L’infirmier addict aux opioïdes dérobait ordonnances et médicaments


Tahiti, le 30 août 2021 – Un ancien infirmier du CHPF a été condamné lundi à 10 mois de sursis probatoire pour avoir dérobé sur son lieu de travail des ordonnances médicales et des opioïdes. La semaine dernière, son addiction au Tramadol l’avait conduit jusqu’à se retrouver dans le coma pour overdose.
 
C’est au centre hospitalier de la Polynésie française, alors qu’il était affecté en équipe mobile de soins palliatifs, que l’ex-infirmier de 27 ans avait commencé à consommer du Tramadol, un opioïde dérivé de la morphine prescrit contre la douleur. En juin, il s’était fait attraper une première fois pour avoir tenté d’acheter ce médicament avec des ordonnances volées à l’hôpital. Il avait été déféré devant le procureur de la République, qui l’avait poursuivi pour vol et faux en écriture. Il devait initialement répondre de ses actes devant la Justice en décembre, mais les faits de la semaine dernière l’ont conduit à être jugé selon la procédure rapide de comparution immédiate lundi après-midi à Papeete.

En effet, le 23 août, le jeune soignant avait repris son nouveau travail au centre de rééducation Te Tiare à Punaauia. Dans la journée, il avait fait part d’un sentiment de grande fatigue à ses collègues, puis était tombé dans le coma. C’est lors de son transport vers l’hôpital de Taaone, en remarquant les comprimés dans son sac, que les soignants qui l’accompagnaient ont découvert que l’infirmier avait consommé des opioïdes et faisait une overdose. S’il n’a pas de souvenir de cette journée, le jeune homme a néanmoins reconnu les faits devant le tribunal lundi.
 
Un profond mal-être au travail
 
“Qu’est-ce qui vous a conduit à consommer ces cachets ?”, demande la présidente du tribunal. Originaire de métropole, celui qui se déclare “passionné de culture mao’hi” était venu travailler au CHPF pour “changer d’air”, mais explique avoir subi un harcèlement de la part d’un médecin de l’hôpital, responsable de son profond mal-être au travail. “J’ai développé progressivement une addiction et j’ai choisi de démissionner au moment où j’ai atteint un point de non-retour dans ma consommation”, livre l’ancien soignant.
“Malgré son air de gendre idéal, je considère ces faits comme gravissimes”, dénonce la procureure. “D’autant plus dans une période de grave crise sanitaire, où l’on ne s’attend pas à voir des infirmiers se shooter à la morphine”. Deux ans de prison avec sursis probatoire sont requis à l’encontre du jeune homme.

“Vous êtes face à quelqu’un qui a des projets et qui est soutenu”, plaide l’avocat de la défense. L’ancien soignant a rencontré sa compagne au fenua, et souhaite dorénavant reprendre les études pour se reconvertir dans la vente. Le tribunal l'a condamné à 10 mois de sursis probatoire avec interdiction d’exercer la profession d’infirmier. Un choix porté par le jeune homme, mais également défendu par l’ordre des infirmiers de la Polynésie française qui avait adressé une lettre au parquet pour demander sa radiation.

 

Rédigé par Valentin Guelet le Lundi 30 Aout 2021 à 20:00 | Lu 3476 fois