TAHITI, le 27 juillet 2020 - Le grand voyageur William Leblanc raconte son incroyable vie dans un roman intitulé Récit de ma vie d’aventures et de navigation. Ce texte vient d’être réédité par Au Vent des îles. Au fil des pages, le lecteur découvre le quotidien et la réalité des Marquisiens de Nuku Hiva au XIXe siècle tout en s’étonnant des incroyables coïncidences vécues par l’auteur.
En préambule, l’auteur s’excuse et avertit. Il dit au lecteur : "Je m’excuse de lui livrer cet ouvrage qu’elles qu’en puissent être les imperfections et je prie de vouloir bien m’accorder toute son indulgence".
Mais la pertinence de ses observations, ainsi que ses rencontres et les coïncidences qui ont marqué sa vie suffisent à justifier son texte.
"Depuis cinquante-cinq ans, par une manie dont je me félicite, j’ai constamment pris des notes partout et sur tout ; même dans les catastrophes les plus funestes qui ne m’ont pas épargné, j’ai réussi à sauver ces frêles documents ; avec eux et grâce à ma mémoire (…) il m’a été facile de reconstituer dans leurs détails les événements qui m’ont frappé." Et quels événements !
Concernant les événements, justement, il indique que le fond "ne manquera pas de paraître invraisemblable à quelques-uns ; je proteste d’avance que ce n’est pas une raison pour n’y pas ajouter foi".
Il a pris la mer à la première occasion
William Leblanc, l’auteur du Récit de ma vie d’aventures et de navigation qui vient de ressortir grâce à Au Vent des îles, a quitté sa Normandie natale jeune.
Il a pris la mer à la première occasion pour fuir une famille peu accueillante ("mon enfance se passait ainsi au milieu des injures, des duretés, des mauvais traitements") tandis qu’une sordide affaire venait d’agiter son village.
Des mois durant, il a navigué, rentrant pour de courts séjours en France. Et puis un jour, il a débarqué à Nuku Hiva, aux Marquises.
"Lorsqu’on arrive (…), on est frappé d’admiration à la vue de cette île. Les cimes de ses hautes montagnes déchiquetées se terminent presque toutes en forme de pain de sucre et sont inaccessibles de tous côtés. Des sommets les plus élevés, une verdure vigoureuse et variée se déroule jusqu’au bord de la mer, et, au milieu de cette végétation luxuriante, apparaissent, par places et à diverses hauteurs, des cascades dont les eaux brillent au soleil et produisent un effet qui défie le pinceau des meilleurs paysagistes."
Il vécut sur l’île qu’il visita par la terre et par la mer. Il s’installa auprès des "Canaques" ou "Nouka-Hiviens" comme il les appelle.
Selon lui, "les navigateurs qui ont visité, avant nous, ces peuples sauvages, ne peuvent pas dans leurs descriptions approcher de la vérité ; ce n’est pas en restant quelques jours au mouillage dans une baie habitée par des Canaques, ce n’est pas lorsqu’on a à peine le temps de faire provision d’eau et de bois, et que l’on craint de s’aventurer tant soit peu dans l’intérieur, ce n‘est pas alors qu’il est possible de connaître les mœurs de ces sauvages (…)".
En passant des mois sur l’île au cœur des vallées, William Leblanc a pu détailler les tactiques de guerre, les batailles, les fêtes, la cuisine, le kava, l’organisation des fare et villages, les relations entre tribus, le cannibalisme, le tatouage, les rites…
"Que d’erreurs, que d’absurdité ne trouve-t-on pas en lisant les fameux voyages des marins célèbres autour du monde ! Que de mensonges ont été écrits par des savants, qui ont voulu rendre compte de ce qu’ils avaient cru voir ou devenir ! "
Rencontre avec un grand chef blanc
À Nuku-Hiva, William Leblanc rencontra un jour Manou Tavayé ou l’Oiseau blanc, un grand chef blanc. Il résidait à Atitoka, était doté d’un grand pouvoir dans toute l’île et ne se rendait jamais à Tahiohaé depuis que les Français y étaient établis. Il se faisait passer pour Péruvien.
