L'observatoire maritime donne la parole aux usagers des archipels


PAPEETE, 7 juin 2019 - La première réunion de l'observatoire des transports maritimes s'est tenue vendredi matin, en présence des armateurs, d'élus des archipels et de représentants de l'administration. 

"Ça nous permet de faire un point, de bien communiquer, s’est félicité Jean-Christophe Bouissou en conclusion de cette première réunion de l’observatoire maritime, vendredi en fin de matinée. "C'est une opportunité de débattre tranquillement des problèmes que vous rencontrez et d’avoir des réponses tout de suite, en vue de trouver une solution."

Le ministre en charge des transports interinsulaires a animé vendredi matin à la Présidence la première réunion de l’Observatoire du transport maritime. Cette table ronde est une des préconisations exposées dans le schéma directeur des déplacements durables 2015-2025 adopté en septembre 2015. Schéma directeur dont l’objet est de fixer les orientations stratégiques de la politique des transports pour la décennie. Après la suppression du Comité consultatif de la navigation maritime interinsulaire (CCNMI), l’Observatoire maritime y est présenté comme le lieu où les opérateurs et les représentants du Pays peuvent discuter annuellement des problématiques de transports rencontrées sur le territoire (adaptation infrastructures, moyens au sol, niveau des redevances, ...).

Autour de la table, vendredi : des représentants de l’administration (Direction polynésienne des affaires maritimes, Port autonome, Direction de l’équipement, Direction générale des affaires économiques, Direction de l’environnement et Direction de la Biosécurité) ; les usagers des archipels par le truchement de représentants ou d’élus municipaux des îles Sous-le-Vent, des Tuamotu, des Marquises et des Australes, dont certains en visioconférence ; et les armateurs à la tête des 14 compagnies maritimes en activité localement.

Doléances

La vocation de cet observatoire maritime est aussi de statuer sur les conditions de délivrance des licences aux armateurs et sur le suivi financier et budgétaire des Obligations de service public prévues par la réglementation polynésienne. Mais ces aspects-là ont provisoirement été laissés de côté. La réunion de vendredi a surtout tourné autour des doléances exprimées par les maires des communes des archipels éloignés : problèmes ou absence de desserte, cherté du fret, problèmes d’infrastructures, problèmes d’approvisionnement en marchandises, etc.

Le maire de Maupiti, Woullingson Raufauore, était là pour rappeler à tous l'insuffisance des sept rotations annuelles assurée par la flottille administrative à destination de son île, depuis 2014, et la répercussion négative de cet isolement sur l'activité touristique et agricole. Vendredi pour lui donner raison, un communiqué du ministère de l'équipement annonce l'arrêt des rotations du Tahiti Nui VIII tout le mois de juillet, pour raison technique. A Nuku Hiva, Benoît Kautai a déploré le fait que certains coprahculteurs doivent faire "trois heures de pistes" pour acheminer leur production jusqu'à l'escale du cargo, à Taiohae. Il estime aussi que la navette du groupe Nord de son archipel devient "une urgence" alors que le groupe Sud des Marquises est équipé depuis peu de la navette Te Ata o Hiva. Pour Félix Tokoragi, le maire de Makemo, la partie Est des Tuamotu est trop mal desservie, certains atolls n'étant touchés qu'une fois tous les 2 mois. La représentante de la commune de Rapa, Tiffany Laitame, a pointé l'isolement de son île, dépourvue d'aérodrome, et l'insuffisance des fréquences du Tuhaa Pae, dépourvu de conteneurs réfrigérés.
 
Ce chapelet de doléances, dont certaines très anecdotiques, a régulièrement été ponctué par Jean-Christophe Bouissou, en accord avec les chefs des services administratifs présents, par des promesses de solutions rapides. La Direction des affaires maritime est aujourd’hui en charge de dresser un procès-verbal de cette réunion. Son contenu fera l’objet d’une communication en Conseil des ministres. Un plan d’actions est promis pour 2019 assorti des crédits nécessaires pour réaliser les engagements.

En Polynésie française, le transport interinsulaire représente un peu moins de 440 000 tonnes de marchandises et de matériaux transportés en 2018 et près de 50 000 passagers (hors îles du Vent), principalement au sein de l’archipel de la Société. C'est la colonne vertébrale de la collectivité. Cette activité représente un chiffre d’affaires de l’ordre de 10 milliards de francs en 2016, que se partagent 14 compagnies maritimes et leurs 24 navires de commerce, avec un maillage de dessertes censé couvrir l’essentiel des 5 millions de km2 du territoire maritime de la Polynésie française, complété par le transport aérien pour les passagers.

Du nouveau chez les armateurs

Terevau Piti
Le Terevau Piti s’occupera à partir de fin 2020 de la desserte maritime quotidienne entre Moorea et Tahiti. La licence accordée à ce ferry d’une capacité de 675 passagers et d’embarquement de 375 tonnes de fret, 65 véhicules ou 10 poids lourds, lui impose d’effectuer au moins 9 voyages par an à destination de Huahine, Raiatea, Tahaa, Bora Bora, Maupiti, aux îles Sous-le-vent.
 
Le Dory 2
Ce cargo mixte d’une capacité d’embarquement de 400 tonnes avec 14 cabines permettant d’embarquer 28 personnes est annoncé pour une mise en service en février 2020 par la société d’armement Agnieray. Il doit remplacer le Dory construit il y a 42 ans. Il desservira les Tuamotu du centre sur une ligne Papeete-Makatea-Ahe-Manihi-Rangiroa-Tikehau au départ de Papeete le lundi.
 
Le Tia’i 
Ce cargo est annoncé par la société Degage pour janvier 2020 avec des caractéristiques comparables à celles du Dory 2. Il se positionne également sur les Tuamotu du centre, sur une route Papeete-Hao-Faaite-Katiu-Makemo.
 
Aranui 6
Ce paquebot de croisière de taille moyenne, armé par la société Aranui, prévoit d’abriter 149 cabines avec une capacité d’accueil de 322 passagers. Sa mise en service est annoncée pour 2023.
Il devrait faire 38 rotations par an sur trois routes différentes au départ de Papeete. Un circuit îles Sous-le-Vent – îles Cook – îles Australes ; un circuit vers les Tuamotu de l’Est jusqu’aux Gambier, puis Pit Cairn et Rapa dans le sud des Australes. Une croisière passant par Moorea, les Tuamotu de l’Ouest avec retour par les îles Sous-le-Vent.


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 7 Juin 2019 à 15:06 | Lu 1296 fois