avec en tant que de besoin pour des dessertes sectorielles dites de désenclavement des délégations de service public". En la matière, il y a urgence, vu que la compagnie aérienne intérieure a annoncé fin octobre être contrainte à devoir baisser le nombre de ses rotations sur certaines lignes –desservant 18 îles- faute de rentabilité suffisante. La direction d'Air Tahiti a réitéré, à cette occasion, avoir besoin d'un cap précis.

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 11 Novembre 2014 à 17:43 | Lu 834 fois