William Leblanc découvrit la vérité de ce grand chef. Une vérité qui éclaira un pan de sa vie. Une vérité qui était au-delà de la fiction et qui se précisa encore, des années plus tard, au hasard de rencontres toutes plus incroyables les unes que les autres.
Après la Polynésie, William Leblanc s’installa à Panama, vécut à nouveau quelques temps en France. Il eut "des jours de joies et des jours douloureux". La fortune le frappa souvent "de ses coups, quelques fois aussi, elle m’a souri ; j’ai éprouvé l’injustice profonde et l’égoïsme féroce des hommes".
Il a vu sa compagne partir la première. Avec elle, il fut heureux. "Nous vécûmes d’une existence douce, agréable, heureuse même, non pas, il est vrai, au point de vue pécuniaire, car nous avions relativement une rente très minime, mais nous savions nous conformer à notre situation modeste. Le bonheur n’a jamais consisté à avoir des millions ; vivre dans une honnête médiocrité, tel était notre vœu ; nous ne regardions jamais au-dessus de notre condition ; nous n’avons jamais envié ceux qui étaient plus riches que nous ; et cette modération nous satisfait. "
Il a fini sa vie au milieu de ses enfants adoptifs qui ont "égayé" sa vieillesse. Son récit, aujourd’hui, égaye le quotidien de ses lecteurs.
En préambule, l’auteur s’excuse et avertit. Il dit au lecteur : "Je m’excuse de lui livrer cet ouvrage qu’elles qu’en puissent être les imperfections et je prie de vouloir bien m’accorder toute son indulgence".
Mais la pertinence de ses observations, ainsi que ses rencontres et les coïncidences qui ont marqué sa vie suffisent à justifier son texte.
"Depuis cinquante-cinq ans, par une manie dont je me félicite, j’ai constamment pris des notes partout et sur tout ; même dans les catastrophes les plus funestes qui ne m’ont pas épargné, j’ai réussi à sauver ces frêles documents ; avec eux et grâce à ma mémoire (…) il m’a été facile de reconstituer dans leurs détails les événements qui m’ont frappé." Et quels événements !
Concernant les événements, justement, il indique que le fond "ne manquera pas de paraître invraisemblable à quelques-uns ; je proteste d’avance que ce n’est pas une raison pour n’y pas ajouter foi".
Il a pris la mer à la première occasion
William Leblanc, l’auteur du Récit de ma vie d’aventures et de navigation qui vient de ressortir grâce à Au Vent des îles, a quitté sa Normandie natale jeune.
Il a pris la mer à la première occasion pour fuir une famille peu accueillante ("mon enfance se passait ainsi au milieu des injures, des duretés, des mauvais traitements") tandis qu’une sordide affaire venait d’agiter son village.
Des mois durant, il a navigué, rentrant pour de courts séjours en France. Et puis un jour, il a débarqué à Nuku Hiva, aux Marquises.
"Lorsqu’on arrive (…), on est frappé d’admiration à la vue de cette île. Les cimes de ses hautes montagnes déchiquetées se terminent presque toutes en forme de pain de sucre et sont inaccessibles de tous côtés. Des sommets les plus élevés, une verdure vigoureuse et variée se déroule jusqu’au bord de la mer, et, au milieu de cette végétation luxuriante, apparaissent, par places et à diverses hauteurs, des cascades dont les eaux brillent au soleil et produisent un effet qui défie le pinceau des meilleurs paysagistes."
Il vécut sur l’île qu’il visita par la terre et par la mer. Il s’installa auprès des "Canaques" ou "Nouka-Hiviens" comme il les appelle.
