L’importateur d’héroïne condamné à dix mois de prison ferme


PAPEETE, le 30 mars 2018 - Le prévenu, âgé de 50 ans, avait été arrêté à l’aéroport le 21 mars dernier en possession de 0, 3 grammes d’héroïne. Il avait déclaré aux enquêteurs qu’il avait ingurgité 6 grammes supplémentaires. La drogue, probablement dissoute dans son corps, n’a pas été retrouvée. L’homme a été condamné ce jeudi à dix mois de prison ferme.

A la barre du tribunal ce jeudi, Alain B est hâbleur et souriant. L’homme a pourtant été interpellé le 21 mars dernier à l’aéroport par les enquêteurs de la brigade de recherche qui le soupçonnait de faire du trafic d’ice ou de cocaïne. Il avait alors déclaré aux enquêteurs qu’il avait ingurgité deux ballots contenant chacun 3 grammes d’héroïne à son départ de Paris. L’homme avait été transféré à l’hôpital afin d’y effectuer une radio. Cette dernière avait révélé la présence de deux masses sombres dans l’estomac. Les médecins avaient décidé de l’opérer puisque le prévenu n’arrivait pas à expulser la drogue. La drogue s’étant certainement dissoute dans le corps de Laurent B, ils n’avaient rien trouvé. Dans ses affaires, les enquêteurs avaient découvert 0, 3 grammes d’héroïne. Le prévenu avait également avoué avoir fait un premier voyage en Polynésie en janvier dernier en possession de 2, 5 grammes d’opiacés.

Jugé ce jeudi en comparution immédiate, Alain B reconnaît un long passif de toxicomane : « j’ai commencé l’héroïne à 19 ans lorsque j’ai découvert que j’étais séropositif. » Puis, ce père de deux enfants détaille son voyage : « j’ai enveloppé la drogue dans du cellophane puis dans de la cire d’abeille avant de l’avaler (…) Durant le trajet, je me faisais des mini lignes dans les toilettes de l’avion. » Interrogé par le président du tribunal sur sa condamnation en Thaïlande à dix ans de prison pour avoir importé 365 grammes de cocaïne, Alain B refuse de répondre : « j’ai purgé ma peine, cette affaire est terminée. » De ses deux séjours en Polynésie, l’homme explique qu’il souhaitait monter une affaire avec l’huile de Tamanu. L’on apprend également que par le passé, il a tenu un restaurant en Espagne avant de se reconvertir dans le commerce d’objets de collection.


Fâcheux passé

Avant de requérir 12 mois de prison dont 6 avec sursis, le procureur de la République a laissé entendre sa perplexité : « ce dossier est bizarre… (…) La Polynésie française n’est pas une terre d’asile pour les trafiquants et les banqueroutiers. Cette substance n’est jamais apparue sur le territoire, nous n’avons pas besoin de l’étrenner. Ce dossier serait moins étrange si le prévenu n’avait pas un fâcheux passé. »

Puis, pour la défense du prévenu, Me Ayoun a évoqué son état de santé très fragile : « cet homme qui brûle la vie par les deux bouts souffre de plusieurs pathologies. Je ne pense pas que cela soit compatible avec une incarcération à Nuutania. Il vaudrait mieux le condamner et lui interdire de pénétrer sur le territoire. »

Après en avoir délibéré, les magistrats ont condamné Alain B à dix mois de prison ferme.

Rédigé par Garance Colbert le Vendredi 30 Mars 2018 à 16:00 | Lu 5357 fois