Selon lui, "les navigateurs qui ont visité, avant nous, ces peuples sauvages, ne peuvent pas dans leurs descriptions approcher de la vérité ; ce n’est pas en restant quelques jours au mouillage dans une baie habitée par des Canaques, ce n’est pas lorsqu’on a à peine le temps de faire provision d’eau et de bois, et que l’on craint de s’aventurer tant soit peu dans l’intérieur, ce n‘est pas alors qu’il est possible de connaître les mœurs de ces sauvages (…)".
En passant des mois sur l’île au cœur des vallées, William Leblanc a pu détailler les tactiques de guerre, les batailles, les fêtes, la cuisine, le kava, l’organisation des fare et villages, les relations entre tribus, le cannibalisme, le tatouage, les rites…
"Que d’erreurs, que d’absurdité ne trouve-t-on pas en lisant les fameux voyages des marins célèbres autour du monde ! Que de mensonges ont été écrits par des savants, qui ont voulu rendre compte de ce qu’ils avaient cru voir ou devenir ! "
Rencontre avec un grand chef blanc
À Nuku-Hiva, William Leblanc rencontra un jour Manou Tavayé ou l’Oiseau blanc, un grand chef blanc. Il résidait à Atitoka, était doté d’un grand pouvoir dans toute l’île et ne se rendait jamais à Tahiohaé depuis que les Français y étaient établis. Il se faisait passer pour Péruvien.
William Leblanc découvrit la vérité de ce grand chef. Une vérité qui éclaira un pan de sa vie. Une vérité qui était au-delà de la fiction et qui se précisa encore, des années plus tard, au hasard de rencontres toutes plus incroyables les unes que les autres.
Après la Polynésie, William Leblanc s’installa à Panama, vécut à nouveau quelques temps en France. Il eut "des jours de joies et des jours douloureux". La fortune le frappa souvent "de ses coups, quelques fois aussi, elle m’a souri ; j’ai éprouvé l’injustice profonde et l’égoïsme féroce des hommes".
Il a vu sa compagne partir la première. Avec elle, il fut heureux. "Nous vécûmes d’une existence douce, agréable, heureuse même, non pas, il est vrai, au point de vue pécuniaire, car nous avions relativement une rente très minime, mais nous savions nous conformer à notre situation modeste. Le bonheur n’a jamais consisté à avoir des millions ; vivre dans une honnête médiocrité, tel était notre vœu ; nous ne regardions jamais au-dessus de notre condition ; nous n’avons jamais envié ceux qui étaient plus riches que nous ; et cette modération nous satisfait. "
Il a fini sa vie au milieu de ses enfants adoptifs qui ont "égayé" sa vieillesse. Son récit, aujourd’hui, égaye le quotidien de ses lecteurs.
Souvenirs d’un vieux Normand
Devenu introuvable dans son édition de 1895 (Plon), le récit de William Leblanc, publié à l'origine sous le titre "Souvenirs d'un vieux Normand", représente l'une de ces bonnes surprises de la littérature océanienne, et sans doute ce que les mers du Sud ont suscité de plus curieux et de meilleur. D'abord et avant tout un livre d'aventures, il offre aussi des notations ethnographiques, selon la tradition des relations de voyages dans le Pacifique établie depuis la fin du XVIIIe siècle. Ses informations s'avèrent précieuses. Sur plusieurs sujets, comme le cannibalisme ou le tatouage, elles servent désormais aux travaux des ethnologues.
Devenu introuvable dans son édition de 1895 (Plon), le récit de William Leblanc, publié à l'origine sous le titre "Souvenirs d'un vieux Normand", représente l'une de ces bonnes surprises de la littérature océanienne, et sans doute ce que les mers du Sud ont suscité de plus curieux et de meilleur. D'abord et avant tout un livre d'aventures, il offre aussi des notations ethnographiques, selon la tradition des relations de voyages dans le Pacifique établie depuis la fin du XVIIIe siècle. Ses informations s'avèrent précieuses. Sur plusieurs sujets, comme le cannibalisme ou le tatouage, elles servent désormais aux travaux des ethnologues.